Nouveau PDG, rachat d'actions
et alerte sur résultats : l'annonce majeure promise
par Yahoo à l'issue d'une journée durant laquelle
la cotation de son action avait été suspendue
portait en fait sur trois points. Une bonne partie de la journée,
l'Internet mondial, se nourissant de quelques informations
et surtout de multiples spéculations, s'était
excité sur les hypothèses les plus diverses
(dans lesquelles le portail jouait tour à tour le rôle
de la proie et du prédateur).
Dans un communiqué
publié après la clôture des marchés,
Yahoo a annoncé que son résultat net au premier trimestre
2001 serait "à peu près" à l'équilibre.
La société prévoit un chiffre d'affaires
entre 170 et 180 millions de dollars, alors qu'elle pariait
en janvier sur une fourchette de 220 à 240 millions de dollars.
Selon Yahoo, ces révisions à la baisse sont
la conséquence du "climat économique morose"
aux Etats-Unis et des répercussions sur les dépenses
des consommateurs. De plus, le groupe avance que la montée
des sociétés de l'économie traditionnelle
dans son portefeuille d'annonceurs, au détriment des
sociétés purement Internet, se réalise
"plus rapidement que prévu". Or les plans
médias de ces nouveaux clients seraient à beaucoup
plus long terme, réduisant d'autant les revenus publicitaires
prévus à court terme..
L'action
Yahoo, qui a déjà subi une sévère
chute au cours des derniers mois, ne devrait pas sortir indemme
de cette conjoncture difficile. Pour en soutenir le cours,
le groupe a d'ailleurs annoncé le lancement d'un programme
de rachat d'actions de 500 millions de dollars. Une manoeuvre
à double objectif puisqu'en renforçant l'auto-contrôle,
elle rend plus difficile toute tentative d'OPA sur une société
très courtisée par les géants des médias.
Dernier
point de l'annonce de Yahoo, le remplacement programmé
au poste de PDG de Tim Koogle (Lire son interview
au JDNet le 12/04/00). Yahoo a déjà donné
le nom du cabinet de recrutement chargé de pourvoir
le poste (Spencer Stuart & Associates), ce qui exclut donc
toute solution interne. Selon la version officielle, Tim Koogle
restera président du conseil d'administration. Surnommé
"TK" (prononcer TiQué) au sein de la société,
celui-ci avait été appelé en 1995 à
la tête de Yahoo par les deux co-fondateurs du portail,
David Filo et Jerry Yang. Il en a fait un acteur prédominant
de l'Internet mondial. Son retrait intervient alors que le
management de Yahoo est passablement chamboulé depuis
quelques semaines, avec les départs successifs de Fabiola
Arredondo (responsable Europe), Savio Chow (responsable Asie),
Jim Youm (directeur des opérations en Corée) et (Jim Rubinstein
(Yahoo Canada). Dans une interview récente au Financial
Times, Tim Koogle qualifiait cette succession de départs
de pures coïncidences, résultat de "choix personnels"...
Les remous
autour de Yahoo ont en tout cas permis aux sites d'informations
américains de se déchaîner, preuve de
la place qu'occupe le portail dans l'économie de l'Internet
et de l'impact que devraient avoir ces annonces, en premier
lieu l'alerte sur résultats. C'est l'édition
en ligne du Wall Street Journal qui a été la
première à révéler la teneur des
annonces de Yahoo, avant même le communiqué et
la conférence de presse de la société
américaine. Auparavant, tous les bruits avaient été
évoqués, notamment un rachat de Yahoo par les
candidats habituels (Disney, Viacom...) mais aussi par Vivendi
Universal. Le site Dotcom
Scoop, spécialisé dans les révélations
sur l'industrie de l'Internet, aurait reçu, selon son
responsable Ben Silverman, 60 informations concernant Yahoo
en trois heures, la plupart anonymes et invérifiables.
"Depuis que j'ai lancé le site [NDLR : en septembre
dernier], cette affaire Yahoo est définitivement le
plus gros "moulin à rumeurs" que j'ai jamais
vu", conclut Ben Silverman.
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