Après avoir lancé
sa filiale Voyages-SNCF.com en juin dernier, la SNCF
vient de se doter d'une holding Internet baptisée GL
e-commerce (GL pour Grandes Lignes) dont l'objectif est de
nouer des partenariats commerciaux et capitalistiques avec
des acteurs capables d'épauler son développement
en ligne. Dans cette lignée, la SNCF vient ainsi d'entrer
à hauteur de 20% dans le capital du programme de fidélisation
Maximiles. Mireille Faugère, entrée à
la SNCF en 1979, préside ces deux nouvelles structures
dont l'objectif est d'asseoir la position de leader de la
compagnie sur le secteur "tourisme et voyages" en
ligne.
JDNet.
Quels sont vos principaux objectifs en créant la holding
GL e-commerce ?
Mireille Faugère. Notre volonté est surtout
d'accélérer encore plus sur Internet en ayant
une structure capable de capter les bonnes idées et
d'élargir notre clientèle en ligne. Mais nous
ne voulons pas simplement avoir un portefeuille de partenaires.
Sur les services qui nous semblent primordiaux, nous avons
la volonté d'être présents au niveau capitalistique
dans les sociétés afin de contrôler un
minimum l'ensemble de la chaîne. Ces participations
ne seront jamais majoritaires et ne sont pas du capital-risque.
Avec cette holding, nous ne cherchons pas un mécanisme
financier mais un moyen de
contrôle sur nos partenaires.
Sur
quels domaines allez-vous prospecter en particulier dans les
mois qui viennent ?
Nous avons deux priorités pour l'instant. Tout d'abord,
les sites d'e-commerce à destination des seniors. Même
si c'est une population qui n'est pas encore majoritaire sur
Internet, elle représente un pouvoir d'achat plus important
que les juniors. Nous regardons donc vers les sites communautaires
qui s'adressent à des personnes de 45 ans et plus.
Mais des sites dont le revenu est issu de l'e-commerce. Le
modèle publicitaire ne nous semble pas viable à
terme pour nouer des partenariats. L'autre priorité
est le développement technologique. Les services qui
nous permettront d'être présents sur plusieurs
canaux, comme le Wap ou la télévision interactive,
nous intéressent tout particulièrement.
Vous
entrez à hauteur de 20% dans Maximiles. Pourquoi ne
pas avoir opté pour un programme de fidélisation
propriétaire, étant donné la notoriété
de la SNCF ?
Ici aussi, nous sommes dans une logique de vitesse mais aussi
de gain pour le client. En nouant un partenariat avec Maximiles,
nous allons en effet déployer rapidement un programme
de fidélisation. En outre, nous voulions éviter
le défaut qu'ont beaucoup de programmes de fidélisation,
notamment dans le transport aérien. Dans ces programmes,
il faut accumuler tellement de points pour obtenir un cadeau
que finalement l'opération au plan marketing n'est
pas si viable que cela. Certains programmes se retouvent ainsi
avec à peine 10% de membres actifs. En optant pour
Maximiles, nous offrirons d'emblée à nos clients
un large éventail de sites associés et la possibilité
de gagner rapidement des cadeaux plus ou moins importants.
Fidélisation,
location de voiture, réservation d'hôtel... Que
vont représenter à terme ces services associés ?
Nous nous fixons un objectif de 1,2 milliard de francs de
chiffre d'affaires pour 2001. Nous pensons que ces services
associés devraient représenter, à terme,
15 à 20% de chiffre d'affaires additionnel.
Où
en êtes-vous sur les activités Minitel ?
L'année 2000 est à marquer d'une pierre blanche.
En mai dernier, les activités Internet ont pour la
première fois supplanté les activités
Minitel, qui stagnent. Le Minitel devrait générer
400 millions de francs de chiffre d'affaires, cette année
contre 600 millions de francs pour l'Internet.
Quand
comptez-vous atteindre le point mort sur les activités
Internet ?
Nous misons raisonnablement sur le début 2002.
Vous
annoncez également le lancement d'un portail tourisme
pour l'été 2001. Est-ce réellement un
secteur sur lequel la SNCF a une légitimité,
notamment hors de France ?
Nous allons avancer sur ce portail tout en testant nos limites.
Sur l'Europe du Nord et la Grande Bretagne, les liaisons ferroviaires
rapides nous permettent déjà d'étendre
naturellement nos activités en ligne. Pour le reste,
nous verrons jusqu'où peut nous porter l'image de marque
sur la SNCF. Un partenariat en ligne avec des compagnies aériennes
est quelque chose que nous n'écartons d'ailleurs pas.
Où
en êtes-vous sur le chantier du billet électronique ?
Nous savons que la demande clientèle est très
forte en matière de billet électronique. Mais
nous devons prendre en compte des conditions d'exploitation
radicalement différentes du transport aérien.
Nous n'avons pas de comptoir d'enregistrement et les trains
s'arrêtent en cours de route. Pour nous, le risque de
fraude est donc un aspect très important. Nous irons
assez vite, je pense, sur le déploiement de bornes
permettant le retrait rapide des tickets en gare. Mais nous
travaillons aussi sur des concepts de ticket virtuel via e-mails
ou copies d'écran.
La
montée en puissance des activités Internet au
sein de la SNCF ne vous semble-t-elle pas correspondre à
une révolution de palais ?
La SNCF bénéficie de deux images contradictoires
auprès de la clientèle. D'un côté,
une image poussiéreuse et administrative, plombée
par les grèves. Et puis de l'autre côté,
une image très dynamique, notamment sur le plan commercial,
grâce au TGV. Internet est une bonne occasion pour diffuser
une nouvelle culture au sein de l'entreprise. Nous avons presque
commencé les activités en ligne dans un garage
et aujourd'hui nous nous retrouvons leader sur le commerce
électronique en ligne. C'est cela aussi la puissance
de l'Internet.
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