Lancé
en février 2000, le site d'achat groupé LeSpot.com
annonce, via sa page d'accueil, la cessation de toutes ses
activités. En onze mois d'existence, il n'avait jamais
réussi à s'imposer sur son secteur. La société
avait choisi, au milieu de l'année dernière,
de se spécialiser dans la vente de produits high-tech
à haute valeur ajoutée (lecteurs DVD, vidéo
et photo numériques, TV, Hi-Fi, PDA, mobiles). Un revirement
qui n'a pas été suffisant pour éviter
au site de connaître le même sort que Koobuy
City ou Letsbuyit
(en sursis jusqu'au 25 janvier). LeSpot avait réalisé
un premier tour de table de 8 millions de francs auprès
de trois investisseurs (Access2Net, Socodif et Envol).
Folco Chevalier, PDG de la société, fait le
point sur son expérience dans un secteur en pleine
crise.
JDNet.
Quelle est exactement la situation de la société?
Folco Chevalier. Nous sommes en cessation de paiement.
Cela faisait trois à quatre mois que nous recherchions
un repreneur. Nous avons contacté des portails, des
sites de e-commerce, des entreprises de la grande distribution
(y compris un prestataire basé à Toulouse, NDLR),
mais il est actuellement très difficile d'intéresser
les financiers. Dès que l'on parle start-up, ils partent
en courant et c'est encore plus flagrant dans le domaine du
e-commerce. Comme nous nous attendions à une telle
fin, nous avons eu le temps de nous préparer. De ce
fait, nous avons été très vigilants avec
nos clients mais également avec toute notre équipe.
Nous avons été parfaitement transparents et
tout le monde(l'équipe a compté jusqu'à
20 personnes, NDLR) a eu le temps de retrouver un emploi
avant que ce soit fini. Nous ne devons donc licencier personne.
Seuls les dirigeants se retrouvent sans activité et
doivent éponger quelques dettes, mais ça, c'est
la règle du jeu. Quant aux clients, depuis une semaine,
nous ne prenions plus de commandes et pour celles qui étaient
déjà enregistrées, nous n'avons pas débité
les comptes et avons envoyé une lettre expliquant nos
difficultés.
JDNet.
Quels sont les enseignements que vous tirez de cette expérience ?
Je ne suis absolument pas dégoûté par
Internet. Nous avons vécu une belle aventure
même si elle se termine de cette façon. Finalement,
on a bien tenu la barre, du décollage à l'atterrissage,
et nous avons toujours informé nos clients de notre
situation. C'est surtout cela qui compte. Sans un marché
aussi sinistré que celui des sites de commerce électronique,
et de l'achat groupé en particulier, je suis sûr
que nous aurions pu trouver des fonds. Globalement, les onze
mois d'existence du site auront été très
positifs. Ce fut une belle expérience tant au niveau
humain qu'au niveau professionnel et le contact avec les internautes
a été extrêmement enrichissant.
Après Koobuy City, Letsbuyit et d'autres, c'est votre
tour. Pensez-vous que l'achat groupé est un concept
viable aujourd'hui?
Il est clair que les consommateurs ne sont pas suffisamment
mûrs pour acheter sur l'Internet. Il faudra un peu de
temps pour que le concept devienne viable, attendre qu'il
y ait une masse critique d'acheteurs pour se lancer sans trop
de risque sur ce marché. Pour l'instant, avec un taux
de conversion inférieur à 1 %, LeSpot, et tous
les autres ne peuvent tenir par rapport au parc d'utilisateurs
et de consommateurs actuel. Ce qui est également regrettable,
c'est que les financiers ne veulent plus investir dans une
start-up qui souhaite imposer sa marque. Cela coûte
de plus en plus cher et les acteurs financiers ne souhaitent
plus injecter autant d'argent qu'ils le faisaient encore au
début de l'année 2000. A l'avenir, pour qu'un
site d'achat groupé soit réellement viable,
il faut qu'il soit adossé à une firme de la
grande distribution afin de réaliser des économies
d'échelle. Compte tenu des conditions financières
actuelles et des déconfitures à répétition
dans ce secteur, cela me semble une voie assez logique.
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