Dossier Cybermarchés

Dans le secteur des cybermarchés, deux dogmes s'affrontent en matière de logistique : picking ("piochage" dans les stocks des magasins, voire même en rayon) ou entrepôts. Alors que les grands cybermarchés actuels utilisent pour l'instant la deuxième solution, certains des acteurs qui vont débarquer en 2001 (Leclerc, Auchan, Franprix, Intermarché, etc.) sont des adeptes du concept de picking. Un fossé semble se creuser entre ceux qui sont totalement opposés au picking (Houra et Telemarket) et ceux qui utilisent pour l'instant des entrepôts mais restent ouverts à d'autres solutions selon la taille de la commune à desservir.

Ainsi, Ooshop et C-mescourses ne se déclarent pas totalement opposés à cette solution. Pour son projet test à Lyon cette année, par exemple, le second va tester le picking en magasin, déjà à l'essai à Biarritz. "C-mescourses passe cette fois-ci à la taille supérieure pour vérifier la viabilité de ce système sur des villes plus importantes", précise Jean-Yves Broussy, directeur général de C-mescourses. Sans transformer les magasins en entrepôts, Vincent Cornet, Ooshop, se range à cet avis : "Le groupe Carrefour n'est pas totalement opposé à ce système de picking. Seulement, nous ne croyons pas que cela soit possible dans des villes trop importantes. Il est possible que nous envisagions cette solution pour des communes de taille inférieure aux métropoles de province. Ce qui nous fait peur, c'est la question du taux de rupture. Nous ne voulons pas vider les rayons des magasins physiques ou être incapables d'assurer la livraison d'une partie des produits commandés."

Le point de vue de Pierre Bouriez, le patron de Houra, est clair. Il estime que le taux de rupture (produit non livré car absent des stocks en magasin) est situé entre 5 et 10% pour les commandes en picking, contre des difficultés situées entre 1 et 5 pour mille dans les entrepôts. "La qualité du service n'est pas suffisante, selon moi, avec un système de picking. Même sur des petits entrepôts dédiés, le picking n'est pas la solution. Pour Houra, il est clair que nous allons privilégier l'utilisation d'une seule plate-forme", déclare-t-il.

La stratégie de Telemarket est identique, puisque le cybermarché vient de se doter d'une toute nouvelle plate-forme à Pantin. 15.000 m² sont pour l'instant utilisés mais une extension à 24.000 m² est possible. Telemarket a quitté Aubervilliers pour des bâtiments directement rattachés à trois voies ferrées et presque entièrement automatisés. Ce déménagement a permis au cybermarché de passer de 1.500 à 2.000 commandes traitées par jour. "La mécanisation et le choix d'un seul et même lieu pour l'ensemble des services de l'entreprise (préparation, approvisionnement, expédition et bureaux, NDLR) nous ont permis de réaliser d'importants gains de temps, affirme Christian Marchandise, PDG de Telemarket. Avec l'automatisation de la préparation des commandes, nous réalisons 7.500 livraisons par semaine et 100.000 articles sont livrés quotidiennement. Nous espérons augmenter le nombre de nos références en passant de 3.000 à 4.500, puis 6.000 à moyen terme. Pour nous, la seule véritable solution, c'est l'entrepôt unique."

L'année 2001 sera avant tout marquée par l'arrivée en force de nouveaux cybermarchés, notamment deux poids lourds de la grande distribution : Leclerc et Auchan, encore très mystérieux sur leurs projets exacts. Mais, nouveaux acteurs ou pas, pour le secteur, l'heure est bien aux décisions stratégiques.

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