Le salon
du livre 2001 fermera ses portes ce mercredi. Si le cru de
l'an dernier avait vu se profiler les prémices de l'édition
en ligne, la version 2001 a contribué à établir
les bases d'une filière littéraire électronique
émergente (lire l'interview
JDNet d'Emmanuelle Jéhanno du 16/03/01). Mais la protection
et la gestion des droits d'auteur représentent aujourd'hui
le principal frein au développement d'un marché
du livre électronique. D'autant plus que sur ce thème,
les distributeurs en ligne peinent à rassurer les maisons
d'édition traditionnelles. Matt Moynahan, responsable
de la division Publishing de Reciprocal,
société spécialisée dans la gestion
des droits sur les formats numériques, revient sur
ce vaste chantier.
JDNet.
Quels sont les problèmes liés aux droits d'auteur dans le
monde de l'édition en ligne ?
Matt Moynahan. Nous faisons face à deux problèmes.
Le premier correspond au conflit entre les droits physiques
et les droits électroniques. Ceci se complique un peu plus
avec les différences entre les systèmes européen et américain
: en Europe, les négociations de contrats ont toujours été
très minutieuses et comme ce sont les auteurs qui détiennent
le plus de pouvoir, les droits se retrouvent entre les mains
des descendants à travers les générations. Aux Etats-Unis,
ce sont les éditeurs qui sont propriétaires des droits, ce
qui simplifie les démarches pour leur transfert. Deuxièmement,
le problème des droits territoriaux doit être assimilé à Internet.
Un bon exemple serait celui de Mein Kampf qui, bien que n'étant
pas disponible à la vente en Allemagne, est accessible à l'achat
sur des sites Web américains. C'est dans la gestion de ces
différences que réside la mésentente entre les intervenants
de l'industrie et de l'édition.
Comment
peut-on gérer ces droits d'auteur sur Internet ?
Le
marché de l'édition online est en train de se développer et
nous assistons à l'évolution des droits d'auteur individuels
pemettant une diffusion en ligne. Il va en résulter un accès
plus facile pour le consommateur ainsi qu'un système beaucoup
plus simple pour le suivi de l'usage et du paiement des uvres.
Ceci devrait par contre engendrer un système de compensation
plus complexe mais plus juste. Le type d'usage déterminera
le montant des royalties à verser.
Vers quel modèle se dirige-t-on
? Sera-t-il par exemple calqué sur le modèle musical ?
Le secteur de la musique a toujours été plus complexe que
celui de l'édition en termes de gestion de droits et de reversement
des royalties. Jusqu'à ce que l'Internet apparaisse, les éditeurs
n'avaient qu'une seule préoccupation pour la gestion des droits
: la reproduction. Avec l'arrivée des droits numériques, les
éditeurs ont désormais deux nouveaux facteurs à considérer
: la distribution électronique (de quelle façon le contenu
va-t-il être utilisé ou redistribué ?) et le business modèle
(comment facturer cette utilisation ?). Ceci ajoute un degré
de complexité dans l'équation, étant donné que l'ensemble
des nouvelles règles de facturation devra tenir compte des
différentes façons d'accéder au contenu numérique. Nous pouvons
nous attendre à voir apparaître plus d'un business modèle,
en fonction du type d'utilisation, créant de nombreux systèmes
de paiements.
|