Encerclés sur Internet
par les éditeurs, qui pourraient à terme distribuer directement
des jeux sur leur site, ou les marchands en ligne, les distributeurs
de jeux vidéos traditionnels n'ont visiblement aucune envie
de se laisser grignoter leur territoire sur le Web. Innelec
Multimedia, société cotée sur le Second Marché et qui
travaille avec près de 7.000 revendeurs en France, a ainsi
pris le problème à bras le corps en multipliant depuis le
début de l'année les initiatives.
Pour commencer, le site a ouvert
un extranet, Virtual Access, pour tous ses clients afin qu'ils
puissent gérer à distancer l'ensemble de leurs
commandes. "Un système qui pourrait nous permettre à terme
d'économiser 150.000 francs par mois grâce à l'abandon des
catalogues papiers envoyés aux revendeurs" explique Thierry
Chargueraud, le directeur des opérations Internet de la société.
Innelec Multimedia a aussi trouvé sur le Web de nouveaux
clients. Outre BlackOrange, le grossiste deviendra ainsi à
partir de 2001, le fournisseur d'Amazon.fr pour son espace
jeux videos.
Mais les projets de la société
vont plus loin. Innelec Multimedia propose ainsi aux sites
de leur concevoir une boutique de jeux videos clés en main.
Baptisés Virtual Shops ces modules, développés en interne
et dont l'intégration est assurée par IDM, ont déjà séduit
M6, la Camif ou Go Sport. Au printemps 2001, Innelec Multimedia
veut élargir sa cible en proposant son produit à des chaînes
de magazins "pour leur permettre de décliner entièrement leur
modèle offline sur Internet". Enfin dans un registre plus
osé, l'entreprise lancera dès la semaine prochaine son propre
portail en direction du consommateur. Levillagemultimedia.com,
c'est son nom, est un pari ambitieux car il pourrait court-circuiter
à terme les marchands, autrement dit les clients d'Innelec.
Mais Thierry Chaguereaud n'y croit guère car "notre portail
ne se battra pas sur les prix. Nous voulons juste offrir une
offre un peu plus large aux internautes".
Soucieux de ne pas dépenser d'argent
en communication pour sa promotion, Levillagemultimedia.com
fonctionnera sur le modèle de l'affiliation. "Nous allons
élargir notre offre de chalandise en proposant à 300 sites
de s'associer avec nous. Nous verserons ensuite une commission
à ces partenaires pour chaque produit vendu à un internaute
en provenance de leur site" explique Thierry Chargueraud .
Quant aux retombées financières de cette intense activité
dans l'Internet, elles sont pour l'instant modestes. "Sur
les 500 millions de francs de chiffres d'affaires prévus à
la fin de l'année, on estime que 10 millions de francs proviendront
de ce canal, indique le directeur des opérations Internet.
Pour l'avenir nous sommes d'ailleurs très conservateurs dans
nos estimations puisque nous prévoyons que 30% de notre
chiffre d'affaires en 2005 sera réalisé en ligne." Un horizon
lointain mais qu'il est impératif d'anticiper selon lui :
"Il est clair qu'avec des biens aussi immatériels que les
jeux, l'Internet va peu à peu canibaliser les magazins traditionnels.
Ceux qui n'ont pas vu venir le phénomène risque de rapidement
tirer la langue".
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