Fondé à la
fin 1999 par Sébastien Wolff et Arthur Lepage,
tous deux fraîchement sortis d'HEC, Dealpartners,
spécialiste de l'achat groupé, n'a pas
connu le destin funeste du Clust.com. Depuis le mois
de novembre dernier, ce réseau de vente de produits
high-tech en marque blanche et en direct a atteint la
rentabilité. Cela n'a toutefois été
possible qu'au prix d'un bouleversement de son modèle
économique, puisque l'achat groupé ne
représente plus qu'une petite partie de son chiffre
d'affaires. Depuis août 2000, la société
est présidée par Jacques Lepage, père
de l'un des deux fondateurs, les investisseurs ayant
exigé un senior pour gérer la société.
Jacques Lepage, ancien repreneur d'entreprises aux Etats-Unis
notamment, a donc quitté sa retraite et s'est
plongé dans le projet Dealpartners en y amenant
sa spécialité : le rachat d'entreprises
en difficulté. Il revient sur la saga Dealpartners.
La
création du site. "Le site d'achat groupé
UnionDream a été créé au
coeur de la vague Internet, à l'automne 1999.
Sa mise en ligne a eu lieu le 17 janvier 2000, le même
jour que Clust, un site concurrent à l'époque,
et qui avait été lancé par Joël
et Christian Palix. Nous sommes d'ailleurs partis sur
les mêmes bases qu'eux avec la volonté
d'investir d'importantes sommes dans la communication
pour nous lancer. Mais, dès février-mars
2000, nous avons fait marche arrière car nous
ne voulions pas bruler l'ensemble de notre capital.
Nous avons donc opté pour de la marque blanche,
c'est-à-dire une solution d'achat groupé
clé en main pour des sites n'ayant pas pour vocation
première à être marchands. C'est
à ce moment que nous avons dissocié UnionDream,
notre site d'achat groupé, et Dealpartners, la
société éditrice à la tête
du réseau. Puis au printemps 2000, une nouvelle
tendance a émergé dans l'Internet français
: le développement à l'étranger.
Il fallait absolument inscrire dans son business plan
un développement paneuropéen. C'est ainsi
que nous avons ouvert la Grande-Bretagne et l'Italie,
que nous avons investi en Espagne et voulions le faire
en Allemagne. Rien qu'en Grande-Bretagne, nous avons
eu jusqu'à 110 affiliés, dont de grands
noms comme Egg ou Altavista."
La
phase de croissance externe. "A l'été
2000, les investisseurs ont demandé un senior
pour diriger la société. Mon fils est
donc venu me voir pour que je devienne le président
de Dealpartners. Ayant fait toute ma carrière
dans l'achat et la vente d'entreprises industrielles
aux Etats-Unis, j'ai imprimé ma "marque"
sur la société à mon arrivée.
Nous avons fait le tour des sites concurrents pour identifier
ceux que nous pourrions acquérir. C'est à
cette occasion que nous avons eu l'opportunité
de racheter Clust, qui était en difficulté.
Cela s'est fait en octobre 2000. Nous avons ainsi pu
bénéficier d'une marque avec une très
forte notoriété pour un investissement
relativement bas [moins d'un millions d'euros, ndlr].
Par la suite, nous avons aussi réussi à
faire rentrer d'autres sites d'achat groupé dans
notre réseau d'affiliés(LeSpot, KoobuyCity
[tous deux détenus par Impact Net, ndlr]
etc.). La seule nécessité était
de racheter ou de louer l'URL, puisque nous appliquons
un même back office à tous ces sites tout
en gardant leur identité graphique. A la limite,
les gens ne s'aperçoivent pas du changement.
Cette phase de croissance externe s'est accompagné
d'une concentration en France avec la fermeture en juin-juillet
2001 de nos bureaux à l'étranger pour
assurer une rentabilité rapide. Nous avons également
effectué une sélection parmi nos affiliés
pour n'en garder qu'un noyau, une trentaine de sites,
dont ceux de M6 et Bonjour.fr."
