On savait la situation
sociale tendue au sein du groupe iBazar
depuis l'annonce d'un plan social qui doit toucher un
cinquantaine de salariés du siège parisien
(lire l'article
JDNet du 19/07/01). Mais la situation s'est détériorée
lundi avec le déclenchement d'une nouvelle grève
pour une durée, cette-fois, illimitée
par le syndicat Cesial qui compte 21 adhérents
chez les salariés du groupe. Ce syndicat, issu
de l'UFT (Union française du travail et des Syndicats
libres), a été contacté par plusieurs
salariés d'iBazar au lendemain de la signature
de l'accord avec eBay.
Au coeur du conflit figurent
pêle-mêle,
le plan social portant sur 50 postes, des heures supplémentaires
non payées, le non-paiement des primes sur les
résultats annuels atteints (qui n'auraient jamais
été versés selon les représentants
du Cesial) et un plan de stock-options né à
l'occasion du second tour de table du groupe et dont
la valorisation a été réduite à
néant sur la base du montant de l'opération
de cession à e-Bay. Un
préavis de grève a été adressé
à la direction en fin de semaine dernière
par le syndicat et lundi matin, dès 8 heures,
un piquet de grève était en place devant
les locaux du groupe iBazar. "Face à la
mauvaise volonté évidente de la direction
qui a mis fin aux dicussions en cours, jeudi matin,
explique Guillaume Bouton, délégué
du personnel et membre du Cesial, nous avons souhaité
durcir le ton."
Un durcissement qui a même
pris un virage plus violent : en milieu de journée,
deux vigiles auraient tenté, en vain, de déloger
les grévistes en s'introduisant de force dans
les locaux puis en dispersant du gaz lacrymogène.
Quelques minutes plus tard, le piquet de grève
s'est reformé et les deux individus restés
dans les locaux auraient été emmenés
par un véhicule de police.
Quelques heures plus tôt, en arrivant pour prendre
leur poste hier matin, certains salariés, non
prévenus, ont eu la surprise d'être refoulés
par les grévistes qui leurs offraient du café
et des croissants tout en expliquant leur action. Dans
la matinée, la direction d'iBazar France a interrogé
individuellement chacun des salariés présents
sur le site pour rencenser le nombre de gréviste
déclarés. "Une cinquantaine de personnes
étaient présentes et déclaraient
soutenir le mouvement, explique Guillaume Bouton. Mais
seule la moitié a osé se déclarer
gréviste, car parmi eux tous ne faisaient pas
partie du plan social. En outre la direction leur précisait
que la journée ne leur serait pas payée
s'ils se déclaraient grévistes."
La direction d'iBazar a ensuite invité les non-grévistes
à regagner leur domicile en leur indiquant que
cette journée ne leur serait pas décomptée.
Hier, en fin d'après-midi,
la direction ne recensait officiellement que cinq grévistes,
contre une quinzaine de personnes selon le syndicat.
Actuellement les négociation
sont au point-mort malgré l'arrivée de
Michael Van Swaaijn, vice-président Europe d'eBay
au siège d'iBazar. Les manifestants indiquent
être prêts à dormir sur les lieux
pour faire entendre leurs revendications. "La direction
a formulé plusieurs propositions mais refuse
de les consigner par écrit, indique Guillaume
Bouton. Nous ne bougerons pas sans des engagements sérieux
et écrits du groupe. Mais notre action reste
pacifique et nous avons d'ailleurs prévu un barbecue
ce soir dans la rue" Les responsables français
du groupe iBazar sont pour leur part restés injoignables
toute la journée, occupés, de source officielle,
par plusieurs réunions successives.
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