Le droit de l'Internet est aujourd'hui
en pleine phase d'élaboration en France et par petites
touches le législateur commence à intégrer
Internet dans son travail de construction juridique. Pourtant
de nombreux praticiens du droit, en particulier des avocats,
se plaignent des nouvelles difficultés posées
par ces initiatives législatives. C'est pourquoi un
collectif informel d'une dizaine d'avocats vient de se constituer
à travers la rédaction d'une lettre
ouverte adressée au législateur.
Le texte publié sur le
site de veille et d'information juridique LegalNews
souligne les incohérences et difficultés posées
par deux textes récents.
Le premier est la loi du 1er août 2000 relative à
la liberté de communication qui devait permettre d'introduire
dans le droit français une partie des principes posés
par la directive commerce électronique du 8 juin 2000
qui a fait couler beaucoup d'encre notamment à propos
du fameux "amendement du député Patrick
Bloche" sur la responsabilité des hébergeurs
(lire l'article
JDNet du 27/06/00). Partiellement censuré par les sages
du conseil constitutionnel, le texte pose un grand nombre
de questions que détaille la lettre ouverte des avocats
signataires. "La jurisprudrence sur la responsabilité
des hébergeurs née à partir de l'affaire
Estelle Halliday ne manquait pas d'intérêt, explique
Maître Isabelle Renard associée chez Andersen
Legal et à l'initiative de la lettre ouverte. Or le
texte adopté est, lui, un véritable gruyère
aux contours imparfaits."
L'autre texte mis en cause est
la loi de 10 juillet dernier portant réforme du statut
des commissaires priseurs (lire l'article
JDNet du 6/04/00). Dans un premier temps salué par
les professionnels du secteur, ce texte pose aujourd'hui de
graves problèmes d'interprétation.
"Nous avons par exemple de vraies difficultés
avec certains clients opérateur de places de marchés
B to B aux Etats-Unis qui souhaitaient exporter leurs plate-formes
sur le marché français, explique Maître
Isabelle Renard.
Bien que la volonté du législateur ait été
d'ouvrir largement le secteur des ventes aux enchères
et de démanteler le monopole des commissaires-priseurs,
le texte final, sorte de compromis très mal rédigé,
ne permet sur le Web, que les ventes dans lesquelles le site
ne joue qu'un rôle de courtier. Or dans le cas de certaines
places de marché, les sites vont bien au-delà
du simple courtage et s'exposent donc à des poursuites
pénales."
Maître Isabelle Renard
indique avoir été confrontée à
des refus d'implantation en France de la part de clients américains
pour ce seul motif. Pour
les avocats signataires, l'objectif est d'encourager le gouvernement
à profiter de la prochaine loi sur la société
de l'information pour rectifier le tir en clarifiant les problèmes
soulevés par les textes précédents pour
sécuriser le cadre juridique de ces secteurs.
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