Le
positionnement. "A l'origine, nous avions misé
sur l'achat groupé et la prestation en marque
blanche mais il s'agit là de deux fausses-bonnes
idées. Notre objectif était de réaliser
75% de nos ventes par le biais de nos affiliés
et 25% par nos marques propres. En fait, c'est le contraire
qui s'est produit. Nous réfléchissons
même à fusionner nos deux sites en vente
directe Clust et UnionDream pour capitaliser encore
mieux sur une des deux marques en 2002. De même,
la "location" de l'URL de Lestbuyit France,
dont les activités ont cessé depuis plusieurs
mois, semble être une réussite. Les ventes
ont repris immédiatement à partir de la
ré-ouverture, le 15 décembre 2001.En ce
qui concerne la vente en achat groupé, c'est
aussi une fausse-bonne idée puisque les clients
attendent avant tout une livraison rapide et, en second
lieu seulement, des prix compétitifs. Actuellement,
l'achat groupé ne permet pas une livraison en
moins de quinze jours, alors que les gens veulent leurs
produits en moins d'une semaine. C'est pourquoi nous
avons évolué vers de l'achat direct, qui
représente maintenant 85% de nos ventes. Quant
aux prix, ils sont aussi compétitifs que ceux
de RueduCommerce. Nous gardons cependant toujours en
tête cette idée d'achat groupé mais
il faudra attendre quelques années et une population
d'internautes plus vaste pour pouvoir concentrer 100
à 200 intentions d'achat d'un même produit
en un à deux jours."
La
logistique. "Il est clair que dans notre domaine,
l'aspect back office et livraison est crucial pour réussir.
C'est pourquoi nous avons opté pour la création
d'un ERP développé en interne et qui pouvait
gérer en temps réel les produits en stock,
les commandes nécessaires auprès des fournisseurs
et même la comptabilité. Nous avons aussi
opté pour un suivi très précis
des livraisons avec UPS et il est maintenant possible
de savoir à tout moment où se situe son
produit. Nous travaillons aussi avec Colissimo et Chronopost
et nous proposons la livraison par créneau horaire
sur Paris. Le 24 décembre, nous avons livré
jusqu'à 16h00 et les clients pouvaient même
venir chercher leurs produits directement à notre
entreprôt de Saint-Ouen. Côté relation
clients, six personnes gèrent notre numéro
vert. Les gens ont surtout tendance à appeler
pour se renseigner avant l'achat et cela nous permet
de leurs conseiller d'autres produits complémentaires
de ceux qu'ils souhaitent acquérir. C'est pourquoi
nous réfléchissons à étendre
en 2002 cette équipe, puisque c'est générateur
de plus de ventes et que cela rassure les clients."
Les
produits et les fournisseurs . "Nous avons
un catalogue de 2.000 produits en ligne
et la possibilité d'étendre encore ce
chiffre. 75% de notre chiffre d'affaires provient de
la vente de produits high-tech (hifi, home cinema, informatique,
TV, camescopes...). Le reste est généré
par des rubriques comme la maison, le jardin, les voyages
ou les événements. Elles nous permettent
de proposer des produits innovants et d'étonner
nos clients. Par exemple, notre opération de
vente de stages chez Porsche a été une
grande réussite malgré un prix relativement
élevé. D'une manière générale,
nous misons sur le fait que nous proposons des produits
à la mode, qui ne sont parfois même pas
sortis officiellement en France. En dehors de nos accords
commerciaux en direct avec des marques, nous travaillons
en effet avec des distributeurs européens, ce
qui nous permet de nous approvisionner très tôt
sur des produits rares et très tendances."
