Ne cherchez plus le câble
sous vos pieds mais en l'air. D'ici quelques années,
le haut débit devrait arriver en région
non pas dans des tranchées mais grâce aux
lignes électriques à haute tension. Pour
en arriver là, le gouvernement vient d'enclencher
son plan de mise en oeuvre de l'Internet câblé
grâce au Réseau de transport d'électricité
(RTE). Cet organisme, créé en février
2000 et indépendant d'EDF, est en charge du réseau
électrique métropolitain. Le plan dévoilé
hier par Lionel Jospin, à l'issue du Conseil
des ministres, se fixe comme objectif de raccorder d'ici
2007 toutes les agglomérations de plus de 7 000
habitants et la moitié des villes comprenant
entre 5 000 et 7 000 habitants. Deux catégories
de communes mises à l'écart du déploiement
ADSL et câble urbain.
Techniquement,
ce haut débit électrique va s'appuyer
sur les 70 000 kilomètres de lignes à
haute et à très haute tension détenues
par RTE. Pour les besoins d'exploitation du réseau,
2 000 kilomètres sont aujourd'hui équipés
en plus des fils électriques de fibre optique.
Or l'appétit de RTE en matière de circulation
d'information ne couvre que 8% des capacités
de la fibre déployée. Reste donc 92 %
de connexion à haut débit sur lesquels
lorgne le plan gouvernemental.
Mais 2 000 kilomètres
de fibre optique ne suffiront pas à couvrir l'ensemble
du territoire. D'ici cinq ans, vont donc être
déployées entre 15 000 et 20 000
de fibres supplémentaires sur un modèle
"gagnant-gagnant". RTE, qui prenait jusqu'alors
en charge la totalité des investissements pour
se doter de fibre optique, financera ce déploiement
à hauteur de 8 %. Le reste, environ 400
millions d'euros, sera apporté en fonds propres,
"notamment dans le cadre du capital-risque"
indique la notice d'information à l'origine du
plan gouvernemental. Le principal apport proviendra
de la Caisse des Dépôts et Consignations.
La CDC va mobiliser "sur ses fonds propres, 228
millions d'euros sur cinq ans" et 1,52 milliard
d'euros sous forme de prêts bonifiés afin
d'accompagner les collectivités locales dans
ce projet.
Car si le réseau
haute tension permet de tisser un maillage Internet
haut débit de taille nationale, les lignes électriques
ne passent pas directement dans les villes. En moyenne,
celles-ci frôlent les agglomérations à
une distance de cinq kilomètres. C'est sur cette
"boucle locale Internet électrique",
que les collectivités interviendront financièrement
afin de se relier au réseau. Dans cette optique,
une dizaine de régions et de départements
(Alsace, Réunion, Limousin, Loire, Orne, Manche...)
ainsi que 80 communes de l'Ile-de-France, associées
avec RTE dans un syndicat mixte, le Sipperec, sont d'ores
et déjà sur les rangs pour tester en pilote
ce nouveau réseau.
Si les montants engagés
sur ce plan semblent, en bloc, importants, ils restent
bien inférieurs aux coûts potentiels des
infrastructures télécoms classiques pour
une opération équivalente. En moyenne,
souligne la notice d'information, le coût d'investissement
sera de "25 à 50 euros par mètre
de câble optique" déployé et
les coûts d'exploitation se situeront "entre
0,06 et 0,15 euro par mètre et par an".
Des montants trois à quatre inférieurs
à ceux affichés par les réseaux
enfouis. A ce prix, le réseau électrique
pourrait bien être le véritable tremplin
du désenclavement de l'Internet à haut
débit.
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