Imaginez
qu'un jour, en France, Caramail, Yahoo ou iFrance décident
de taxer les mass-mailings reçues sur les adresses
mails gratuites des internautes. La mesure ferait à
coup sûr bondir portails, sites marchands et prestataires
qui travaillent quotidiennent avec le courrier électronique
via le mail-marketing ou les newsletters. Le scénario
peut prêter à sourire pourtant, selon le
Korea Herald, une telle affaire agite le landerneau
de l'Internet en Corée du Sud depuis le 18 décembre
dernier.
Daum
Communication, l'un des plus gros éditeurs coréens
avec son portail Daum.net, a décidé de
mettre en place une commission côté émetteurs
sur les mass-mailings afin de compenser les coûts
techniques liés au trafic généré.
Les mails reçus en grande quantité ne
sont délivrés aux destinataires qu'après
le paiement de cette dîme. Or Daum, grâce
à son service de mails gratuits Hanmail.net,
trône sur le marché coréen du courrier
électronique avec plus de 24 millions d'adresses
créées.
Contraintes
de subir en prise directe cette mesure, une vingtaine
de dotcoms coréennes ont depuis quelques jours
entamé une véritable guerre de tranchées
pour faire plier Daum et son nouveau modèle payant.
Des
sites communautaires coréens ont d'ores et déjà
interdit aux internautes utilisant une adresse mail
Hanmail.net d'administrer des services ou des sites
personnels. D'autres éditeurs refusent depuis
le début de l'année les adresses mails
Hanmail.net dans leur questionnaire d'inscription. Enfin,
un site spécialisé dans les e-cards a
décidé de réserver ses services
gratuits aux internautes ne disposant pas d'adresses
mails Hanmail.net.
Le
choix de Daum, qui consiste à se retourner vers
les émetteurs plutôt que vers les récepteurs,
illuste la grande difficulté que doivent affronter
les éditeurs proposant des adresses mails gratuites
afin de basculer en modèle payant. Proposer sous
forme d'abonnement aux internautes, ce type de service
requiert en effet un support technique élevé
afin d'assurer une haute qualité de service comparable
aux FAI. Signe de cet enjeu, il y a quelques semaines
de cela, Daum s'est retrouvé attaqué en
justice par des internautes qui avaient perdu des données
sur leurs adresses mails Hanmail.net. La justice coréenne
avait alors estimé que la société
Daum ne pouvait être tenue pour responsable de
ces problèmes, le service de mails étant
gratuit.
Quoiqu'il
en soit, la quête de la diversification enclenchée
par Daum Corporation, qui est cotée sur le Kosdaq
depuis novembre 1999, semble séduire les investisseurs.
La semaine dernière, la société
a bouclé une augmentation de capital de 25,5
millions d'euros en émettant 800.000 nouvelles
actions. Cette nouvelle manne a été apportée
par le Crédit Agricole. L'établissement
bancaire français a sûrement été
sensible aux résultats de Daum qui a enregistré,
en novembre dernier, son chiffre d'affaires mensuel
le plus élevé depuis sa création
avec 9,5 millions d'euros.
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