Cinq mois après le report
de son introduction en Bourse , Europ@web,
le pôle internet de Bernard Arnault, aura finalement trouvé
une porte de sortie pour ses multiples investissements. Le
groupe Suez-Lyonnaise-des-Eaux
a ainsi annoncé, par la voix de son président
Gérard Mestrallet, qu'il allait entrer dans le capital
de la holding aux 46 start-up (Voir notre tableau
récapitulatif) en investissant 300 milllions d'euros
en échange de 30% du capital. Le nouvel Europ@web,
né de cet accord, sera valorisée à 900
millions d'euros, et n'intégrera pas le fournisseur
d'accès LibertySurf, dont la valeur est proche de 400
millions d'euros selon Bernard arnault, eLuxury (150 millions
d'euros) et Zebank (400 millions d'euros), trois sociétés
qui seront logées directement dans la holding familiale
de Bernard Arnault.
En contrepartie, Groupe Arnault,
maison mère d'Europ@web, s'est engagée à
injecter 300 millions d'euros dans le consortium ST3G, constitué
par Suez Lyonnaise des Eaux et le groupe de télécommunications
espagnol Telefonica, qui veut décrocher une licence
UMTS en France en juillet 2001 lors du "concours de beauté"
à 32 milliards de francs organisé par l'Etat
français.
Cet accord à double détente
est logique, selon Gérard Mestrallet, président
de Suez-Lyonnais des Eaux "car nous avons des intérêts
convergents dans l'Internet. Europ@web a les contenus et Suez-Lyonnaise,
avec sa puissance industrielle, dispose des tuyaux".
Son groupe est notamment
actionnaire majoritaire de M6 et du câblo-opérateur
Noos et détient une participation, au côté
de Groupe Arnault, dans Firstmark, un opérateur qui
a décroché une licence nationale de Boucle Locale
Radio (BLR). Suez Lyonnaise possède également
des parts du câblo-opérateur belge Coditel, deuxième
réseau cablé en Belgique et aux Pays-Bas.
La seule surprise de l'accord
réside finalement dans le fait que le fournisseur d'accès
LibertySurf et la banque en ligne Zebank aient été
exclues des négociations. Gérard Mestrallet
et Bernard Arnault sont restés très évasifs
sur les vraies raisons de ces mises à l'écart,
même si le président de Suez-Lyonnaise a estimé
que "rien n'empêcherait de nouer des relations
commerciales avec le fournisseur d'accès". Un
fournisseur d'accès que Bernard Arnault a d'ailleurs
qualifié "de grande réussite malgré
un cours de Bourse massacré par les investisseurs".
"La trésorerie est excellente et elle permettra
de tenir jusqu'à la rentabilité", a-t-il
ajouté.
Pour Zebank, le patron de Groupe Arnault a expliqué
que "le groupe Suez-Lyonnais s'était désengagé
au fil du temps du secteur bancaire et ne comptait pas y revenir
dans l'immédiat". Les nombreux retards à
l'allumage de cette banque en ligne, qui devait initialement
voir le jour à l'automne 2000, ne sont peut être
pas étrangers à ce refus de Suez-Lyonnaise des
Eaux, même si Bernard Arnault, brandissant sa carte
de crédit siglé du logo Zebank, a affirmé
que "l'ouverture au public se ferait au début
de l'année 2001".
Même privé de LibertySurf
et de Zebank, reste à savoir maintenant comment Suez-Lyonnais
va gérer les multiples contenus dont il dispose désormais,
notamment dans le cas où il décrocherait une
licence UMTS. Telefonica, qui détient 40% de ST3G,
est en effet bien implanté
en France grâce à Lycos Europe, qui a racheté
successivement Spray, Caramail et Multimania et qui a en sus
son propre portail Lycos.fr. De
plus, l'opérateur espagnol compte se renforcer sur le continent,
selon Joaquin Agut, le président de Terra/Lycos, en
investissant 3 milliards de dollars dans l'achat de petites
entreprises Internet. Questionné sur le sujet, Bernard
Arnault a pourtant estimé que "Telefonica n'était
pas si puissant que cela en France comparé à
LibertySurf et au portefeuille de contenus d'Europ@web".
Ce portefeuille pourrait
toutefois être allégé, son président
ayant avancé l'hypothèse "d'arbitrage"
dans un proche avenir.
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