La France compte plus de 2,3
millions d'entreprises dans l'industrie, le commerce et les
services non financiers. Une immense majorité d'entre
elles sont de très petite taille... et ne sont pas
-encore- présentes sur le Web, notamment les commerçants
locaux. Ce dernier marché fait aujourd'hui l'objet
d'une âpre concurrence entre annuaires en ligne et city
guides, les sites d'informations locales. Des acteurs de ces
deux secteurs ont mis en place une offre de création
de sites Internet à destination ce cette clientèle,
une extension logique à leur métier puisqu'une
telle offre permet d'associer des coordonnées d'un
professionnel du secteur tertiaire (un plombier, un coiffeur,
un restaurateur, etc.) et une présentation plus approfondie
de ses activités sur un site vitrine.
Leader français sur son
créneau, PagesJaunes,
éditeur et régie publicitaire des annuaires
de Wanadoo (France Télécom), annonce la parution
de son 20.000ème client sur Internet. C'est une activité
qui marche plutôt bien : Pages Jaunes indique produire
environ 450 sites par semaines par le biais de sa "web
factory" interne. Ses clients proviennent essentiellement
du monde des services, du tourisme et de l'agro-alimentaire.
"En général, les clients professionnels
ne sont pas mûrs pour exploiter toutes les fonctionnalités
que le marché met déjà à leur disposition, estime Catherine
Le Legallic, responsable marketing de l'Unité d'Affaires
Sites au sein de Pages Jaunes. Ils ont besoin de trouver des
offres simples et évolutives, d'un accompagnement pour leur
permettre de mieux appréhender les possibilités du web en
matière commerciale et dépasser le stade de la simple reproduction
de leur plaquette papier", précise-t-elle. L'offre
de PagesJaunes semble la plus élaborée dans
le domaine. Elle est composée pour le moment de deux
forfaits : le pack "Contacts" en entrée de
gamme et le pack "Affaires"pour les sites plus élaborés.
Une troisième offre intermédiaire devrait être
proposée prochainement aux clients de PagesJaunes.
Cette activité n'empiète
pas sur celle de Kompass,
une autre filiale de Wanadoo spécialisée dans
les bases de données entreprises. Celle-ci réalise
uniquement une "carte de visite professionnelle virtuelle"
à destination de ses clients, composée de deux
pages web de présentation (Kompass revendique entre
300 et 400 clients). Ce type de prestation "minimaliste"
semble être également l'option de Scoot.fr,
l'annuaire en ligne professionnel rattaché à
VivendiNet qui devrait être lancée courant mars.
Celui-ci se plaçant davantage en position "d'infomédiaire",
les professionnels inscrits dans l'annuaire pourront disposer
d'une "fiche signalétique qualitative" mais
l'enrichissement n'ira pas plus loin.
Face aux annuaires, les city guides n'entendent pas rester
inactifs, car ce type de prestation constitue souvent l'une
des pierres angulaires de leur "business model".
Chez Cityvox,
il constitue 70% du chiffre d'affaires du réseau. Une
équipe propose donc une gamme de prestations allant
de la simple vitrine commerciale pour un indépendant
professionnel à un site plus "corporate"
pour des groupes. Pour Clément-Francois Lacour, directeur
général de Cityvox France, le vivier se trouve du côté
des boutiques, des restaurateurs et des galeries d'art. Depuis
le lancement de cette activité en avril 2000, Cityvox
indique avoir monté plus de 550 sites. "Ca marche
bien mais il faut ratisser large", commente le manager
en charge des ventes.
Cityvox n'est pas un cas isolé
: ParisAvenue.fr,
le city guide rattaché au Groupe Figaro, admet que
les revenus tirés de la publicité étant
trop faibles, il lui faut trouver d'autres sources de profits.
Son directeur, Michael
Bourguignon, estime lui aussi que la création de
sites Web représente 70% de son chiffre d'affaires.
ParisAvenue annonce avoir monté 350 sites. "La
caution du Figaro rassure nos interlocuteurs, indique-t-il.
Nous essayons d'ailleurs de les mettre en valeur dans le quotidien
papier." Ainsi, une pleine page présentait récemment
la liste des "professionnels qui ont fait confiance à
ParisAvenue". Des opérations de couplage publicitaire
peuvent également être montées avec le
Figaroscope.
Michael Bourguignon, qui est
parallèlement chargé de coordonner la constitution
du réseau Viapolis (Lire l'article
du JDNet du 16/11/00), envisage de plaquer cette activité
dans le nouveau projet. Mais rien n'a été avalisé
pour le moment. En attendant, d'autres acteurs sont sur les
starting-blocks : ainsi, le réseau Best
Of City (détenu à 80% par le groupe
radiophonique NRJ) compte également se mêler
à la bataille en commercialisant des sites professionnels
montés sur le même gabarit. Les commerçants
locaux seront regroupés dans une galerie virtuelle
et auront également la possibilité d'intégrer
le programme BestOfReduct.com (bons de réduction).
Une nouvelle version du réseau Best Of City (vingt
villes ouvertes) est attendue début février.
Marc Zenau, son directeur général, escompte
un chiffre d'affaires de 12 millions de francs pour 2001 autour
de cette activité, qui est vitale, puisqu'elle constitue
60% des revenus (le reste étant lié à
la publicité).
Le développement de ce type d'activité reste
pénalisé par le faible taux d'équipement
Internet des foyers et les commerçants locaux hésiteront
à investir dans ce type de vitrine en ligne tant qu'ils
n'auront pas perçu un véritable potentiel à
moyen terme. De plus, l'offre de création de sites
web est un domaine très partagé, et les web
agencies ou les guides d'achat locaux type Achat-Grenoble.com
ont également une carte à jouer. La concurrence
devrait donc se renforcer et les commerçant locaux
n'ont pas fini d'être démarchés par des
commerciaux de plus en plus nombreux.
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