Finances
Fin du Réglement Mensuel : la veillée d'armes des courtiers en ligne
Lundi la Bourse de Paris adoptera un nouveau systéme de réglement des titres qui mettra un terme au crédit gratuit dont disposaient les boursicoteurs. Une réforme qui implique quelques ajustements obligatoires pour les courtiers en ligne. --> (Vendredi 22 septembre 2000)
         

Avec la fin du système du Réglement Mensuel (RM) à la Bourse de Paris à partir de lundi prochain, c'est tout un pan d'une spécificité bien française qui s'effondre.
Jusqu'alors, l'épargnant avait la possibilité d'acquérir des actions sans avoir à les payer comptant. Ce qui revenait à achetait à découvert tout en bénéficiant d'un crédit gratuit de la part des intermédiaires. Désormais, pour cause d'harmonisation européenne, la donne change et le comptant sera la règle. Le nouveau système sera toutefois assorti d'un service de réglement différé (SRD). Mais il concernera uniquement les valeurs de l'indice SBF 120 ou celles qui cumulent une capitalisation supérieure à un million d'euros et un volume de transactions quotidiennes de plus d'un million d'euros. Pour ces valeurs, l'actionnaire aura la possibilité de bénéficier d'un effet de levier comme pour le RM. Mais il devra s'acquitter d'une commission. En revanche, pour les autres valeurs non éligibles au SRD, la règle du comptant, actuellement en vigueur sur le Nouveau marché, sera de mise.

Face à cette petite révolution, les courtiers en ligne ont donc du tout mettre en oeuvre pour ne pas léser les clients. Mais concurrence oblige, les nouvelles politiques tarifaires ont été communiquées très tardivement. Ce que Yves Naccache de Consors, confirme volontiers : "Dans un secteur aussi concurrentiel que le courtage en ligne il est normal que les différents acteurs jaugent la concurrence avant de se lancer".

Ce petit jeu de dupe terminé, la question est maintenant de savoir quels seront les impacts de ce nouveau système sur les transactions, et, par ricochet, sur l'activité des courtiers en ligne. Bénédicte Dahirel, responsable de MercuryBourse.net, use de la métaphore pour expliquer ses craintes à court-terme. "C'est comme si pendant des années vous passiez vos journées au bar à consomner mais que le patron vous autorise à payer l'ardoise en fin de mois. Puis, du jour au lendemain on vous dit que désormais il faut régler la note tous les soirs. Vous freinez alors votre consommation..." Une analyse peu partagée par Vincent Taupin, président de Fimatex, qui estime, que "l'impact sera neutre". " Cela ne freinera pas le nombre de transactions car le facteur déclenchant quand vous passez un ordre n'est pas le prix. Il n'y a donc pas de raison que l'infime commission que nous prélevons change quelque chose à l'affaire. D'autant que pour un aller-retour dans la journée cela reste gratuit".

Sur un plan plus général, les courtiers en ligne se félicitent d'ailleurs de la fin du Réglement Mensuel aussi bien pour des raisons techniques que marketing.
"Cela va clarifier l'activité, explique ainsi Bénédicte Dahirel. Avec les trés gros joueurs, le RM regorgeait d'astuces et était plus difficile à gérer pour les intermédiaires". Yves Naccache salue également la fin de ce système : "Cela pourrait permettre de faire entrer sur le marché français, une clientèle étrangère qui était très rétive à ce système. Par exemple avec Consors Allemagne on s'est notamment aperçu que les boursicoteurs allemands s'impliquaient peu sur le marché français à cause du RM."

L'autre aspect qui pourrait s'avérer intéressant pour les courtiers en ligne est évidemment financier. "Si on est cynique, on peut dire qu'avant on encaissait rien et que maintenant on va gagner quelque chose de plus, explique Philippe Gellmann, de Bourse Direct. Mais chez nous les liquidités et les reports représentent à peu près 5,5% du chiffre d'affaires. Avec ce nouveau système on peut espérer engranger des revenus supplémetaires à long terme". Pour Eric May, l'un des fondateurs du portail financier Fortuneo, "il est d'ailleurs normal de percevoir des revenus supplémentaires. Nous allons prendre un risque supplémentaire puisque nous nous substituons aux clients jusqu'à la fin du mois en avançant le montant du règlement". Néanmoins, selon les différents intervenants, "les taux appliqués actuellement par les courtiers en ligne sont faibles et ne devraient pas laisser des marges colossales".

La fin du RM n'effraye donc visiblement pas les courtiers en ligne. Certains d'entre eux ont même axé leur campagne de communication online sur le sujet. C'est le cas notamment de Comdirect, dont les bandeaux publicitaires invitent l'internaute à venir découvrir les tarifs sur le site. Capitol, courtier du groupe Viel, a, quant à lui, décidé d'offrir un SRD gratuit jusqu'à la fin de l'année, histoire de se démarquer dans la grande bataille marketing que vont se livrer les différents acteurs. "Pour nous c'est logique, explique Eric May de Fortuneo. "Nous sommes membre de la Bourse de Paris, ce qui nous procure un pouvoir de négociation supérieur aux courtiers en ligne. On peut donc pratiquer un pricing agressif et il est logique de communiquer dessus".

Reste tout de même un petit problème pour les courtiers : le cas des valeurs non éligibles au SRD. Les différents acteurs réfléchissent donc à la possibilité de mettre en place un système de comptes sur marges trés en vogue aux Etats-Unis. En clair c'est le courtier en ligne qui prêtera l'argent aux clients pour qu'ils achètent à crédit des titres non éligibles. Mais pour cela, et faute d'agrément bancaire, le courtier en ligne devra nécessairement s'allier à un établissement de crédit. Si Consors, qui a signé un accord avec Entenial, a ouvert la voie, la grande majorité des acteurs hésite encore à s'y engouffrer. Les motifs en sont connus. Ou bien ces courtiers se donnent le temps de la réflexion, à l'image de Fimatex qui n'aurait pourtant aucun mal à proposer du crédit en raison de son adossement à la Société Générale. Ou bien ces mêmes courtiers sont toujours en quête d'un partenaire. Les établissements spécialisés ont du coup flairé la bonne affaire... Parmi eux, Cetelem a d'ailleurs déjà annoncé la création d'un offre spécifique en direction des courtiers en ligne. Prouvant en définitive que les grands vainqueurs de la réforme du RM ne seront peut-être pas à rechercher uniquement du côté des courtiers en ligne.

[Jérôme Batteau, JDNet]
 
 
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