Les perspectives de profits
liés au Mondial mettent en appétit les
services en ligne de paris sportifs. Et il y a de quoi :
selon Leighton Vaughan Williams, professeur de l'université
britannique de Nottingham Trent et spécialiste
du sujet, 10 % des 300 millions de livres sterlings
engagés au Royaume-Uni dans les paris liés
à la Coupe du monde de football proviendraient
d'ores et déjà du Net. De quoi réveiller
les ardeurs des bookmakers britanniques traditionnels
mais aussi des services en ligne de paris sportifs.
Effet "champions du monde" oblige, pour les
professionnels britanniques du secteur la tentation
est grande de traverser la Manche pour conquérir
de nouveaux marchés sur le Vieux continent et
notamment la France.
Mais
leur volonté de s'implanter en France est freinée
par une règlementation très stricte dans
le domaine. Ce qui n'empêche pas des inititiatives
- certes sporadiques - pour tenter de contourner la
législation française en vigueur.
Récemment interrogé par LesEchos.net,
un représentant de Ladbrokes, premier
bookmaker britannique, évoquait ainsi la possiblité
d'ouvrir prochainement une version française
de son service en ligne.
William Hill, le deuxième
bookmaker du pays, qui a pignon sur rue, a lui passé
le pas : il a ouvert une version francophone de son
service de paris en ligne, qui recenserait au total
100 000 parieurs "actifs". En
guise de promotion, des bannières publicitaires
ont été déployées sur des
grands carrefours internationaux d'audience pour attirer
les cyber-chalands français.
Mais l'une des premières
tentatives d'infiltration du marché francophone
revient à Betzone.com. Créée
en juin 2000, la société, installée
sur l'Ile de Man (ile anglo-normande), affichait déjà
à l'époque sa volonté de pénétrer
la forteresse française. Un effet d'annonce sans
suite apparemment.
Les
nouveaux entrants des paris en ligne
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Plus récemment, de nouveaux
"entrants" sur le marché des paris
sportifs en ligne francophones ont opté pour
une stratégie beaucoup plus agressive en surfant
sur l'effet Coupe du monde. "Nous sommes installés
au Canada, notre société est enregistrée
au Costa-Rica et nos serveurs sont hébergés
aux Etats-Unis". Bienvenue dans le monde virtuel
de Mesparis.com, un nouveau service de paris
sportifs en ligne entièrement dédié
à la Coupe du monde de football pour son lancement.
Contactés par le JDNet,
les initiateurs du projet souhaitent conserver l'anonymat.
Une attitude normale car, selon leurs propres termes,
ils sont "tout à fait conscients que leurs
activités constituent une infraction à
la loi française". Malgré tout, les
responsables du site n'ont placé aucun avertissement
envers les internautes français dans la partie
"règlement". "Nul n'est censé
ignorer la loi", rétorque le représentant
de Mesparis.com. Le service
en ligne a été lancé avec deux
millions d'euros. L'objectif est de récupérer
rapidement la mise de départ en ponctionnant
une commission sur les sommes perdues par les joueurs.
Un autre service d'origine
française, assez obscur, a récemment fait
son apparition à l'occasion du Mondial : PariersurleFoot.com,
créé par le responsable du service JeuxdeCasino.com.
S'y ajoute Kipari.com, lancé en novembre
2001. Le site a depuis étendu ses paris à
plusieurs disciplines sportives.
Pour
se protéger, des serveurs à l'étranger
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En plaçant leurs serveurs
à l'étranger, ces exploitants de sites
francophones de paris sportifs considèrent être
protégés des possibles condamnations pour
non respect du droit français en matière
les jeux d'argent. Du moins tentent-ils de le faire
croire. Internet serait-il un réel "no man's
land" ? Alexandre Menais, du cabinet d'avocats
Lovells, rappelle qu'en France, seul le PMU (Pari Mutuel
Urbain) dispose d'un monopole d'Etat sur les paris liés
aux courses de chevaux. D'ailleurs, le PMU a clairement
indiqué son intention de lancer un service de
paris en ligne. Mais son ouverture est repoussée
à l'année prochaine afin de perfectionner
la plate-forme technologique.
A côté des courses
hippiques, le droit français permet également
de parier sur des courses de lévrier et ...les
rencontres de pelote basque. "A partir du moment
où une entreprise privée étrangère
exerce des activités illicites en France ou à
destination des Français, elle est soumise au
droit pénal français", indique Alexandre
Menais. Par conséquent, aucune société
ayant disposé ses serveurs à l'étranger
n'est à l'abri de poursuites judiciaires. C'est
ce qu'indique une lecture rigoureuse des textes de lois.
Mais dans les faits, la justice française n'a
pas encore eu l'occasion de trancher sur ce type d'affaires.
La position française
sur le dossier, un brin attentiste, n'est pas unique.
Face à la multiplication des casinos et des paris
en ligne, l'Union européenne commence, elle aussi,
à se pencher sur le phénomène.
L'Association des loteries européennes, structure
basée à Lausanne, et qui fait référence
dans le domaine, a monté de son côté,
début 2001, un groupe de travail dédié
aux paris sportifs. Nul doute que l'Internet va se trouver
une place de choix dans les débats.
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