Talentsoft lève 45 millions d'euros et met le cap sur l'IA

Talentsoft lève 45 millions d'euros et met le cap sur l'IA Deutsche Bahn, EDF, Max Mara, Total... L'application française de gestion des talents séduit un nombre croissant de groupes européens d'envergure mondiale. Elle entend poursuivre sur sa lancée.

Star française du SaaS, Talentsoft boucle une nouvelle levée de fonds. A hauteur de 45 millions d'euros, elle a été notamment réalisée auprès de deux actionnaires existants : la BPI et Goldman Sachs. Pour l'occasion un nouvel investisseur entre au capital : l'Américain Francisco Partners, un fonds d'investissement expert en SaaS avec pas moins d'une centaine de sociétés au portefeuille. Talentsoft totalise désormais 96 millions d'euros levés depuis sa création en 2007. A l'issue de 2019, l'éditeur anticipe 90 millions d'euros de chiffre d'affaires. "Nous avons pris de l'avance sur notre business plan (qui visait à atteindre 100 millions d'euros en 2020 ndlr)", souligne Jean-Stéphane Arcis, PDG et cofondateur de Talentsoft. Si elle réitère le même niveau de croissance annuelle (soit plus de 30%), l'entreprise pourrait enregistrer un revenu de 120 millions d'euros l'année prochaine. Pour l'heure, elle revendique 2000 organisations clientes et 9 millions d'utilisateurs dans plus de 130 pays.

Fort de cette opération, la société de Boulogne-Billancourt entend booster ses développements, en particulier en matière d'intelligence artificielle. Mais aussi renforcer son positionnement sur le front des grands groupes en Europe.

La plateforme de Talentsoft couvre la gestion des principales activités RH : recrutements, pilotage des compétences, des formations, management des rémunérations. Pour bâtir cet édifice, l'éditeur n'a pas seulement fait appel à sa R&D (quelque 200 ingénieurs), il a aussi misé sur une politique de croissance externe pour se doter de nouvelles briques sur étagère. En 2014, il a acquis l'application SaaS de gestion des recrutements PeopleXS. Puis, en 2016, la plateforme d'e-learning E-Doceo. La société qui compte 600 collaborateurs reste d'ailleurs ouverte aux opportunités de rachat qui pourraient s'offrir à elle. Plus récemment, Talentsoft s'est équipé d'une solution d'analytics pour identifier le ROI des formations et autres tendances d'évolution de carrière. De même, un module, baptisé PeopleWork experience, a été mis sur pied pour permettre aux salariés et managers d'échanger sur les objectifs et taux de réalisation.

Un bot de recommandations RH

Dès lors, Talentsoft entend maintenir un fort investissement en R&D. "Nous souhaitons avant tout améliorer l'expérience collaborateur de notre application. L'idée est de considérer l'employé comme un client (des RH ndlr)", explique Jean-Stéphane Arcis. "Dans cette optique, nous avons pour ambition de développer un assistant personnel." Le bot sera conçu pour réaliser des recommandations personnalisées en termes de formations, d'évolution de carrière. Des recommandations qui tiendront compte à la fois de l'expérience du salarié, des projets réalisés, de l'historique de ses formations, de ses aspirations, mais aussi des besoins de l'entreprise en termes RH et in fine des opportunités d'emploi en interne. Le moteur de recommandation sous-jacent fera appel au machine learning pour réaliser ce matching. L'IA entre en scène.

Jean-Stéphane Arcis est le CEO de Talentsoft, © TalentSoft

En parallèle, Talentsoft compte consolider et compléter les API de sa place de marché pour en faciliter l'accès à des éditeurs tiers. L'ambition : booster l'écosystèmes de logiciels RH complémentaires gravitant autour de sa plateforme. L'objectif est de démultiplier les partenariats d'intégration déjà signés, comme c'est le cas avec Bodet dans la gestion des congés ou avec Quinyx sur la gestion des plannings de travail. Enfin, la brique d'analytics de Talentsoft sera dotée d'un environnement d'analyse décisionnelle transverse. Baptisé TalentsoftHub, il permettra de bénéficier de tableaux de bord RH à plusieurs dimensions. "Par exemple, vous pourrez accéder au détail du capital humain d'une entité métier, avoir une vision sur ses profils et ses compétences, les certifications de ses collaborateurs", égraine Jean-Stéphane Arcis. 

Côté commercial, Talentsoft demeure focalisé sur la ligne stratégique dessinée en 2017 : toucher des groupes européens à dimension mondiale avec l'objectif de devenir leur fournisseur de technologie RH globale. Le mouvement est bien amorcé. En France, la société revendique 40% du Cac 40 parmi ses clients, avec à la clé des références comme EDF, PSA, Safran ou encore Total. En Allemagne, son application est utilisée par la Deutsche Bahn. En Angleterre, par la chaîne d'hôtels de luxe Dorchester. En Italie, par la maison de prêt-à-porter Max Mara.

Déjà leader du SaaS en France

Aux côtés de l'Europe, Talentsoft est aussi présent en Afrique, en Amérique du Nord et du Sud et en Asie, via un réseau d'environ 25 implantations (voir la carte sur le site de l'éditeur). Son offre est commercialisée en mode SaaS pur, via un hébergement sur le cloud Azure de Microsoft en Europe, en Amérique du Nord et en Asie. Elle est disponible au sein des centres de données français du géant IT américain depuis leur entrée en production début 2018. Mais Talentsoft est également commercialisée, pour les clients préférant s'orienter vers un cloud privé, sous la forme d'un environnement dédié, sur des infrastructures serveurs Dell installées dans les data centers de Telecity. C'est le cas en France, en Allemagne ou en Hollande. Une solution retenue par des clients dans des secteurs réglementés, et notamment dans la défense par des acteurs comme Dassault Aviation, Naval Group ou Nexter.

Pour l'heure, Talentsoft pointe à la 28e position du palmarès Truffle 100 des éditeurs de logiciels français toutes catégories confondues, et en première place dans la catégorie du SaaS. En septembre 2018, la société s'est hissée en pole position des visionnaires du très sélect Magic Quadrant du Gartner dédié aux suites de gestion des talents.