Matinée plutôt
mouvementée pour les médias en ligne français
qui ont voulu traiter en continu l'élection du président
des Etats-Unis. Mercredi matin, les tergiversations autour
du réel vainqueur du scrutin (Gore déclaré
vainqueur puis Bush, puis incertitude quant au décompte
des voix) ont obligé tous les sites de "news"
à jouer de l'extrême souplesse de l'information
en ligne en changeant leurs titres et en modifiant les angles
des articles.
eTF1 est sur le pied de guerre
lorsqu'il apparaît que la victoire de Bush n'est pas
si évidente. "Dès les premiers fléchissements
des grands networks américains, les infographies ont
été refondues et les papiers ont été
ré-axés", indique Patrice Kac, rédacteur
en chef des "news" sur TF1.
Côté audience, le portail de la chaîne
est comblé. "C'est mieux que lors du crash du
Concorde cet été", indique le responsable
éditorial contacté mercredi soir.
Du côté d'EuropeInfos
qui a fait de la réactivité un positionnement
fort, la matinée est également très chaude.
"Nous avions des contacts en temps réel avec nos
correspondants et envoyés spéciaux", indique
Francis Demoz, rédacteur en chef adjoint de la radio
en ligne. "Vers 8h10, nous avons donné Bush gagnant
et avons envoyé des messages SMS pour annoncer la nouvelle",
précise le journaliste. En tout, EuropeInfos indique
avoir procédé à une quarantaines d'intervention
dans la matinée en suivant l'évolution des événements.
Disposant également de
correspondants à Austin, Nashville et New York, Libération.fr
a été également abusé : "A
8h15, sur la foi de CNN et des télés (en citant nos sources!)
on a annoncé la victoire de Bush 'd'un souffle' (c'est l'un
des nombreux titres qui se sont succédés..). puis on l'a retiré
quand il s'est avéré que Gore contestait le résultat de Floride",
raconte Michel Colonna d'Istria, directeur des activités
interactive du quotidien.
Pour ses grands débuts
autour d'un événement important, LeFigaro.fr
avoue être tombé également dans le "piège
Bush". "Vers 8h30, nous avions titré 'Bush,
43ème président des Etats-Unis' mais nous avons
changé rapidement après", indique Stéphane
Julienne, rédacteur en chef du quotidien en ligne.
Mias le compte est bon au bout de la journée : le trafic
auraît doublé dans la journée de mercredi
par rapport à une journée plus tranquille en
matière d'actualité.
Même signe de fébrilité
chez les quotidiens économiques. "Nous avons changé
quatre fois de titres ce matin sur le site", indique
Christian Ménanteau, directeur général
de La Tribune. "Tous
les sites ont fait de la surenchère", constate
Michel Tabiji, rédacteur en chef des Echos.fr.
Vers 8h00, le site titrait de manière mesuré
e"Bush donné pour gagnant". "Les critiques
sont assez faciles lorsque que l'on sait que Al Gore a félicité
George Bush pour sa victoire dans un premier temps puis s'est
retracté. L'Elysée a transmis de son côté
tôt dans la matinée ses félicitations
au soi-disant vainqueur Bush. Tout le monde a été
dépassé", commente le journaliste. Michel
Polacco, en charge des activités multimédia
chez Radio-France
dont le portail a subi une surcharge de connexions simultanées
vers 9h00, apporte une nuance : "Nous sommes abonnés
à trois agences de presse (AP, Reuters et AFP). Lorsque
celles-ci donnent les informations comme fiables en négligeant
de préciser les sources d'information, nous sommes
bien obligés de suivre", commente le chroniqueur
radio.
De mémoire, on n'a jamais vu une telle pagaille autour
d'une élection importante depuis l'élection
en Israël du leader du Likoud Benjamin Netanyahou face
à Shimon Perès en mai 1996. Le leader travailliste
avait été donné vainqueur dans un premier
temps. Mais, à cette période, les médias
en ligne français ne s'étaient pas encore concrètement
lancés dans la course de l'information en continu.
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