Pour le capital-risque américain,
le bilan 2000 est sans appel : les fonds n'ont jamais été
aussi bien dotés mais la volatilité galopante
des marchés a subitement freiné le rythme des
opérations en fin d'année. Le rapport de la
NVCA (National
venture capital Association) sur l'année passée
montre ainsi que 494 fonds américains de capital-risque
ont levé au total 92,3 milliards de dollars. Par rapport
à 1999, cette enveloppe représente un bond de
57% des montants levés. L'argent est donc bien là,
mais malgré tout, les chiffres se sont fortement essoufflés
au dernier trimestre 2000. Alors que le second et troisième
trimestres 2000 affichaient chacun des montants supérieurs
à 27 milliards de dollars, les trois derniers mois
de l'année enregistrent un total de 18,4 milliards
de dollars.
La NVCA explique cet effet d'entonnoir
par trois raisons principales : la morosité permanente
des marchés boursiers, la stratégie de refinancement
déployée par les capitaux-risqueurs, qui délaissent
quelque peu les premiers tours de table,
et le coup de frein marqué des investisseurs institutionnels,
qui attendent que le secteur du capital-risque se structure
et se professionnalise. En d'autres termes, les moyens existent
mais la prudence est de mise. Mais pour les capitaux-risqueurs
américains, cette nouvelle devise prend surtout racine
dans un contexte peu favorable aux IPO et aux "sorties"
via des opérations de
fusions et acquisitions (M&A, mergers & acquisition),
elles aussi victimes d'un brusque essoufflement. Alors que
l'année dernière les opérations en M&A
ont généré un volume de 67,6 milliards
de dollars, contre 35,3 milliards de dollars en 1999, le quatrième
trimestre 2000 a accusé un très net ralentissement
: 8,2 milliards de dollars en M&A, contre 27,7 milliards
de dollars au second trismestre 2000.
Le "paradoxe
2000" du capital-risque, qui a amplement franchi l'Atlantique,
place donc en suspension une masse record de fonds qui, pour
l'heure, ne se libère qu'au compte-gouttes sur les
marchés émergeants. Une situation par nature
transitoire étant donné l'objectif assigné
à ces fonds. A l'image de l'irrationalité qui imprègne
négativement le segment TMT en Bourse depuis plusieurs
mois, il y a fort à parier que le signal libératoire
pour le capital-risque s'avère tout aussi subtil. Et
imminent.
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