De l'adoption à l'orchestration : bâtir l'entreprise agentique de demain

Salesforce

Dans un contexte où l'IA s'impose comme un tournant historique comparable à l'avènement d'Internet, les agents IA redéfinissent la manière dont les entreprises opèrent, innovent et rivalisent.

Dans un contexte où l’IA s’impose comme un tournant historique comparable à l’avènement d’Internet, les agents IA redéfinissent la manière dont les entreprises opèrent, innovent et rivalisent. Les dirigeants ne peuvent plus se contenter d’observer : ils doivent décider comment intégrer ces nouveaux acteurs numériques dans leur modèle opérationnel, sous peine d’être relégués au rang de suiveurs. Mais avant de libérer tout le potentiel de l’entreprise « agentique », un défi central doit être relevé : celui de l’interopérabilité.

Capables d’agir de façon autonome, les agents IA inaugurent une nouvelle ère : celle d’un dialogue continu et adaptatif avec l’entreprise et ses parties prenantes. Leur rôle n’est pas de remplacer, mais de transformer : ils prennent en charge les tâches à faible valeur ajoutée pour libérer les collaborateurs sur ce qui requiert intuition, créativité et jugement. Aujourd’hui, la plupart des agents fonctionnent encore en silos, accomplissant des missions isolées. Pourtant, la véritable promesse réside ailleurs : dans la capacité des agents à collaborer entre eux, au-delà des technologies et des fournisseurs, pour orchestrer des chaînes de valeur entières. C’est là que se joue l’avenir de l’IA d’entreprise. Atteindre cette maturité est désormais un impératif stratégique, condition d’une efficacité inédite, de gains de productivité massifs et de nouveaux relais de croissance.

Prenons un exemple : pour le service client, un agent numérique peut gérer une demande de retour produit en s’appuyant simultanément sur un agent du fabricant pour l’évaluation des dommages et sur un agent logistique pour l’organisation du transport. Pour les ventes, un agent commercial peut détecter une opportunité de partenariat, négocier automatiquement avec l’agent du prospect et préparer une proposition sur mesure pour les équipes de compte. Ce sont ces scénarios de collaboration multi-agents qui préfigurent une rupture dans la manière de proposer de la valeur au client. Mais pour y parvenir, il faut franchir un cap. L’évolution suit quatre niveaux de sophistication : de l’assistant ponctuel (niveau 1) à l’exécution de tâches multi-systèmes (niveau 3), jusqu’au “nirvana opérationnel” du niveau 4 : l’orchestration multi-agents. Chaque entreprise doit s’interroger sur son niveau de maturité et sur les leviers à activer pour franchir la prochaine étape.

Cette montée en puissance suppose des conditions claires : un cadre de gouvernance robuste, incluant supervision, traçabilité et sécurité ; une harmonisation des données pour garantir qualité et disponibilité ; et une intégration fluide aux systèmes existants. Ce n’est pas seulement une question technique, mais un enjeu de gouvernance d’entreprise, qui appelle des arbitrages clairs de la part des dirigeants.

À l’échelle sectorielle, l’enjeu est tout aussi déterminant. Les standards ouverts comme le Model Context Protocol (MCP) et l’Agent-to-Agent (A2A) définissent un langage commun. Sans eux, le risque est celui d’un écosystème fragmenté où les agents deviennent des silos supplémentaires, reproduisant les erreurs du passé. Avec eux, l’entreprise peut construire un tissu numérique interopérable, sécurisé et durable.

La question est donc simple : voulons-nous que l’IA fragmente encore davantage nos organisations, ou qu’elle devienne au contraire la force qui les fédère ? Passer à l’entreprise « agent-first » n’est pas une affaire d’outillage. C’est une transformation culturelle et organisationnelle. Il s’agit de repenser la chaîne de valeur, de casser les silos, et d’imaginer un modèle hybride où humains et agents IA co-créent la performance. Cette stratégie prépare l’émergence d’une véritable « Gen Agent workforce » : une main-d’œuvre augmentée où les agents IA deviennent la nouvelle interface du travail numérique, moteur d’une économie estimée à 6 000 milliards de dollars.

Nous entrons dans une nouvelle ère, celle de l’orchestration des agents IA. Ceux qui sauront bâtir dès aujourd’hui une architecture interopérable et de confiance prendront une longueur d’avance, transformant chaque contrainte en opportunité. La vraie question n’est plus de savoir si l’IA va transformer nos entreprises : elle est de décider comment nous, dirigeants, allons façonner cette transformation.