Le président d'AltaVista
Europe fait le point sur les déboires du service de
l'offre d'accès Internet au Royaume-Uni (cf article
JDNet du 23/08/00) mais également sur le développement
du portail/moteur de recherche en France. AltaVista semble
vraiment vouloir réaliser un retour aux sources avec
le développement de ses fonctions "search".
JDNet
: Comment analysez-vous les déboires rencontrés
par AltaVista au Royaume-Uni autour de son offre d'accès
Internet illimité ?
Pierre Paperon : Je trouve que c'est un soubresaut
de la dérégulation des télécommunications
au
Royaume-Uni. Nous avions l'opportunité de mettre sur
place une offre d'accès intéressante mais il
y a eu des coûts qui se sont rajoutés. Au final,
l'offre est devenue moins compétitive. Nous aurions
pu la lancer avec un prix très bas mais au détriment
de la qualité du service. Il faut tout de même
rappeler que l'accès Internet n'est pas le coeur du
métier d'AltaVista.
En revanche, c'est un vrai problème pour les opérateurs
de télécommunications*. Nous verrons dans six
mois où en est la situation mais la porte est grande
ouverte. Il est vrai également qu'il y a eu un 'couac'
en matière de communication de la part d'AltaVista
UK mais nous avions quelques raisons de croire à
ce projet.
Quelles offres d'accès Internet et quels services voulez-vous
développer en France ?
L'offre ISP a été un service demandé
par des clients. En mars, nous parlions de monter une offre
de quatre à six heures en "gratuit-gratuit"
mais le trafic du site était suffisamment important.
Nous n'avions pas besoin de cet élément-là
pour renforcer la visibilité du site. Nous voulons
faire passer le message en Europe qu'AltaVista sera rentable
en novembre. Nous préférons nous focaliser sur
de nouveaux services et fonctionnalités que nous voulons
mettre en place. Parallèlement, nous voulons ouvrir
AltaVista Belgique, Québec, Suisse. L'accès
Internet n'est pas critique par rapport à nos objectifs
financiers et de trafic. Nous voulons procéder en France
à un ré-alignement de tout ce qui est "search"
et mettre de côté l'aspect portail. 90 à
95% du trafic en France est lié aux fonctionnalités
de recherche.
[NLDR, Altavista France ne communique pas sur le nombre d'internautes
ayant choisi son offre d'accès Internet ouvert en avril
dernier].
Pensez-vous
qu'il est plus facile de faire de l'accès Internet
illimité en France ou au Royaume-Uni ?
J'ai vu l'initiative d'AOL France qui semble vouloir rattraper
le peloton des FAI. Outre-Manche, on observe une dérégulation
des télécommunication depuis dix ans. Je suis
surpris que British Telecom ne soit pas plus avancé
que France Télécom ou Deutsche Telekom dans
ce domaine. En France, ça ne suffit pas pour rattraper
le retard en matière d'Internet. Je crois que France
Télécom a un "business Internet" à
garder, surtout avec Wanadoo qui vient d'entrer en bourse.
Il faudrait regarder les décisions politiques et d'entreprises
à la loupe. Mais dans l'ensemble, je pense que l'on
pourrait faire mieux pour accélérer le développement
de l'Internet.
*Cinq opérateurs de télécommunication
(Colt, Cable & Wireless, Energis, Thus et Telinco) viennent
d'ailleurs d'annoncer leur intention de traîner British
Telecom à propos de l'accès Internet à
la boucle locale sur la base de taux forfaitaires ("friaco").
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