Autre époque, autres alliances.
En mars 1999, bien avant la furie Napster, Universal (alors
propriété du groupe Seagram) et le label BMG
de Bertelsmann lançaient main dans la main le site
de vente directe de disques Getmusic.
Mais deux années sont passées depuis cette belle
alliance... Universal a été absorbé par
Vivendi, Bertelsmann a déployé BOL, récupéré
CDNow, investi dans Napster, et Vivendi-Universal
et Sony ont annoncé en février dernier leur
intention de créer un joint-venture Internet baptisé
Duet (lire l'article
JDNet du 23/02/01). Bref, le joint-venture Getmusic, dans
lequel les deux labels ont injecté
50 millions de dollars, semblait d'un autre âge.
Une situation
en passe d'être réglée puisque, selon
le Wall Street Journal, le groupe de Jean-Marie Messier s'apprêterait
à récupérer les parts détenues
par Bertelsmann dans Getmusic. Les pourparlers sur le retrait
de BMG au profit de Vivendi-Universal auraient même
débuté à la fin de l'année dernière,
Bertelsmann ne cachant pas son désir de sortir d'un
Getmusic de moins en moins en phase avec sa stratégie
globale de commerce électronique. Le site musical,
confronté à un niveau de ventes désastreux,
a en effet opté pour un virage communautaire au milieu
de l'année 2000, privilégiant le contenu sur
l'aspect shopping. Une réorientation qui a permis de
multiplier par deux l'audience pour atteindre les 1,49 million
de visiteurs uniques par mois. De quoi séduire un Vivendi-Universal
à la recherche de points d'entrée pour le futur
catalogue en ligne Duet. Malgré
tout, la sortie de Bertelsmann est victime d'un certain retard,
la piètre santé financière de Getmusic
ayant necessité, dans l'urgence, un nouvel apport de
capitaux il y a quelques semaines.
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En tout
cas, le retrait de Bertelsmann de Getmusic confirmerait une
scission déjà passablement consumée entre
les deux poids-lourds européens de la communication,
qui, depuis le rachat d'Universal par Vivendi, s'avèrent
être de plus en plus en concurrence frontale. Le
président de Bertelsmann, Thomas Middelhoff, vient
ainsi de quitter le conseil d'administration de Vivendi-Universal,
où il siégeait depuis mai 1999. De son côté,
Jean-Marie Messier devrait céder à Bertelsmann sa participation
à hauteur de 50% dans France-Loisirs, autre joint-venture
à parité entre les deux groupes. Le dernier
terrain d'entente entre Vivendi-Universal et Bertelsmann semble
être l'audiovisuel, des pourparlers étant apparemment
lancés afin de constituer un groupe européen pour l'acquisition
de droits sportifs. Sauf si l'Internet s'en mêle.
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