Universal Music France
(filiale de Vivendi-Universal) va ouvrir le 2 novembre
e-Compil.fr,
un service de téléchargement payant proposant dans un
premier temps environ 600 titres issus du catalogue
maison (d'Elton John à Johnny Halliday en passant par
U2, Patrick Sébastien ou Florent Pagny). Des discussions
seraient engagées avec des labels indépendants
pour les faire entrer sur un service "ouvert à tout
le monde". Disponibles au format Windows Media Player
et pouvant être gravés sur un CD, les morceaux seront
vendus selon trois formules, un abonnement à dix titres
par mois pendant six mois (8 euros), un autre à vingt
titres (15,5 euros), ou vingt titres "sans engagement"
pour 18 euros. Des prix "un petit peu en dessous de
ceux de la vie normale", selon Pascal Nègre, le
PDG d'Universal France, qui affirme que "les coûts
informatiques d'un tel service sont équivalents à ceux
de la fabrication d'un disque". Le paiement se fait
par carte bancaire (via le service de paiement sécurisé
de la Société Générale), mais un premier accord a été
signé avec Club Internet permettant aux abonnés de ce
dernier d'être facturés par le FAI. Le site a été réalisé
par Fullsix,
qui assure également la gestion numérique des droits
et est hébergé par Cable&Wireless, Akamai
se chargeant du streaming.
Pour Pascal Nègre, ce service
strictement français (par précaution, le nom de domaine
e-compil.com a cependant été déposé par Universal Music
France) constitue "une expérience. C'est la première
fois qu'une maison de disque essaye de vendre de la
musique sur Internet et nous allons tester le marché."
Le projet e-compil a nécessité "quelques millions de
francs d'investissement" et sera jugé satisfaisant s'il
séduit 20.000 clients, la cible prioritaire étant les
25-40 ans demandeurs d'un service informatif et simple
et non les 15-25 ans, ces "napstériens" rompus au piratage.
E-compil bénéficiera d'une campagne de promotion en
ligne et a signé des accords d'affiliation avec plusieurs
sites issus de la galaxie Vivendi (Vizzavi, i-France,
Canal Plus, Divento) ou d'ailleurs (Nrj, Msn, Rueducommerce
).
Si le PDG d'Universal France
insiste sur le caractère local et expérimental d'e-compil,
c'est aussi parce Universal Music (monde) concocte avec
Sony Music le service Pressplay, aux caractéristiques
très proches, qui doit apparaître avant la fin de l'année
aux Etats-Unis avant d'être proposé en Europe en 2002.
"Tout ce qu'on va apprendre avec e-compil servira pour
le lancement de Pressplay en France", justifie Pascal
Nègre, que l'idée de lancer deux services et deux marques
en l'espace de quelques mois ne préoccupe pas. Il insiste
sur la "prudence et la modestie, deux mots à la mode
aujourd'hui sur Internet" de e-compil, mais laisse ouvert
le choix entre transférer ce dernier sur Pressplay lorsque
ce dernier arrivera, ou bien "les faire cohabiter si
e-compil marche".
Quelques initiatives ont
déjà fleuri en France en matière de téléchargement payant,
de l'ouverture en mars dernier du service Digifnac sur
le site de la Fnac (Lire l'article
du JDNet du 01/03/01) à l'opération en cours sur le
nouvel album de Miossec, proposé sur le site des Incrockuptibles
(Lire l'article
du 24/10/01). Mais le "téléchargement de musique en
toute légalité contre paiement" est encore totalement
embryonnaire en France. Nul ne sait si le retard pris
par Pressplay (le lancement prévu à l'automne a été
retardé alors que celui de son concurrent, MusicNet,
est imminent) a incité Universal France à prendre les
devants. Mais forte de ses 35% de part de marché en
France, cette dernière, qui a "toujours été en avance
sur le Web", selon son PDG, veut déjà occuper le créneau.
Car, assène-t-il,
"l'obsession des maisons de disques est de protéger
la musique pour qu'elle ne se ballade pas sur Internet".
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