Médias
Jacques Rosselin : "Comment CanalWeb peut continuer..."
Le fondateur de la web TV revient sur les dernières négociations autour de son capital qui ont précédé le dépôt de bilan et échafaude un scénario de continuation d'activité. --> (Jeudi 27 septembre 2001)
         
Canalweb a annoncé hier mercredi son dépôt de bilan (cf article du jour). Son fondateur, Jacques Rosselin, revient sur les derniers soubresauts qu'a connu la web TV. Il reste persuadé de la pertinence des programmes vidéo en ligne. Selon lui, ce type de contenu continue de séduire des acteurs engagés dans le haut débit : FAI, opérateurs satellites... L'émission de real TV Sarno 10/18, diffusée sur Canalweb.net et qui sera mise en ligne dans la journée de jeudi, sera consacrée aux dernières heures que vient de vivre la web TV.

JDNet. Comment vivez-vous les derniers rebondissements autour de Canalweb ?
Jacques Rosselin. Naturellement mal. Je considère cette situation comme un échec. Depuis fin juillet, nous avons cherché des investisseurs qui pouvaient se substituer à Galileo et à Paribas Affaires Industrielles par l'intermédiaire de Clinvest. Nous avons naturellement pris contact avec les grands groupes français type Lagardère, Vivendi Universal, France Télécom... Et puis, nous avons rencontré des acteurs de moindre envergure comme Europe Online [NDLR, un opérateur luxembourgeois de télévision numérique]. Nous avions signé avec eux un protocole d'investissement le 31 août. L'accord a été dénoncé par son conseil d'administration quelques jours plus tard. Visiblement, deux actionnaires importants s'y opposaient. Ce sont eux qui ont bloqué la fusion. Ensuite, nous avons entamé des discussions avec Eutelsat.
Lundi, la direction de l'opérateur satellite nous a finalement fait savoir qu'elle ne suivrait pas. Je remarque au passage que les acteurs qui ont porté le plus d'intérêt à Canalweb proviennent du monde de la diffusion satellite. Je crois que c'est symptomatique de ce qui va arriver : les opérateurs satellite vont être au coeur de la bataille pour la diffusion broadband de programmes. Les discussions avec Eutelsat m'ont rappelé les discussions du début des années 90 autour du développement de la télévision numérique. Eutelsat avait suscité la création du bouquet numérique TPS, qui est son client. Nous travaillons d'ailleurs avec Eutelsat sur le projet Smartcast pour leur plate-forme
Open-Sky. Mardi, nous avons décidé de déposer le bilan. La déclaration de cessation de paiement a été effectuée mercredi matin.

Dans quelle type de configuration Canalweb pourrait survivre ?
Dans une quinzaine de jours, le tribunal de commerce de Paris statuera sur le destin de Canalweb. Soit j'arrive avec un repreneur et un financement minimum, ce qui me permettra de tenir pendant la période dite d'observation, d'un mois sans doute. Mais dans ce cas, la configuration ne sera plus la même, Canalweb pourra garder 35 personnes [NDLR, soit un tiers de l'effectif actuel]. Nous garderons les mêmes activités mais la production de programmes propres sera réduite au minimum. La préférence sera accordée à l'agrégation d'émissions interactives et nous continuerons à faire tourner les 6 à 7 000 programmes que nous détenons sur notre site. Nous venions d'ailleurs de signer avec la chaîne Comédie dans ce sens. Nous devrions nous recentrer également sur le BtoB. Mais si je ne présente pas de solution en apportant un chèque, la liquidation sera prononcée. La tentation pour un repreneur, c'est de choisir cette liquidation, qui permet d'écarter les actionnaires actuels et de se débarasser du passif (2 millions d'euros soit deux mois d'activités de Canalweb) mais la procédure est plus hasardeuse. Il reste également l'option d'un plan de redressement par cession, une option plus propre au niveau juridique.

Vous n'avez pas l'impression de suivre les pas de votre modèle initial américain, Pseudo.com, qui a dû également se déclarer en faillite ?
Je me suis complètement inspiré de ce qu'avait créé Josh Harris, fondateur de la web TV américaine et qui est un vieil ami. Je m'étais engagé à surmonter les difficultés qu'il avait rencontrées dans son aventure. Je pense que Pseudo.com dépensait trop d'argent par mois (1). Sa plate-forme technologique n'était pas aussi développée. De plus, la web TV américaine ne s'était pas réellement engagée dans le BtoB alors que Canalweb engrangeait un chiffre d'affaires d'un million de francs par mois avec ce type de prestations. Nous avons également un réseau de web TV locales, TV Web Régions (2). Le groupe Ouest-France vient de rejoindre ce projet. Nous avons eu également une expérience courte de programmes payants (via le service pour adultes MySexyTV). Nous avons eu une centaine d'abonnements à 69 francs. En terme d'abonnement, nous avions fédéré un tiers d'abonnés et deux tiers d'utilisateurs avaient opté pour le "pay per minute". Cela nous a servi de laboratoire de développement. On peut lancer des initiatives seuls dans notre coin mais je suis persuadé que l'avenir est dans la collaboration avec les fournisseur d'accès Internet. Les internautes paient déjà 300 francs par mois pour avoir du haut débit. Je pense qu'il faut que l'on s'inspire des modèles de télévision numérique. Le contenu doit être compris dans le fortait Internet mais dans un modèle qui comprend une rétribution pour le fournisseur de contenu.

(1) À court de fonds, Pseudo.com n'a pu trouver de repreneur. La web TV pionnière américaine a annoncé la fin de ses émissions en septembre 2000. En février 2001, Pseudo.com est racheté par INTV, qui produit des contenus interactifs pour la télévision numérique pour deux millions de dollars. Le projet devait repartir en automne. En attendant, le site d'INTV propose un icône pseudo.com avec une série d'animations proposées sous forme de clips.

(2) Société détenue à 80% par cinq grand titres de la PQR : Nouvelle République du Centre-Ouest, Sud-Ouest, Dépêche du Midi, Télégramme de Brest, Le Parisien. Le reste du capital est dans les mains de Canalweb.

[Philippe Guerrier, JDNet]
 
 
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