La
deuxième grande affaire de fraude boursière
Internet au faux communiqué de presse a désormais
son présumé coupable : Ned Sneiderman,
un Américain de 24 ans domicilié dans
le Kentucky. D'après l'enquête de la SEC
(Securities Exchange Commission), l'homme serait l'auteur
du faux document diffusé le 10 octobre dernier
sur Yahoo! Finance. Ce prétendu communiqué
de presse, qui disposait d'un en-tête officiel,
indiquait que Extreme Networks, une société
spécialisée dans les infrastructures broadband,
venait de boucler l'acquisition de Viasource Communications,
autre société centrée sur les technologies
haut débit.
Les
deux sociétés, cotées sur le Nasdaq,
ont alors enregistré un violent regain d'intérêt
de la part des investisseurs. En moins d'une heure,
l'action Viasource Communications s'est envolée
de plus de 100% pour atteindre les 22 cents, soit un
gain de 5,21 millions d'euros sur la capitalisation.
Pour la seule journée du 10 octobre, un peu moins
d'un million de titres ont été échangés
sur la position. Une semaine auparavant, le volume moyen
oscillait entre 10.000 et 70.000 actions par jour. Plus
de deux heures après la diffusion du faux communiqué
de presse, les deux sociétés concernées
ont finalement produit un démenti officiel, la
SEC ordonnant dans la foulée la suspension des
titres concernés.
L'enquête
de la SEC, qui a duré près de trois mois,
s'est appuyée sur l'analyse des flux financiers
avant et après la publication du document "bidon"
sur Yahoo. En matière de société
cotée, la diffusion de fausse information est
en effet souvent motivée par l'appât du
gain. Ned Sneiderman, qui vient d'être officiellement
poursuivi en justice par la SEC, avait justement passé
un important ordre d'achat sur Viasource Communications
quelques minutes avant la propagation du faux communiqué
de presse.
Cette
nouvelle affaire n'est pas s'en rappeler le cas Emulex
en août 2000. A l'époque, Mark Jakob, un
étudiant américain de 23 ans, avait publié
un faux communiqué de presse sur Internet Wire.
Le document annonçait le départ du PDG
d'Emulex et la révision à la baisse des
résultats de l'entreprise spécialisée
dans les fibres optiques. En un quart d'heure, le titre
de la société perdait plus de 60% de sa
valeur sur le Nasdaq, soit 2,1 milliards d'euros de
capitalisation. Mark Jakob, qui a acheté puis
revendu à découvert des titres Emulex en anticipant
la baisse, avait alors empoché 260.000 euros.
En juillet dernier, un an après les faits, Mark
Jacob a été condamné à payer
un total de 505.000 euros de dommages et intérêts
en plus du reversement de la manne frauduleusement acquise.
Ces
deux affaires boursières, qui soulignent la puissance
de propagation de l'Internet mais aussi les failles
de sécurité des portails financiers, ne
sont pas uniques dans l'histoire du Net américain.
Depuis cinq ans, plusieurs dizaines de communiqués
de presse "bidonnés", aux motivations
plus ou moins claires, ont été lâchés
sur Internet. Fausses créations d'entreprise,
fausses alertes sur des produits alimentaires et fausses
annonces de décès ont ainsi été
introduites, avec plus ou moins de succès, dans
la grande boucle du Web. A côté de ces
faux documents circulent d'autres armes tout aussi affûtées :
les mails canulars et les messages "téléguidés"
postés sur quelques forums influents.
|