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Emploi
La nouvelle économie française doit faire face à sa pénurie de travailleurs
La CCIP vient de publier un rapport dont les conclusions attisent un débat déjà connu en France. Parmi les préconisations : favoriser l'immigration et développer la formation. --> (Vendredi 29 décembre 2000)
         

La France est aujourd'hui la victime d'un curieux paradoxe. D'un côté, malgré des signes de reprise économique, plus de 2,2 millions de français n'ont toujours pas de travail. Et de l'autre, de nombreux secteurs d'activité souffrent d'une importante pénurie de main-d'œuvre, notamment les entreprises de la nouvelle économie. La Chambre du commerce et d'industrie de Paris (CCIP) vient de publier un rapport ('Les difficultés de recrutement : quelles réalités ? quels remèdes ?') proposant des mesures concrètes visant à juguler ce dilemme. Jean-Paul Vermès, président de la Commission du travail et des relations sociales, fait une mise au point à propos du contexte dans lequel ce nouveau questionnement s'impose. "C'est peut-être dur à avaler, mais c'est la triste réalité : la France se retrouve confrontée à un problème d'adéquation entre l'offre, et la demande d'emploi, dans les secteurs de l'informatique, des nouvelles technologies et de l'Internet. C'est ce constat qui est à l'origine du rapport que nous publions."

Le premier cheval de bataille de Jean-Paul Vermès prend corps à travers un débat qui n'est pas nouveau en France : "A court terme, l'une des solutions que nous préconisons est de favoriser les flux migratoires de façon sélective et temporaire. D'autant plus que ce problème de pénurie s'étend au niveau européen. Il n'y a pas énormément de solutions. La Roumanie, l'Ukraine, la Russie, l'Inde ou les Philippines disposent de remarquables informaticiens. Il ne faut pas chercher plus loin, c'est le seul moyen de réagir immédiatement. Chaque branche devrait négocier avec l'Etat pour réguler les flux. Cette négociation est urgente et doit être menée rapidement à défaut de quoi le business ne se fera pas en France. Nous devons vraiment faire preuve de plus de pragmatisme en terme d'immigration, à l'image des anglais ou des allemands qui n'hésitent pas à accueillir à bras ouverts les compétences du marché du travail international. Ces dix dernières années, la France a été l'un des pays les plus hermétiques d'Europe. Cela ne veut pas dire que nous sommes en retard, mais pour que la reprise de l'économie perdure, nous devons favoriser les échanges internationaux en gardant un œil sur les risques liés à l'externalisation définitives des compétences."

En ce qui concerne la formation, la question est plus complexe. "Le problème de la formation initiale réside dans son manque de réactivité, soutient Jean-Paul Vermès. Il est évident que la France doit mettre rapidement en place de nouvelles structures éducatives permettant de répondre à la demande des professionnels. Il faut vraiment mettre le turbo à ce niveau là, même si les résultats ne seront visibles qu'à moyen et long terme. Il faudra cependant veiller à le faire aux côtés des entreprises, le risque étant de former des gens à un travail qui est susceptible de muter radicalement au bout de deux ou trois ans." L'une des solutions envisagées par la Commission du travail concerne la formation des salariés et des demandeurs d'emploi. En effet, selon le rapport de la CCIP, les salariés actuels et certains chômeurs sont les seuls, avec les étrangers, à pouvoir renflouer le besoin immédiat de compétences. A condition toutefois de développer les contrats de qualification pour adultes et de simplifier l'accès des demandeurs d'emploi à la formation. Toujours selon la CCIP, les salariés de plus de 50 ans représentent un véritable gisement de compétences pour les entreprises. De fait, ces derniers seraient rapidement opérationnels grâce à une formation d'autant plus courte que leur expérience est grande. "Les plus malins seront ceux qui pourvoiront le plus rapidement à la demande, rajoute Jean-Paul Vermès. A nous d'être plus malins que les autres".

Autre front, même combat : l'aménagement du temps de travail. "Il est évident que les 35 heures n'ont pas arrangé les choses. Je ne veux pas remettre en cause cette politique, explique Jean-Paul Vermès, mais je pense que dans un secteur comme celui de la nouvelle économie, peut-être que certains aménagements sont nécessaires, comme le temps partagé par exemple." En d'autres termes, la France va devoir faire preuve d'un peu plus de souplesse dans de nombreux domaines si elle ne veut pas passer à côté du marché.

[Philippe Rémond, JDNet]
 
 
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