Comment l'IA est en train de gagner le monde de la cryptomonnaie

Comment l'IA est en train de gagner le monde de la cryptomonnaie Des agents autonomes aux mécanismes de renforcement de la confiance, l'intelligence artificielle gagne progressivement le secteur des cryptomonnaies et des technologies sous-jacentes.

Depuis son émergence au début des années 2010, l'écosystème des cryptomonnaies et du web3 a connu deux révolutions majeures. D'abord celle des contrats intelligents (smart contracts), ces programmes autonomes qui s'exécutent automatiquement sur la blockchain lorsque certaines conditions sont remplies, permettant ainsi d'automatiser des transactions et des processus sans intermédiaire. Puis celle des NFT, des certificats numériques uniques. L'intelligence artificielle sera-t-elle la troisième révolution ? Le secteur semble en tout cas sur le point d'en prendre la voie.

Cryptomonnaie et IA, un terrain de jeux commun

La blockchain, base technologique sur laquelle repose la cryptomonnaie, et l'intelligence artificielle sont deux technologies aux fonctionnalités complémentaires : la première offre un cadre décentralisé et transparent, tandis que la seconde permet l'analyse avancée des données et l'automatisation des processus. Autrement dit, "la cryptomonnaie est un champ d'expérimentation idéal pour l'IA car tout y est programmable et transparent", s'enthousiasme Clément Walter, co-fondateur de Kakarot, start-up spécialisée dans la blockchain.

En effet, là où les systèmes financiers traditionnels restent relativement fermés et cloisonnés, l'univers des cryptomonnaies offre un terrain de jeu ouvert où l'IA peut analyser librement les transactions, détecter les tendances et même participer directement aux échanges. Pour Mickael Faust, formateur chez Alyra, école spécialisée dans la blockchain, cette alliance représente une évolution logique : "L'infrastructure décentralisée de la blockchain peut apporter plus de transparence au développement de l'IA, tandis que l'IA permet d'enrichir considérablement les capacités de la blockchain."

Les agents autonomes, nouvelle frontière

L'une des plus belles promesses de l'IA dans la cryptomonnaie, comme dans bien d'autres secteurs, réside dans les agents autonomes. "L'idée est qu'un agent IA puisse contrôler un smart contract et avoir accès à un portefeuille, exactement comme n'importe quel utilisateur", explique Manuel Valente, directeur de la recherche chez Coinhouse. Ces agents pourraient ainsi effectuer des transactions, interagir avec d'autres services et prendre des décisions financières de manière autonome, tout en respectant des règles prédéfinies.

Le projet le plus avancé dans ce domaine, Fetch AI, développe des agents capables par exemple de rechercher les meilleures opportunités de voyage en fonction de différents critères et de réserver automatiquement des billets en cryptomonnaies. Pour Clément Walter, cette évolution est inévitable : "Dans les cinq prochaines années, nous aurons des agents autonomes, individuels, pour chacun d'entre nous, qui réaliseront des opérations à notre place sur différents services." Cette automatisation soulève toutefois des questions de confiance et de sécurité. Comment s'assurer que l'agent agit véritablement dans l'intérêt de son utilisateur ? La réponse pourrait venir de la blockchain elle-même, qui permet de vérifier et d'auditer chaque action effectuée.

Améliorer les technologies existantes

Au-delà de cette innovation de rupture, l'intelligence artificielle vient déjà renforcer les technologies existantes de la blockchain. "L'IA est de plus en plus utilisée par les sociétés d'investigation pour analyser les comportements et détecter les fraudes sur la blockchain", illustre Mickael Faust. Un avantage considérable puisque, contrairement aux systèmes bancaires traditionnels, toutes les transactions sur la blockchain sont publiques et donc analysables.

En matière de sécurité, l'intelligence artificielle sert également à vérifier celle des programmes qui font fonctionner la blockchain. "Des entreprises spécialisées l'utilisent pour analyser le code et repérer d'éventuelles failles de sécurité", précise Manuel Valente. Un enjeu crucial car une fois qu'un programme est mis en place sur la blockchain, il ne peut plus être modifié.

Les institutions financières traditionnelles s'intéressent de leur côté au potentiel de l'IA appliquées au monde de la crypto dans un souci d'investissement : le géant BlackRock a ainsi intégré les cryptomonnaies dans son système Aladdin, un outil qui utilise l'IA pour analyser les marchés financiers et fournir des recommandations.

Malgré ces belles promesses, la convergence crypto/IA se heurte à un obstacle de taille : le coût. Les blockchains, par nature, nécessitent que chaque opération soit vérifiée et validée par des milliers d'ordinateurs simultanément, ce qui rend chaque calcul onéreux. Or "l'IA réclame beaucoup de puissance de calcul. Sur la blockchain, cela coûte très cher", rappelle Manuel Valente. La solution ? Faire fonctionner l'IA en dehors de la blockchain, tout en lui permettant d'interagir avec celle-ci pour effectuer des transactions. Un compromis qui permet d'avancer, même si une véritable fusion des deux technologies devra attendre des avancées techniques significatives.