Les
vannes coupées... Depuis mardi, quelques 600
sites français sont absents de la Toile (voir
la liste des
principaux concernés). Tous ces fantômes
du Net ont un point commun : ils étaient
clients de l'hébergeur breton Cyberouest. Ce
dernier a
été mis en redressement judiciaire lundi
dernier par le Tribunal de commerce de Vannes. La société
a été placée en cessation de paiement
mais a obtenu le délai d'observation maximum
de six mois pour trouver une solution à cette
situation. Mais les six mois n'étaient pas du
goût de France Télécom qui, faute
de paiement sur des arriérés, a coupé
les tuyaux de Cyberouest.
L'histoire
de cette impasse, débute avec la publication
des résultats 2000 de l'hébergeur. Celui-ci
a réalisé l'année dernière
un chiffre d'affaires de 35 millions de francs pour
des pertes nettes de 6 millions de francs et se situait
en dessous des objectifs fixés. Avec un carnet
de commandes vide, les actionnaires historiques que
sont le Télégramme de Brest (38% du capital),
le fonds d'investissement belge Isis, ainsi que des
business angels et des investisseurs privés,
ont donc décidé de ne plus soutenir l'hébergeur.
Toutefois, les 143 salariés de la société
resteraient motivés et souhaiteraient continuer
leurs activités pour aider leur entreprise à
trouver une solution positive.
Cette
situation somme toute commune -même si le nombre
de salariés touchés est conséquent-
aurait pu ne pas faire de vagues sans la décision
unilatérale de France
Telecom Transpac d'interrompre les lignes Web de
l'hébergeur. En conséquence, ce sont 600
sites Internet qui ne répondent plus depuis mardi
après-midi. Parmi eux, se trouvent le site du
Télégramme de Brest, le city guide Vivalaville,
ou encore le site Sail-Online. "En raison d'un
défaut de paiement de notre part, Transpac a
décidé brutalement de couper notre bande
passante, rendant invisibles tous les sites que nous
hébergions, indique Pierre Cheminant, responsable
de l'agence de Rennes de Cyberouest. Cette situation
risque d'avoir des conséquences en cascade sur
tous les sites hébergés. Nous estimons
que ce sont 350 salariés qui sont directement
ou indirectement susceptibles d'être touchés."
Afin de rétablir la bande passante au plus vite,
Cyberouest a assigné en référé
France Télécom auprès du Tribunal
de Nanterre hier après midi.
Les
salariés de Cyberouest se sont unanimement élevés
contre cette situation qui pénalise à
la fois l'hébergeur dans ses tentatives pour
trouver un repreneur mais aussi les sites hébergés.
"En agissant ainsi, Transpac nous empêche
de sortir la tête de l'eau et nous pousse dès
à présent vers la liquidation judiciaire,
affirme Stéphane Langlois, chef de projet et
président du comité d'entreprise de Cyberouest.
Cependant, tous les salariés sont motivés
pour poursuivre les activités et nous n'allons
pas laisser France Télécom agir de la
sorte."
L'opérateur,
lui, s'estime dans son droit. Celui-ci enregistre des
arriérés de paiement depuis un an et avait
fixé un échéancier dont la première étape
était au 30 juin. Ne recevant pas de paiement
partiel à cette date, France Télécom
a décidé de couper la bande passante.
Depuis plus de deux jours les sites hébergés
sont donc invisibles et, malgré les messages
de soutien, nombreux parmi eux sont ceux qui risquent
de chercher une autre solution d'hébergement
assez rapidement. De quoi faire des heureux chez les
hébergeurs concurrents de Cyberouest, parmi lesquels...
France Télécom.
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