A peine
15% des 580 titres de presse créés en 2001
proposaient un site Internet, relève la première
étude de "L'Observatoire des changements numériques",
mis en place par la cellule conseil de l'incubateur Start
Up Avenue. Quelle est la place de l'Internet dans l'évolution
des titres de presse ? François Mariet, directing
manager new medias de Start Up Avenue Conseil, fait le
point.
JDNet.
Sur les 580 publications apparues en 2001, quelle est
la proportion d'entre elles qui ont lancé simultanément
un site Internet ?
François Mariet. C'est assez limité.
Le taux se situe entre 12 et 15 %. C'est faible
et presque contradictoire par rapport à la popularité
du sujet. On peut développer un versant Internet
de plusieurs manières. Tout d'abord, les magazines
incluent de plus en plus de rubriques Internet, ce qui
n'était pas un réflexe auparavant. Au
départ, on ne trouvait que des magazines pour
les spécialistes. Son usage s'intègre
davantage dans les activités traditionnelles
et quotidiennes, d'où cette présence accentuée
dans les pages des magazines. Deux cultures se sont
développées autour du Net : une culture
d'appartenance (les habitués/pionniers du Net)
et une culture de référence (entrée
dans la vie quotidienne d'utilisateurs lambda du Net).
Cette évolution explique peut-être les
difficultés que rencontrent actuellement les
revues grand public dédiées au Web. Il
n'y a plus vraiment besoin "d'évangélisation".
Comment
expliquez-vous le fossé entre le lancement d'une
publication et l'absence de sites web qui accompagnent
la sortie en kiosque ?
Les éditeurs de presse ne savent pas utiliser
Internet. Ce n'est pas ancré dans leur pratique
courante et leur business plan. C'est surprenant de
constater que, dans la conception d'un nouveau titre
de presse, le business plan ne prévoit pas une
présence sur Internet. Il existe une division
technique du travail entre ceux qui travaillent sur
le papier et ceux qui travaillent sur le Net. On ne
pense pas à la symbiose. La solution la plus
astucieuse serait de réfléchir au préalable
à une articulation des contenus en mode multi-supports.
Il ne faut se contenter de répliquer le contenu
papier sur Internet. C'est vrai qu'il y a eu des expériences
négatives dans le domaine de la presse en ligne,
ce qui a peut-être donné à réfléchir
aux autres éditeurs. Ils ont souvent mis l'accent
sur le papier en ajoutant ensuite un versant Internet.
Cette vision doit évoluer pour imaginer un développement
et un travail en commun immédiat.
Certains
médias électroniques font le chemin inverse
: passer du web au papier (Chronicart.com, Zataz.com,
LeVillage.org...). Comment expliquer le mouvement ?
La stratégie est encore assez rare. Je crois
que ce mouvement est lié à une meilleure
connaissance des consommateurs, qui est parfois lecteur
papier parfois lecteur Web selon les moments de sa journée
et ses centres d'intérêts. Le plus important
n'est plus le média mais le contenu.
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