Internet permet de suivre "en
direct" les matchs de la Coupe du monde de football,
notamment aux heures de bureaux, les internautes doivent
se contenter d'une fenêtre de texte aggrémentée
de quelques animations. Pour la vidéo, il faudra
encore patienter. La société KirchSport,
filiale du groupe allemand et détentrice des droits
de retransmission, a en effet refusé la diffusion
des images vidéos des matchs. Seul Yahoo, partenaire
de la FIFA Worldcup, a le droit "exclusif" de diffuser
des extraits plusieurs heures après la fin des
matchs, sous la forme d'un service premium. Afin de
faire respecter sa décision, KirchSport a mandaté
une société d'études britannique,
Sports Marketing Surveys (SMS), qui est chargée
de faire du monitoring TV et Internet pour détecter
les infractions au niveau mondial.
La
société, qui a déjà effectué
une mission de ce type lors des Jeux Olympiques de Salt
Lake City, affirme surveiller quelques 120 chaînes
de télévision et plus de 3.000 sites Internet
clés. Ces derniers sont des sites à fort
trafic, orientés vers le football et qui commercialisent
leurs espaces publicitaires. Dans la ligne de mire figurent
les sites sportifs, les sites des chaînes de télévision,
les sites de paris, les sites d'information et de diffusion
d'extraits vidéos. Selon SMS, six personnes -
seulement - se consacrent à ce travail de surveillance
sur Internet et à la télévision,
la société axpliquant qu'elle s'appuie
également sur des correspondants à travers
le monde pour les télévisions locales.
"La méthodologie
pour le monitoring des sites web mixe technologie et
intervention humaine, explique Sandrine Alnet, responsable
business development France de Sports marketing Surveys.
Nous avons identifié une liste de mots-clés
autour du thème "coupe du monde" qui
permet de scanner les sites. Si ces mots-clés
sont repérés et qu'ils sont associés
à des formats de fichiers spécifiques
(audio ou vidéo), une personne se charge ensuite
de la vérification manuelle." Pour plus
d'efficacité, l'équipe est composée
de personnes parlant différentes langues (anglais,
espagnol, japonais, coréen, etc.).
A ce jour, une centaine
d'infractions auraient été repérées,
dont un quart concernait Internet. Si, à la télévision,
la principale crainte est de voir des marques usurper
le statut de partenaire officiel de la FIFA pour la
Coupe du monde, en ligne, le risque se situe au niveau
de la diffusion d'images et de sons. Les sites mis en
causes par SMS sont surtout basés un peu là
où la Coupe du monde est un événement
de grande ampleur : Asie, Amérique du Sud
et Europe. "Une fois la faute établie, nous
rentrons les informations dans une base de donnée
puis nous envoyons un mail ou un courrier pour leur
demander de cesser l'infraction et nous relayons l'information
auprès de Kirch, qui décide ou non d'engager
des poursuites judiciaires", résume Sandrine
Alnet. De plus, dans un objectif de prévention,
SMS a déployé une campagne de communication
visant les principaux fournisseurs d'accès dans
le monde ainsi que les grands portails afin de les mettre
en garde contre les risques encourus en cas d'infraction.
Parmi ces sites "coupables",
Sports Marketing Surveys a identifié l'anglais
Worldcup-02.com (qui a développé un site
miroir pour la France, Coupe-dumonde.com), dont The
Register a relaté les mésaventures.
Le site revendiquait le droit de mettre en ligne des
extraits vidéos dans la mesure où il n'avait
aucune motivation commerciale derrière. Contacté
par le JDNet, James Sandham, son propriétaire
estime qu'"il existe quelques failles dans la loi
britannique sur les droits d'auteur et j'ai essayé
de les exploiter pour la Coupe du monde. Concrètement,
quiconque rapporte une actualité ou une information
a le droit d'utiliser une vidéo pour le faire.
Et ce, sans pour autant disposer du droit d'auteur de
cette vidéo tant que l'on précise clairement
la source de ce document. Cela s'appelle la "section
30(2)". Cet article de loi a déjà
utilisé dans le cas d'utilisation de programmes
télévisés mais pas encore sur Internet."
KirchSport ne l'a pas entendu
de la même oreille et a exigé que l'ensemble
de son contenu soit retiré du site. Menacé
de poursuites judiciaires par le cabinet d'avocats britannique
Ashurst Morris Crisp, représentant le groupe
KirchMedia, James Sansham a dû obtempérer.
Mais la Coupe du monde dure jusqu'au 29 juin et Sports
Marketing Surveys n'a sans doute pas fini sa traque.
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