Fréderic Jumentier n'est
plus à proprement parler un débutant. A 37 ans,
il s'est fait connaître comme directeur du multimédia
du Groupe France
Loisirs, puis comme responsable des activités Internet
en Europe de la branche "Livres" de Bertelsmann.
Fort de cette solide expérience, il s'est lancé,
en avril dernier, dans une toute nouvelle aventure : celle
de Comuneos, une start-up qui a pour ambition de développer
des sites Internet de communautés d'intérêts.
Un projet qui ressemble grandement à EMW, la société
récemment fondée par le groupe de presse britannique
Emap et Wanadoo (lire notre
article daté du 6/09/2000).
"Il s'agit de développer
des communautés virtuelles en s'appuyant sur des titres
de presse leaders sur leur secteur", explique Frédéric
Jumentier. Pour fonder Comuneos, le jeune entreprenaute s'est
donc associé au groupe de presse Média Publications
(une dizaine de titres pour un chiffre d'affaires de quelque
200 millions de francs). Capital de départ : 45 millions
de francs apportés majoritairement par Média
Publications (par le biais de ses deux actionnaires Ing
Barings et 3i)
et par Frédéric Jumentier. Trois titres "phares"
ont été choisis : "La revue du vin de France",
un mensuel qui s'adresse aux particuliers grands amateurs
(ils consomment chaque année 20.000F de leur budget
en vins), "L'éperon" et "Cheval Loisirs",
des magazines spécialisés sur le cheval (plus
la chaîne de télévision Equidia) et "Mariages",
le magazine des futurs mariés (lui même organisateur
du Salon du Mariage du Carrousel du Louvres). A chacun correspond
un site communautaire : MagnumVinum
(pour le vin), MariageStory
(pour les futurs mariés) et Cavadeos
(pour les passionnés de cheval, professionnels ou amateurs).
Un chantier considérable,
puisqu'il n'a fallu que
5 mois pour que ces trois sites voient le jour, "grâce
au travail de nos deux agences, Internet Quest pour toute
la conception fonctionnelle et la Web Agency Pôle
Nord pour le design et le développement" (l'hébergement
des trois portails est assuré par Integra). "Avec
Comuneos, nous voulons entrer dans les sites de la deuxième
génération, explique Frédéric
Jumentier. Je crois à la fois à la force du
contenu et à celle du "click and mortar".
Les magazines et les sites correspondants vont déployer
un contenu rédactionnel complémentaire : interactivité
et force des bases de données pour Internet, articles
de fond et analyses pour les supports papier. Et c'est la
richesse du contenu qui va permettre aux portails de devenir
des places de marché, lieux de rencontre entre les
marchands et les membres de la communauté".
Côté contenu, les
sites sont effectivement très riches. Sur MagnumVinum,
par exemple, les passionnés peuvent, entre autres,
retrouver l'intégralité du "Guide Bettane
et Desseauve" (qui sont d'ailleurs les deux co-présidents
du site). L'offre de commerce électronique devrait
se mettre en place d'ici à la fin de l'année.
"Nous allons devenir un facilitateur d'achats, et mettre
en relation les membres de la communauté et les producteurs
et négociants de vin. Nous n'avons pas vocation à
être revendeur. Par contre, les clients achèteront
en une seule fois et nous allons mettre en place une logistique
d'aide à la livraison. Le site se rémunèrera
par des commissions sur les transactions. D'autres sources
de revenus sont également prévues, mais "tenues
secrètes". Elles pourraient prendre la forme d'abonnements
pour l'accès à certains contenus.
Pour MariageStory, ce sont les
listes de mariage et le référencement des partenaires
qui devraient constituer la principale source de revenus.
"Des acteurs majeurs ont déjà signé.
Nous aimerions avoir une dizaine de grandes enseignes nationales,
et une multitude de petits magasins". Pour le cheval,
les revenus proviendront plus classiquement de la vente d'espaces
publicitaires, d'un service de petites annonces, de l'hébergement
de pages Web des professionnels et de la constitution de "clubs",
dont les cartes de membres permettront d'obtenir des réductions
chez des marchands offline.
"Nous avons un vrai souci
de rentabilité, ajoute Frédéric Jumentier.
Nous misons rapidement sur 1 million de pages vues sur chacun
de nos sites". Le chiffre d'affaires de Comuneos devrait
être compris entre 50 et 70 millions de francs à
fin 2001. Comuneos devrait également se développer
rapidement. A l'exception du site consacré au mariage,
"pour lequel les traditions et informations sont très
locales", les deux autres portails devraient s'étendre
à l'international : Belgique, Angleterre, Allemagne
et Japon pour Magnum Vinum ; Angleterre et Allemagne pour
Cavadeos. Autres projets : le développement de nouveaux
portails toujours en lien avec des titres de presse leaders
(du groupe Media Publications ou d'autres groupes). C'est
Christophe Léon, un autre ancien de chez France Loisirs,
qui est chargé du développement de ces nouveaux
projets. "D'ici 1 an, nous attendons 5 à 10 portails".
Un projet ambitieux qui nécessitera une levée
de fonds d'une centaine de millions de francs d'ici à
la fin de l'année.
Enfin, pour sa communication,
Comuneos devrait jouer la carte de l'économie. "Nous
disposons de trois supports presse naturels (la couverture
de "La revue du vin de France" du mois de septembre
fait, par exemple, référence à Magnum
Vinum). Nous allons nous en servir". Appui
du "clic" sur un "mortar" de référence,
budget de communication modéré, développement
maîtrisé... Comuneos se veut une start-up d'un
nouveau genre. "Je veux réhabiliter le B to C
aux yeux des investisseurs, en proposant des modèles
sûrs, conclut Frédéric Jumentier. Et l'association
d'Emap avec Wanadoo, loin de m'effrayer, me conforte dans
mon idée. Ce n'est jamais bon d'être tout seul
sur une voie".
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