"Il n'est nouveau
pour personne que Suez veut se débarasser de
Noos". En lâchant cette petite phrase, dans
le quotidien Le Monde, mardi, Albert Frère
le premier actionnaire du groupe d'environnement avait
relancé la spéculation sur l'avenir du
premier cablo-opérateur français. Hier,
le quotidien La Tribune a enfoncé le clou
en révélant que, "selon des sources
concordantes", la Banque Lazard avait été
mandatée par Suez pour trouver un acquéreur
à Noos.
La
situation capitalisatique du groupe est complexe puisqu'outre
le groupe de Gérard Mestrallet, Noos compte également
dans son tour de table Morgan Stanley et NTL, qui ont
racheté 49 % du capital à France
Télécom l'an dernier pour 1,1 milliard
d'euros. Le réglement de cette facture en cash
à l'opérateur historique devant intervenir
avant le 18 mai 2002. Or lundi, NTL a laissé
entendre qu'il aurait du mal à faire face à
ses échéances en indiquant qu'il n'était
"déjà plus en mesure d'honorer les
intérêts de sa dette évaluée à plus de 19 milliards
d'euros".
Une situation qui provoquerait
un casse-tête capitalistique : France Télécom,
qui dispose d'actions préférentielles
en garantie du paiement, se retrouverait de nouveau
actionnaire de Noos. Cette perspective, qui ne ferait
l'affaire de personne, aurait conduit Suez, en accord
avec Morgan Stanley selon La Tribune, à
accélérer la vente en un seul bloc du
câblo-opérateur
Dans un secteur où
les opérateurs s'écroulent les uns après
les autres, les acheteurs ne devraient pas être
nombreux. Le numéro un mondial du câble,
AOL-Time Warner devrait certainement être sur
les rangs afin de s'implanter sur le territoire hexagonal.
Dans le câble français, AOL dispose aujourd'hui
d'une simple offre Internet avec NC Numericable, le
concurrent de Noos, dont les rumeurs de vente par Canal
Plus reviennent également avec insistance. Est
également cité, le nom de Liberty Media,
actionnaire du quatrième câblo-opérateur
français UPC, qui joue le rôle du glouton
dans toute l'Europe depuis quelques mois.
Cette opération,
si elle se concrétise, devrait laisser un goût
amer à certains acteurs. L'acquisition des 49 %
du capital de Noos l'an dernier par Morgan Stanley et
NTL s'était effectuée sur la base d'une
valorisation de 2,2 milliards d'euros. Un prix qui ferait
désormais s'étrangler n'importe quel analyste
du secteur. Aux Etats-Unis, selon une étude d'ISP-Planet,
sur le seul accès Internet par câble, la
valeur d'un abonné est passée de 1 200
dollars en 2001 à 273 dollars en mars 2002.
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