Il y a fort à parier
que le mot Internet ne sera guère évoqué
ce matin par Jean-Marie Messier, président de Vivendi
Universal (VU), lors de l'assemblée générale
des actionnaires de son groupe, sauf pour évoquer
de nouvelles coupes claires dans les budgets et les projets.
Une lecture attentive du rapport annuel 2001, malgré
les multiples arrangements effectués par le groupe
dans son prospectus, permet de chiffrer l'ampleur des
dégats. Officiellement, le
résultat Ebitda de la division internet, qui mesure
le cash flow engendré par l'activité, ressort
en perte de 209 millions d'euros pour un chiffre d'affaires
de seulement 129 millions d'euros.
De plus ce résultat
ne tient pas compte des pertes de Scoot.com (annuaire)
et Vizzavi (portail de services mobiles), détenus
respectivement à 22,4% et 50% par VU. Ces deux
entreprises auront pourtant représenté
291 millions d'euros de pertes Ebitda supplémentaires
dans les comptes.
Plus que les pertes d'exploitation, en théorie
logique pour des activités en plein démarrage,
ce sont surtout les prix payés pour certaines
acquisitions Internet et leurs incidences comptables
qui risquent de faire grincer quelques dents. En mettant
la main à prix d'or sur certaines dotcoms en
2000 et 2001, Vivendi Universal, comme France Télécom,
a été condamné à réévaluer
fortement la majorité de son pôle internet
à la fin de l'exercice. Une cuisine comptable
qui n'aura pas de conséquence sur la trésorerie
de l'entreprise comme l'a rappelé Jean-Marie
Messier, mais qui témoigne sans doute de choix
peu prudents de la part de dirigeants saisis par l'euphorie
dotcom qui régnait alors.
La dotation aux provisions
sur l'exercice pour l'activité Internet atteint
ainsi 1,263 milliard d'euros dont 439,6 millions d'euros
pour Scoot.com et 200 millions d'euros pour Vivendi
Universal Net. L'exemple
du rachat du portail iFrance, en mai 2000, est sans
doute le plus révélateur de cette attitude
dispendieuse. VU aura déboursé 149 millions
d'euros pour acquérir une entreprise dont l'actif
net ne s'élève qu'à 3 millions
d'euros et qui n'aura finalement réalisé
qu'un chiffre d'affaires de 1,8 million d'euros pour
une perte nette de 4,4 millions d'euros au cours de
son exercice 2001...
VU se fait également plutôt discret dans
ses comptes sur les coûts liés aux fermetures
respectives de sa régie publicitaire Ad2One et
de sa structure d'investissements @Viso qui avait pour
objectif de créer des co-entreprises avec des
dotcoms américaines. Pour @Viso,
dont l'investissement s'élevait à près
de 70 millions d'euros fin 2000, Vivendi Universal précise
simplement que "les cinq participations ont été
soit transférées aux maisons-mères
américaines, cédées ou fermées".
Seule indication parcellaire pour @Viso, les capitaux
propres à la fin de l'exercice étaient
négatifs de 140 millions d'euros.
A la lecture du rapport
annuel de VU, les
pertes dans l'internet ne se sont d'ailleurs pas limitées
aux seules activités industrielles du groupe.
Le groupe avait aussi souscrit début 2000 à
hauteur de 240 millions d'euros au fond de capital risque
Softbank Capital Partners (SCP), orientés principalement
vers les valeurs internet.
Or la valeur de ces parts à la fin 2001 ne serait
plus que de 113 millions de dollars, soit une moins-value
de 117 millions d'euros sur les fonds effectivement
investis par SCP.
Dans cette activité d'investissement pur, seule
Viventures ne s'en sortirait pas trop mal selon le rapport.
La structure qui gère deux fonds, Viventures
I et II, auxquel a largement participé VU, aurait
dégagé un chiffre d'affaires de 15 millions
d'euros, en hausse de 63 % et un résultat
Ebitda positif de 5 millions d'euros. Et Viventures
I devrait même distribuer un dividende à
ses actionnaires. Le fonds a notamment réalisé
une somptueuse opération financière...
grâce à sa maison-mère. Il détenait
en effet 50% d'Ifrance, acquis fin 1999 pour trois millions
d'euros, lors du rachat du portail par Vivendi Universal.
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