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Amazon
arrive en France
A quelques jours de l'ouverture de sa version hexagonale,
le JDNet explore le géant américain de la
librairie en ligne. |
Depuis le temps qu'on en parlait,
il fallait bien que cela finisse par arriver. Amazon
ouvre ses portes en France. Une révolution dans le
secteur de la cyberlibrairie française qui ne laisse
aucun acteur du secteur indifférent. Le Journal du
Net est donc allé faire un petit tour du côté
des principales forces en présence, à savoir
Alapage,
BOL et la
Fnac. Histoire de prendre le pouls de l'humeur et de l'ambiance
générale. Nous avons également interrogé
le dernier "gros" indépendant : Chapitre.com.
Premier constat : personne ne cède à la panique.
Il faut dire que c'est sans doute l'ouverture la plus "annoncée
à l'avance" de l'histoire du Web. Les librairies
en ligne ont donc eu le temps de se faire à l'idée...
A défaut de se faire une raison. Car inutile de dire
qu'Amazon n'a pas pour habitude de laisser la première
place à d'autres. En Grande-Bretagne et en Allemagne,
où le site américain est présent depuis
près de deux ans maintenant, il caracole en tête
des sites les plus visités (lire notre article du 25/08/2000)
En France, une chose est sûre
: Amazon va devoir affronter des sites marchands épaulés
par de grands groupes. En effet, Alapage appartient à
France Télécom, Fnac.com est dans l'escarcelle
du groupe Pinault-Printemps-Redoute et BOL France est une
joint-venture entre Bertelsmann et Havas. On est loin de l'esprit
start-up sans le sou ! A eux trois, ils représentent
une énorme part des ventes de livres en ligne (voir
ci-dessous, notre tableau des chiffres clés) et bénéficient
d'une forte notoriété auprès des internautes...
D'où certainement la sérénité
affichée par chacun : "Il y a un an encore, cette
annonce aurait été impressionnante car on était
en pleine euphorie, explique Pierre Lansonneur, le directeur
financier de BOL France. Aujourd'hui, on est plus serein de
part notre présence dans 14 pays".
Même point de vue (mais
plus belle confiance encore) pour Jean-Christophe Hermann,
le PDG de Fnac Direct : "Amazon rejoint le club des libraires
en ligne qui n'ont pas la chance de disposer d'un réseau
physique de distribution. Le site français va se limiter
aux livres, aux CD et à la vidéo. L' offre de
la Fnac est bien plus large et s'étend au matériel
et à la billetterie". Le patron de Fnac.com reconnaît
cependant que "C'est une marque très connue des
internautes" qui entre en scène. Patrice Lozé,
le directeur général d'Alapage est tout aussi
confiant, mais plus prudent : "On se prépare à
leur arrivée. Nous sommes attentifs à leur politique
marketing et de communication. Mais cela ne change rien aux
nouveaux services qui vont se mettre en place sur Alapage,
et qui font simplement partie de la stratégie normale
de développement de l'entreprise".
Relative tranquilité, donc... Il faut dire que les
sites français ont quelques atouts sur Amazon : outre
leur notoriété, ils sont rodés en terme
de logistique, disposent de bases de données au point
et de bonnes relations avec les éditeurs ("En
France, ils sont très soucieux de la notion de culture
et du respect de la loi Lang", explique Pierre Lansonneur.)
En même temps, cette arrivée pourrait bien bénéficier
à l'ensemble du secteur de la cyberlibrairie : "Nous
ne représentons encore qu'une infime portion du secteur
de la librairie, ajoute Pierre Lansonneur. Et la croissance
est énorme".
Amazon pourrait ainsi s'insérer
dans cette croissance sans forcément faire de l'ombre
à ses principaux concurrents. Car comme l'explique
Jean-Christophe Hermann, "Si Amazon arrive en France,
c'est qu'il a constaté la potentialité du marché".
L'Américain pourrait donc donner un coup d'accélérateur
: "Nous pourrions bénéficier de l'investissement
de communication qu'Amazon a l'intention de faire", précise
Patrice Lozé. C'est donc plutôt pour les petits
que nos grands cyberlibrairies semblent s'inquiéter
: un sentiment que ne partage pas Juan Pirlot de Corbion,
le PDG de Chapitre.com (qui est cependant le plus "gros"
des indépendants) : "Amazon propose une approche
de grande surface à l'opposé de la nôtre.
Dès le départ, nous avons misé sur le
B to C et sur le B to B et je pense que c'est payant... Et
puis, vous savez quand BOL a ouvert ses portes, il y avait
une appréhension qui n'avait pas lieu d'être.
Cela nous a a vacciné. Le secteur croît et va
continuer de croître. Amazon va peut-être favoriser
une accélération du marché, et c'est
tant mieux".
Sans peur et sans reproche, les
cyberlibrairies attendent donc bravement l'arrivée
d'Amazon. Quant à savoir s'ils iront à la soirée
d'inauguration du librairie américain ? La réponse
est oui, sauf peut-être du côté de BOL,
qui pour l'heure n'a toujours pas reçu de carton d'invitation...
Les
forces en puissance : trafic, ventes mensuelles et prévisions
de chiffres d'affaires 2000 des différents acteurs.
Site |
Trafic
mensuel |
Ventes/mois |
CA
(réalisé en 1999, prévisions 2 000) |
Alapage |
750 000
à 900000 visiteurs |
50 000 ventes
par mois (dont 30 000 à 40 000 livres)
|
20
millions de francs réalisés en 1999,
80 millions attendus cette année. |
BOL
(*) |
NC |
100 000
livres vendus entre février et décembre
1999 |
10
millions à fin 1999 (le site a ouvert ses portes
en février 1999) |
Fnac |
15
millions de pages vues |
NC |
42
millions de francs en 1999, 130 à 150 millions
attendus cette année. |
Chapitre |
220 000
pages vues |
NC |
10
millions de francs fin 1999, 35 à 40 millions prévus
cette année. |
(*)
: Dans le contexte d'introduction en Bourse à venir
de la société, les responsables de BOL France
n'ont pas voulu dévoiler leurs chiffres.
Nous
avons donc repris les derniers chiffres annoncés fin
1999.
Mardi
: Le point de vue des éditeurs...
A lire
aussi :
Amazon, l'histoire d'un géant
Grande-Bretagne et Allemagne,
deux filiales à succès
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