Les médias en ligne ont
tous attrapé la fièvre des SMS
à l'occasion de la Coupe du monde de football.
Des agences de presse aux sites-portails en passant par
les opérateurs mobiles et les prestataires spécialisés
dans les "short message services", tous ont
adopté un canal "messages courts" pour
tenir au courant les utilisateurs de téléphone
mobile accros au football.
Le
choix de ce support tient d'abord compte du décalage
horaire entre la France et le lieu de la compétition.
Du 31 mai au 30 juin, les matches, qu'ils aient lieu
en Corée du Sud ou au Japon, vont se dérouler
dans des tranches matinales en France (de 8h30 à
15 heures, heure de Paris). Le téléphone
portalbe et le SMS sont considérés comme
le meilleur outil pour toucher des clients qui ne seront
probalement pas devant leurs postes de télévision
pour suivre les retransmissions en direct. Après
l'argumentation liée à la mobilité,
c'est souvent l'aspect "push" qui est mis
en avant : l'utilisateur ne fait plus l'effort d'aller
chercher l'information. Celle-ci tombe automatiquement
sur son mobile.
Dernier argument, et non le
moindre, pour justifier cet engouement autour des services
SMS (souvent accompagnée de services Audiotel) :
la possibilité de générer des revenus
via ces services payants. Une nouvelle recette de plus
en plus prisée dans les dispositifs multicanal
des médias.
Logiquement, les opérateurs mobiles
ont monté des offres spéciales autour
du Mondial. Orange (France Télécom)
propose un forfait SMS "Résultat et équipe".
SFR (Groupe Cegetel, Vivendi Universal) a monté
le service "Texto Foot" avec la possibilité
d'écouter l'information en "live",
l'actualité et de participer à des jeux
sur les mobiles. Quant à Bouygues Telecom,
il propose à ses abonnés un service similaire
("Direct Foot"), monté en collaboration
avec eTF1. La chaine TV du groupe Bouygues disposant
de l'exclusivité en France de la diffusion en
direct des matches, sa filiale Internet a pu monter
un dispositif multicanal pour accompagner l'événement.
eTF1 bénéficie même du privilège
de lancer un service type "SMS +" (prix d'un
envoi SMS + 0,35 euro) via un numéro à
quatre chiffres "pour vivre foot", destiné
à tous les utilisateurs de mobiles. Ce service
permet notamment d'envoyer des messages d'encouragement
aux Bleus, dont certains seront diffusés sur
l'antenne de TF1 au cours de l'émission quotidienne
avant prime-time dédiée au Mondial.
Une déclinaison de type "SMS +" est
assez suprenante car ce programme de paiement n'a démarré
qu'au début du mois. Selon eTF1, ce service entrerait
dans le cadre d'une expérimentation décidée
avant l'entrée en vigueur du programme "SMS
+". La filiale Internet de TF1 indique avoir déposé
un dossier pour une future exploitation d'un service
SMS surtaxé (lire l'enquête
du JDNet).
La palme de l'innovation B to B revient à l'AFP.
L'agence de presse a monté, en collaboration
avec le prestataire technique Freeplanning, un produit
"clé en main" SMS à destination
des services en ligne français. "Les principales
valeurs ajoutées de notre service sont le temps réel
et les scoops de la compétition. L'AFP dispose d'une
équipe de 160 personnes sur place pour couvrir la compétition
et des possibilités d'emettre directement depuis le
stade", explique Nicolas Giraudon, responsable de la
commercialisation du produit.
L'AFP a signé une trentaine d'accords. Parmi
les sites ayant adopté ce produit, Nice Matin,
Le Parisien, AOL, Noos, La Dépêche du Midi, Radio France,
Sport.fr ou Wooaza.com (téléchargement
de logos et sonneries pour les mobiles). Un système
tripartite de répartition des revenus (opérateurs
mobiles/AFP/Freeplanning) a été mis en
place. Pour éviter une guerre des prix entre
éditeurs concurrents, la grille tarifaire pour
le consommateur final est identique, quel que soit le
support : les visiteurs des médias en ligne vont
disposer d'un service d'alertes SMS avec des informations
AFP sur leurs mobiles. Ils pourront s'abonner en ligne
à partir des sites des éditeurs pour recevoir
des messages courts "en direct" ou "résultat"
d'un match. En fonction des options prises, l'utilisateur
sera facturé entre 1,5 euro et 15 euros.
De son côté,
Atchik, spécialiste toulousain des services
mobiles, a préféré s'appuyer sur
les informations de Reuters pour alimenter sa communauté
mobile "Football Arena" (SMS et Wap).
Dans la série des "packages", Europe
1 Interactive a également monté un
service vocal et d'alertes SMS. Le dispositif est mis
en avant sur le site de la station de radio. Plus de
140 messages d'auto-promotion devraient être diffusés
à l'antenne dans le courant du mois de juin.
Le package de Europe 1 Interactive fait également
l'objet d'une commercialisation B to B. Plusieurs médias
en ligne ont adopté le service comme LeMonde.fr
et les sites d'Europe 2, de MCM et de RFM. Pour monter
ce service, Europe 1 Interactive a fait appel à
Plurimedia (la nouvelle activité d'agrégation
de contenus de Lagardère Active) et à
123 Multimédia pour l'hébergement des
serveurs vocaux.
Le
SMS se décline égament en cartes pré-payées
spéciales "Mondial". PhoneValley
voudrait écouler 300 000 cartes à
travers les réseaux de grande distribution Auchan
et Carrefour Télécom. Deux types de cartes
sont commercialisés : La carte "Coupe du
Monde" (19 euros) qui permet de recevoir tous les
résultats de l'épreuve en direct et la carte "Equipe
Favorite" (15 euros). Son concurrent Mobip,
rattaché à l'opérateur télécom
OTW France, lance "la carte MobipFoot du supporter
de la Coupe du Monde". Près de 10 000 cartes
vont être mises en vente dans plusieurs réseaux
de distribution (Avenir Télécom, Auchan, Mobile Hut
et Internity). A noter que si PhoneValley développe
son propre contenu avec une équipe éditoriale
en interne, Mobip s'appuie sur le service AlloFoot,
développé par FreeGoal, le site d'informations
de Laurent Tapie.
Dans cette débauche
de services payants via Audiotel et SMS auxquels les
principaux sites d'informations sportives (Lequipe.fr,
Sport24.com, Sports.com, Sporever.fr, etc.) sont paradoxalement
restés réticents, l'argument lié
à la promesse de diffuser l'information en quasi-temps
réel semble le plus fragile compte tenu de la
chaîne de traitement des informations (rédaction,
formatage et diffusion de l'information) et des "risques
d'entonnoirs", c'est à dire l'encombrement
des réseaux des opérateurs mobiles.
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