Les débats s'intensifient autour
du vote en ligne. Du coup, Robert Denis del Picchia, Sénateur
des Français hors de France, se propose de réaliser un premier
essai grandeur nature, limité, à l'occasion des prochaines
présidentielles de 2002. Cette expérience pourrait bien être
réalisée sur la communauté des français installés à
Chicago, ces derniers étant visiblement plus sensibilisés
par leur consulat. Dans
un premier temps, et à titre expérimental, le Consulat
de France de Chicago devrait mettre en place un ou deux
référendums sur des questions anodines de façon à tester le
système de sécurité et déceler les éventuelles failles. Cette
pemière expérience devrait normalement aboutir
à la fin de l'année 2001, en vue des élections
de 2002.
Le fonctionnement retenu est
simple. Les français résidants à Chicago et inscrits sur les
listes électorales, recevront par e-mail une invitation à
venir s'inscrire sur le site du consulat. Une semaine avant
le vote, ces derniers recevront, toujours par e-mail, un code
d'accès leur permettant de voter. Une fois le vote effectué,
le résultat sera hébergé, soit dans les serveurs du Consulat,
soit dans ceux du ministère de l'Intérieur en cas d'élection
nationale. La procédure permettant de relever les compteurs
des bulletins sur Internet est quant à elle très rigide. Le
responsable du vote en ligne aura un morceau du code d'accès,
ainsi que les responsables des différentes listes s'étant
présentées. Les bulletins seront relevés une fois les morceaux
du code réunis.
En France, chaque nouveau mode
de vote doit faire l'objet d'une dérogation du ministère de
l'Intérieur. Ces mesures ont été prises de façon à limiter
la fraude. Cette dérogation, permettant par exemple aux expatriés
de voter par correspondance, est le préalable indispensable
à la mise en place des futures lois sur le vote par Internet.
"Nous espérons obtenir cette autorisation le plus tôt
possible, explique Robert Denis del Picchia. L'objectif étant
de roder notre système en vue l'expérimenter en grandeur nature
à Chicago, lors des présidentielles de 2002." D'après
une étude menée par le Consulat de Chicago, sur les 8.000
français y vivant actuellement, plus de 4.000 disposeraient
d'une adresse électronique. Ce Consulat a été choisi pour
une raison bien précise. Ce dernier communique en effet depuis
longtemps par e-mail avec les français résidants, grâce à
un bulletin d'information. Cette particularité a permis au
Consulat de créer un fichier fiable tout en habituant les
quelques 4.000 internautes expatriés à communiquer avec eux.
Les élections sur Internet faisaient
partie des discussions entre les membres du Club.Senat.fr
s'étant réunis le 28 mars dernier à l'occasion de la présentation
du rapport "En quoi la net-économie transforme-t-elle notre
société?". Parmi les propositions envisagées par certains,
figurait notamment la possibilité de faire entrer l'ordinateur
au sein même de l'isoloir. D'après Robert Denis del Picchia,
il ne faut pas faire l'amalgame entre deux systèmes bien distincts.
"Il ne faut pas confondre le vote électronique et le vote
sur Internet. Dans le premier cas, il s'agit simplement d'une
machine sur laquelle les électeurs peuvent aller voter. Ce
système permettrait par exemple d'éviter les problèmes qu'ont
connu les Etats-Unis lors des dernières élections présidentielles.
En ce qui concerne le vote sur Internet, il ne s'agit pas
de faire venir l'électeur, mais de lui donner la possibilité
de voter, même si ses conditions géographiques ne lui permettent
pas."
L'argument principal des défenseurs
du vote sur Internet concerne les taux d'abstentions, importants
en France. Le député Alain Ferry (UDF) vient de déposer à
l'Assemblée Nationale une proposition de loi visant à autoriser
le vote en ligne. Au cours de sa présentation, Alain Ferry
a mis en avant les 30% d'abstention aux dernières législatives
ainsi que les 70% enregistrés lors du référendum sur le quinquennat.
"Nous n'en sommes qu'aux balbutiements du vote sur Internet,
conclut Robert Denis del Picchia. Le taux d'équipement actuel
ne permettrait pas de généraliser ce système. Par contre,
nous pouvons imaginer que dans dix ou quinze ans, le taux
d'équipement soit tel que le vote sur Internet pourrait être
une solution réellement efficace, mais toujours en complément
du vote traditionnel."
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