Philippe
Fillinger, un ancien de la VPC grand public qui a également
exercé dans des grands groupes de consommation (L'Oréal,
Danone), a lancé l'incubateur
I-roe en décembre 1999. Son domaine de prédilection :
les projets de fournisseurs d'applications de service à
vocation européenne. I-roe
a levé "moins de 5 millions de francs" avec
l'aide de business angels et prépare un second tour
de table de l'ordre de 20 millions de francs. La
société compte s'implanter en Angleterre et
en Italie au premier semestre 2001, puis en Hollande et en
Espagne. Entretien avec le fondateur sur son rôle et
son projet de création d'une fédération
des incubateurs européens.
JDNet
- Quel est le rôle d'I-roe ?
Philippe
Fillinger. Nous préférons le terme de "co-entrepreneur"
à celui d'incubateur. Nous accompagnons les start-up
à chacun des stades de leur évolution sans pour
autant les héberger dans nos locaux. Nous les aidons
à finaliser leurs projets, les accompagnons dans leur
croissance, les présentons à notre réseau
d'invetisseurs et leurs proposons des mises en relation stratégiques.
Nous sommes un actionnaire actif (nous avons en général
de 8 à 10% du capital). Nous leur proposerons bientôt
un capital d'amorçage, après notre deuxième
tour de table. Nous prenons des honoraires aux start-up que
nous chapeautons, de l'ordre de 100.000 à 200.000 francs,
et nous récupérons environ 5% sur chacune des
levées de fonds effectuées.
Jusqu'à aujourd'hui, nous avons soutenu huit start-up:
Respublica.fr,
Up-e.com,
Monelis.com,
Jobandco.com,
Clipos.com,
Nearquest.com,
Globesc.com
et le tout récent Auction Booster. Nous souhaitons
finir l'année avec 12 à 15 start-up dans notre
portefeuille et en aider 20 de plus chaque année.
Quel
est le processus de sélection d'un dossier ?
Nous
avons recu 350 à 400 dossiers depuis notre lancement,
à 95% par courrier électronique. Et nous nous
sommes entretenus avec environ 50 équipes pour détailler
les projets. La qualité des dossiers et le professionalisme
des équipes nous surprend vraiment. Quand
un dossier arrive, il est pris en charge par un responsable
de projet qui l'examine. Nous observons tout d'abord le business
plan et le CV de l'équipe, ensuite, le modèle
économique et les éléments financiers,
et enfin, la présentation du projet, c'est à
dire la manière dont l'équipe peut synthétiser
son concept et le présenter clairement. Le responsable
de projet le transmet automatiquement à un responsable
start-up, qui observe les annotations du premier et sa recommandation.
Si le projet est validé par le second, nous en discutons
avec toute l'équipe lors de réunions qui ont
lieu toutes les deux semaines. Ces réunions sont des
jeux d'émulation. Nous nous posons toutes les questions
que des investisseurs potentiels seraient en droit de se poser.
Quand nous avons sélectionné des dossiers, nous
rencontrons les équipes et insistons sur ce qui nous
semble flou dans le projet pour obtenir des éclaircissements.
Nous nous réunissons une seconde fois et décidons
alors ou non de chapeauter une start-up.
Nous
pensons qu'il est indispensable de travailler avec des professionnels
dans différents secteurs sans nous substituer à
eux. C'est pour cela que nous avons noué des partenariats
avec des web agencies comme Babel@Stal. Nous sommes également
en négociation avec des auditeurs financiers comme
PricewaterhouseCoopers.
A
quoi servira la charte des incubateurs que vous voulez lancer?
Nous
voulons faire prendre conscience de la volonté de clarification
du rôle d'incubateur de la part des investisseurs comme
des entrepreneurs en organisant un "co-entrepreunariat
éthique". Nous souhaitons lancer une fédération
des incubateurs européens. La charte déontologique
signée par les fédérés comprendra
des règles que nous érigerons comme primordiales,
dans le but de proposer des prestations de qualité.
Nous établirons des shémas d'acceptation d'un
dossier, une obligation de réponse aux dossiers: accusé
de réception de la proposition et réponse sous
8 à 15 jours... La charte devrait être finalisée
en octobre.
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