Le Net
La France pourrait bien tester le vote en ligne à Chicago
Le vote sur Internet pourrait être expérimenté par la communauté des français vivant à Chicago lors des prochaines présidentielles. A condition que le ministère de l'Intérieur accorde une dérogation. --> (Mardi 3 avril 2001)
         

Les débats s'intensifient autour du vote en ligne. Du coup, Robert Denis del Picchia, Sénateur des Français hors de France, se propose de réaliser un premier essai grandeur nature, limité, à l'occasion des prochaines présidentielles de 2002. Cette expérience pourrait bien être réalisée sur la communauté des français installés à Chicago, ces derniers étant visiblement plus sensibilisés par leur consulat. Dans un premier temps, et à titre expérimental, le Consulat de France de Chicago devrait mettre en place un ou deux référendums sur des questions anodines de façon à tester le système de sécurité et déceler les éventuelles failles. Cette pemière expérience devrait normalement aboutir à la fin de l'année 2001, en vue des élections de 2002.

Le fonctionnement retenu est simple. Les français résidants à Chicago et inscrits sur les listes électorales, recevront par e-mail une invitation à venir s'inscrire sur le site du consulat. Une semaine avant le vote, ces derniers recevront, toujours par e-mail, un code d'accès leur permettant de voter. Une fois le vote effectué, le résultat sera hébergé, soit dans les serveurs du Consulat, soit dans ceux du ministère de l'Intérieur en cas d'élection nationale. La procédure permettant de relever les compteurs des bulletins sur Internet est quant à elle très rigide. Le responsable du vote en ligne aura un morceau du code d'accès, ainsi que les responsables des différentes listes s'étant présentées. Les bulletins seront relevés une fois les morceaux du code réunis.

En France, chaque nouveau mode de vote doit faire l'objet d'une dérogation du ministère de l'Intérieur. Ces mesures ont été prises de façon à limiter la fraude. Cette dérogation, permettant par exemple aux expatriés de voter par correspondance, est le préalable indispensable à la mise en place des futures lois sur le vote par Internet. "Nous espérons obtenir cette autorisation le plus tôt possible, explique Robert Denis del Picchia. L'objectif étant de roder notre système en vue l'expérimenter en grandeur nature à Chicago, lors des présidentielles de 2002." D'après une étude menée par le Consulat de Chicago, sur les 8.000 français y vivant actuellement, plus de 4.000 disposeraient d'une adresse électronique. Ce Consulat a été choisi pour une raison bien précise. Ce dernier communique en effet depuis longtemps par e-mail avec les français résidants, grâce à un bulletin d'information. Cette particularité a permis au Consulat de créer un fichier fiable tout en habituant les quelques 4.000 internautes expatriés à communiquer avec eux.

Les élections sur Internet faisaient partie des discussions entre les membres du Club.Senat.fr s'étant réunis le 28 mars dernier à l'occasion de la présentation du rapport "En quoi la net-économie transforme-t-elle notre société?". Parmi les propositions envisagées par certains, figurait notamment la possibilité de faire entrer l'ordinateur au sein même de l'isoloir. D'après Robert Denis del Picchia, il ne faut pas faire l'amalgame entre deux systèmes bien distincts. "Il ne faut pas confondre le vote électronique et le vote sur Internet. Dans le premier cas, il s'agit simplement d'une machine sur laquelle les électeurs peuvent aller voter. Ce système permettrait par exemple d'éviter les problèmes qu'ont connu les Etats-Unis lors des dernières élections présidentielles. En ce qui concerne le vote sur Internet, il ne s'agit pas de faire venir l'électeur, mais de lui donner la possibilité de voter, même si ses conditions géographiques ne lui permettent pas."

L'argument principal des défenseurs du vote sur Internet concerne les taux d'abstentions, importants en France. Le député Alain Ferry (UDF) vient de déposer à l'Assemblée Nationale une proposition de loi visant à autoriser le vote en ligne. Au cours de sa présentation, Alain Ferry a mis en avant les 30% d'abstention aux dernières législatives ainsi que les 70% enregistrés lors du référendum sur le quinquennat. "Nous n'en sommes qu'aux balbutiements du vote sur Internet, conclut Robert Denis del Picchia. Le taux d'équipement actuel ne permettrait pas de généraliser ce système. Par contre, nous pouvons imaginer que dans dix ou quinze ans, le taux d'équipement soit tel que le vote sur Internet pourrait être une solution réellement efficace, mais toujours en complément du vote traditionnel."

[Philippe Rémond, JDNet]
 
 
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