La
cible. "60% de nos clients vivent en province
ce qui, quand on y réfléchit bien, est
logique puisqu'ils ont plus de difficulté à
se rendre dans un magasin comme Darty ou La Fnac. La
moyenne d'âge est de 28-30 ans et il s'agit d'hommes
à 55%. Mais, finalement, nous connaissons assez
mal le profil de nos clients et c'est une des choses
sur lesquelles nous allons travailler cette année :
l'aspect marketing."
Les
résultats. "Nous avons réalisé
11,83 millions d'euros de chiffre d'affaires (ventes
nettes) en 2001, contre 1,5 million d'euros en 2000.
Cela représente une multiplication par huit.
Les ventes ont décollé depuis que nous
avons opté pour de la vente en achat direct et
non plus en achat groupé. Nous sommes rentables
depuis le mois de novembre, où nous avons réalisé
un peu plus de 1,5 million d'euros de ventes nettes.
Le panier moyen se situe aux alentours de 2.000 francs
avec une légère baisse (entre 1.500 et
1.800 francs) pendant les fêtes de fin d'année.
Le mois de décembre a été excellent
puisque nous avons réalisé un peu moins
de 3,5 millions d'euros de chiffres d'affaires. Le mois
de janvier 2002 devrait atteindre 80% de ce montant.
C'est pourquoi nous sommes confiants pour l'année
à venir. Nous tablons sur un chiffres d'affaires
annuel de 39 millions d'euros, trois fois celui de 2001.
Notre cash flow positif va nous permettre d'autres développements.
La marge que nous réalisons sur les produits
que nous vendons est actuellement entre 8 et 20%. En
2002, l'objectif est une marge moyenne de 18%, ce qui
nous permettrait de conforter encore notre rentabilité."
L'avenir.
"Nous cherchons toujours à nous rapprocher
de nos concurrents pour asseoir encore notre phase industrielle.
Marchand et rentable, c'est bien mais après ?
Il nous reste encore à atteindre une taille critique
pour démultiplier le nombre de nos clients. Grâce
aux bénéfices que nous dégageons
maintenant, nous allons d'ailleurs recommencer à
communiquer en 2002 pour renforcer la notoriété
autour de nos marques. Jusqu'à présent,
nous misions sur le référencement, les
comparateurs de prix et sur le bouche-à-oreille
qui nous est très favorable. Le budget communication
sera donc d'au moins 1,5 million d'euros cette année.
Nous allons aussi réorganiser le front office
pour améliorer la présentation de nos
produits et la mise en avant des promotions. Mais il
faudra attendre 2003 pour relancer notre développement
à l'international. Nous voulons fortement consolider
nos bases en France avant de voir au-delà des
frontières."
Dealpartners
en chiffres
|
Création
du site |
Janvier 2000
|
Nombre de
produits en vente |
2.000
références
|
Nombre de
sessions uniques sur l'ensemble du réseau
Dealpartners |
20.000
/ jour
|
Effectifs
|
37 personnes
|
Types de
produits vendus |
Produits
high-tech (Hifi, TV-vidéo, home cinema,
informatique, camescopes...), maison, jardin,
voyages, événements.
|
CA 2000 |
1,5
million d'euros
|
CA
2001 |
11,83
millions d'euros
|
CA 2002
(projections) |
39 millions
d'euros
|
Rentabilité
|
A
l'équilibre depuis novembre 2001, cash
flow positif depuis décembre 2001
|
Répartition
du capital |
|
Montant
total des levées de fonds |
11,3
millions d'euros
|
Principaux
concurrents |
RueduCommerce,
TopAchat,
LDLC, Père-Noël.fr
|
Outils de
paiement |
Cartes
bancaires, chèques, virements, crédit
Cetelem
|
Principaux
prestataires |
Logistique
: La Poste, Chronopost, UPS.
Paiement : Atos et Crédit du Nord.
Hébergement : Colt
|
Nom du Président |
Jacques
Lepage
|
Fondateurs |
Sébastien
Wolff et Arthur Lepage
|
|