Créée en janvier 2000 par Christophe Cornuejols
et sa femme, Dominique, la société Nomatica
souhaite s'inscrire sur le Marché libre de la Bourse
de Paris avant l'été. Ce site spécialisé
dans la vente de produits photo et vidéo numérique
revendique un chiffre
d'affaires de 21 millions de francs pour son premier exercice
d'une durée exceptionnelle de quinze mois et surtout
un résultat
net positif. Une exception dans le secteur du e-commerce.
Détail de la méthode prudente de cette petite
société, basée à Labège
dans la région toulousaine, avec son fondateur.
La
création du site.
"Uniquement en interne. Nous avons fait un prototype
et nous avons tout développé avec ma femme,
qui est informaticienne. Le design est donc loin d'être
parfait et esthétique mais au moins le site fonctionne
bien. Nous sommes hébergés chez une société
de Blagnac, DDO Organisation.
Le site a été lancé en décembre
1999."
Le
financement. "Aucun pendant plus de
six mois. C'est pour cela que nous voulions impérativement
être à l'équilibre car nous ne pouvions
pas nous permettre d'avoir des pertes. Nous avons effectué
ensuite une petite levée de fonds de 2,6 millions de
francs auprès de business angels locaux au milieu de
l'année dernière. Cet argent était surtout
destiné à disposer d'un peu de stocks. Car quand
vous êtes une start-up, il ne faut pas s'attendre à
avoir de cadeaux ou d'encours de la part des fournisseurs."
Se
faire connaître.
"Dans la mesure où
nous ne pouvions pas faire de publicité par manque
de moyens, nous avons choisi de travailler notre référencement
sans utiliser les services d'un prestataire. Nous nous sommes
donc évertués à être le plus présent
possible sur les moteurs de recherche pour les requêtes
liées au matériel de photos numériques.
La seconde source de notoriété la plus importante
a été incontestablement les comparateurs de
prix. Comme nous
proposons des prix très bas, nous
apparaissons souvent en premier sur ces sites. Enfin un troisième
tiers provient du bouche-à-oreille. Beaucoup de clients
viennent sur Nomatica parce que le site leur a été
recommandé par d'anciens acheteurs."
La logistique.
"C'est un paramètre compliqué mais quand
on parle de logistique, il me semble que les gens pensent
trop aux cybermarchés. Contrairement à eux,
nous n'avons pas besoin d'avoir tous les produits sous la
main, ce qui rend la tâche moins ardue. Nous avons un
petit local de stockage dans nos bureaux à Labège.
Nous travaillons énormément en flux tendu pour
ne pas avoir de stocks qui s'accumulent. Nous avons notamment
utilisé un logiciel de statistiques qui analyse nos
ventes.
Cela nous permet de créer de petits stocks tampons
pour les produits les plus demandés."
Les
problèmes du paiement en ligne et des livraisons.
"J'avoue que je suis surpris quand je lis que des marchands
échouent à cause de la peur du paiement en ligne
de la part des consommateurs. Il existe en France un système
qui s'appelle le contre-paiement. C'est à dire que
vous payez le colis après réception à
La Poste et ce, avec n'importe quel moyen de paiement. Deux
tiers de nos ventes se sont effectué grâce au
contre-remboursement. Les gens ont beaucoup plus confiance
dans ce système, même si le paiement en ligne
gagne un peu de terrain. En revanche, il est vrai que les
retards dans les livraisons sont une vraie source de problème.
Nous avons eu quelques clients mécontents à
cause de cela."
La
concurrence.
"Il y a Booston ou Marcopoly, mais ces sociétés
font des pertes et sont peut être moins spécialisées.
Sinon, il y a évidemment la Fnac. Mais ils ont un problème
car ils ne peuvent pas proposer des prix plus bas que leurs
magasins physiques. Donc l'offre est moins compétitive
que la nôtre, notamment chez les comparateurs de prix.
La
confiance du consommateur vis à vis de Nomatica.com.
"C'est
le vrai problème. Nous avons mis en place un numéro
de téléphone pour que les gens posent des questions.
Quatre personnes de différentes nationalités
sont chargées de cette tâche. Les gens veulent
souvent vérifier que ce qui est écrit sur le
site a une réalité physique et que tout n'est
pas bidon. Mais c'est vrai qu'il y a un problème de
crédibilité énorme pour le e-commerce
en général. Par ailleurs, les gens ont du mal
à comprendre parfois que nous ne gérions pas
le service après-vente. C'est du ressort du fabricant
dans notre cas."
Les chiffres et les marges.
"Nous avons un taux de
marge brute de 12 à 15%. Cela s'améliore, car
nous étions à moins de 10% l'an dernier. Désormais,
comme nous vendons plus, nous pouvons commander en plus grande
quantité auprès des fabricants. Cela réduit
donc les prix. Au 31 décembre, notre résultat
net était positif, sachant que nous employons douze
personnes en tout. Notre panier moyen est de 4.000 francs
et nous avons vendu le mois dernier 800 appareils, soit un
chiffre d'affaires hors taxes de plus de 3 millions de francs.
Selon notre outil de mesure Webtrends, nous enregistrons 150.000
visiteurs uniques par mois. Depuis la création
du site, nous avons vendu nos produits dans 45 pays et nous
comptons 72% d'acheteurs en France."
L'avenir...
"Le
site est maintenant disponible en cinq langues, puisque nous
avons ouvert une version en allemand. Nous allons également
ouvrir, après de multiples demandes, un espace de vente
de matériel d'occasion. Mais nous ne prélèverons
aucune commission sur les transactions entre les deux parties.
C'est juste un service de plus que nous voulons rendre. Nous
souhaitons également nous inscrire sur le Marché
Libre. Cela devrait nous procurer un peu plus de crédibilité,
sachant que nous n'y allons pas pour lever des fonds. En revanche,
cela pourrait nous permettre de disposer d'une monnaie d'échange
pour acquérir éventuellement un autre site en
Europe. Nous voulons être plus présents sur le
continent et il serait bon pour nous de trouver un point d'ancrage
dans un autre pays. De plus, si 95% des sites font faillite
cette année, cela pourrait permettre de récupérer
de bons actifs sans dépenser des sommes folles."
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