Dans le courant du mois de
février, une nouvelle forme de promotion publicitaire
est apparue en France par le biais du portail Yahoo.fr,
dans le rôle du site éditeur, et d'Amazon.fr,
dans le rôle de l'annonceur. Associé à
une liste de mots-clés contextuels, un pop-under
aux couleurs d'Amazon apparaissait lors d'une recherche
dans les pages de Yahoo. Un pop-under ressemble à
s'y méprendre à son grand frère
le pop-up,
à ceci près que le pop-under ne s'affiche
pas par dessus la fenêtre active du navigateur
mais en dessous. Cette discrétion permet au pop-under
de n'être découvert qu'une fois la page
active refermée (celle de Yahoo en l'occurence).
L'innovation
majeure avec cette opération de pop-under est
qu'Amazon a préféré afficher, en
lieu et place d'une publicité classique, la page
d'accueil complète de son site, incitant ainsi
les internautes à la visite. De
quoi rendre problématique la mesure d'audience
en février pour les instituts spécialisés.
D'autant qu'une telle exploitation du pop-under était
restée jusqu'alors inconnue en France. En revanche,
elle existait depuis plusieurs années aux Etats-Unis
et plus récemment en Europe. Cette opération
de pop-under entre le vendeur de biens culturels et
le portail Yahoo a d'ailleurs été réalisée
dans trois pays simultanément : Grande-Bretagne,
Allemagne et France.
Evolutions
de l'audience d'Amazon.fr
entre
janvier et février 2002
|
Panel
à domicile
|
JMMXI
Janvier
|
JMMXI
Février
|
Variation
|
Visiteurs
uniques
|
956.000
|
1.322.000
|
+38,3%
|
Taux
de couverture
|
10%
|
14,1%
|
+41%
|
Durée
moyenne de la visite
|
8,8
minutes
|
5,9
minutes
|
-32,9%
|
Panel
Univers Global
|
Mediametrie
eRatings Janvier
|
Mediametrie
eRatings Février
|
Variation
|
Visiteurs
uniques
|
1.081.400
|
1.539.043
|
+42,3%
|
Taux
de couverture
|
11,44%
|
15,52
|
+35,7%
|
Temps
passé par personne en moyenne
|
6,11
minutes
|
4,56
minutes
|
-25,4%
|
Panel
à domicie
|
Netvalue
Janvier
|
Netvalue
Février
|
Variation
|
Visiteurs
uniques
|
1.203.000
|
1.578.000
|
+31,2%
|
Taux
de couverture
|
11%
|
14,5%
|
+31,8%
|
Durée
moyenne par mois par internaute
|
9,9
minutes
|
5,9
minutes
|
-40,4%
|
La question de la création
de trafic artificiellement généré
par le biais de pop-unders atypiques (pas de publicité
mais directement une page Web) avait déjà
fait les choux gras de la presse aux Etats-Unis avec
le cas X10.com. Grâce à une opération
similaire, le site avait pu se hisser très rapidement
dans les classements du trafic Internet. En France,
sur le mois de février, selon les différents
instituts de mesure d'audience, le site Amazon a enregistré
une hause mensuelle du nombre de visiteurs située
entre 31 et 42 %. Une croissance qui confirme la
puissance de feu de l'opération.
Si Yahoo affirme ne pas avoir
enregistré de retour négatif de la part
de ses internautes, et que le taux de transformation
est très bon, il n'en reste pas moins que cette
pratique rend très confuse la lecture des mesures
d'audience d'Amazon sur février. Selon Laurent
Nicolas, directeur recherche et développement
chez NetValue, le pop-under "pose le problème
de l'intention de l'internaute. Dans un cas, on lui
impose une exposition, dans l'autre, il choisit d'aller
volontairement sur le site d'Amazon. C'est pourquoi,
nous avons choisi de ne comptabiliser comme visite que
les cas où l'internaute choisit réellement
de se rendre sur le site d'Amazon après une exposition
forcée. Nous ne comptabilisons la visite qu'à
partir du moment où l'internaute rentre dans
le site, qu'il clique pour approfondir sa visite."
Dans le cas contraire,
le pop-under d'Amazon avec la page d'accueil est comptabilisé
comme une exposition publicitaire et non comme une visite.
Selon NetValue, ce choix méthodologique a enlevé
près de 5 % de trafic artificiel dans les
pays où l'opération était menée.
Ces 5 % de hausse de trafic ont été
comptés par NetValue au titre de la couverture
publicitaire du marchand.
Chez les autres instituts
de mesure d'audience, Jupiter MMXI et Nielsen Netratings,
le choix de la comptabilisation a été
différent. "Du fait de notre statut de tierce
partie, nous n'avons pas à interpréter
les intentions des internautes, explique Fabienne Schwalbe,
directrice générale de Jupiter MMXI France.
En ce qui concerne les pop-unders d'Amazon, si l'internaute
a fermé la fenêtre moins de deux secondes
après qu'elle ait été activée,
il n'a pas été comptabilisé. Dans
le cas contraire, nous l'avons enregistré comme
une visite puisque l'internaute a été
exposé au message d'Amazon."
Pour Nielsen Netratings,
le critère des deux secondes d'exposition a également
été retenu. Mais l'institut a tenu à
alerter ses clients sur un éventuel gonflement
artificiel du nombre de visiteurs uniques sur le site.
"Si les chiffres
très basiques du nombre de visiteurs ou de visite
apparaissent en forte hausse entre janvier et février
pour Amazon, il suffit de rentrer plus profondément
dans le détail des chiffres pour s'apercevoir
que le temps de visite a nettement chuté et que
le nombre de pages vues par personne est également
en très nette baisse", souligne François
Blum, directeur général Mediametrie eRatings.com, la
filiale française de Nielsen Netratings.
Une prudence qui soulève
le problème majeur de la mesure d'audience face
aux pop-unders : l'internaute moyen, qui n'a pas
l'habitude de ce système, n'a pas toujours le
réflexe de fermer immédiatement cette
nouvelle fenêtre ouverte, ce qui l'amène
à figurer parmi les visiteurs alors même
qu'il n'a pas navigué dans le site. Confirmant
l'analyse de Mediametrie, Amazon a enregistré
par conséquence une brutale diminution de la
durée moyenne des visites en février avec
une baisse de 25 à 40 % du temps passé
moyen sur le site par les internautes.
Selon Amazon, cette diminution
du temps passé s'explique par l'efficacité
du système de commande en un clic, une connaissance
sans cesse meilleure de l'architecture du site par les
internautes et la performance du service client. Des
qualités commerciales précieuses si, sur
le marché hautement concurrentiel des produits
culturels, Amazon veut maintenir son nouveau leadership
en trafic devant la Fnac et Alapage.
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