Placée en redressement
judiciaire en novembre 2001, Orange Art ne serait pas
parvenue à redresser la barre pendant sa période
d'observation. Selon nos informations, le tribunal de
Commerce de Paris devrait statuer définitivement
sur le dossier dès aujourd'hui, mardi. Il semblerait
qu'aucune solution n'ait été trouvée
pour relancer l'activité d'Orange Art. Une situation
qui devrait aboutir à la liquidation de la société
d'ici la fin du mois. A moins qu'un éventuel
repreneur ne se manifeste à la dernière
minute.
Ce
scénario de liquidation, s'il se confirme, serait
le dernier acte de l'histoire mouvementée d'Orange
Art. Créée en 1996, la web-agency a pourtant
aligné de belles références Internet
(Nestlé, Crédit Lyonnais, ABN Amro, L'Express,
etc.) en démontrant des capacités d'innovation
et de dynamisme. Orange Art est même parvenue
à effectuer deux levées de fonds d'un
montant total de 18 millions de francs (environ 2,7
millions d'euros). Courant 2000, la société
a en revanche échoué dans sa tentative
d'introduction en Bourse, alors que le vent en faveur
des valeurs de la net-économie commençait
à tourner. Jusque là, une histoire assez
ordinaire pour un acteur de la Net économie.
Faute de financement, l'agence
a dû alors procéder à un recentrage
de ses activités et entamer un programme de réduction
des coûts avec notamment une diminution drastique
de ses effectifs. De 150 collaborateurs fin 2000, l'équipe
s'est réduite à une vingtaine de salariés.
De quoi mettre l'équipe fondatrice sous tension.
Symbole de cette scission : le départ de Grégory
Quignon-Fleuret, le PDG fondateur, survenu fin 2000.
Celui-ci est parti vivre une nouvelle aventure à
Madagascar où il gère un établissement hôtellier.
Depuis cette période,
ce sont les investisseurs financiers qui ont repris
la main sur le projet Orange Art : ECL Com, Sigma et
Siparex. Jean-Paul Lafaye, l'un des actionnaires de
la web-agency via son fonds d'investissement ECL Com,
a pris les fonctions de PDG d'Orange Art en février
2001 et a nommé un nouveau directeur général,
David Laloum (ancien directeur de développement
chez Wunderman France) avec pour mission d'insuffler
un nouvel esprit.
Mais, le projet d'augmentation
de capital de 3,5 millions de francs (environ 533 000
euros), nécessaire pour relancer l'activité
d'Orange Art, s'est très vite retrouvé
contrecarré par les actionnaires minoritaires
et les membres de la première équipe dirigeante
de la web-agency. Grégory Quigon-Fleuret et Gille
Reale étaient en première ligne dans cette
résistance. Le fondateur et PDG historique de
l'agence et ancien son bras droit ont refusé
le plan de reprise proposé par Jean-Paul Lafaye,
estimant que la cession de leurs parts s'appuyaient
sur une valorisation trop faible : 1,3 million de francs
(environ 199 000 euros). "Nous
avions proposé une alternative : une augmentation
de capital sur une valorisation de 8 millions de francs
(1,2 million d'euros)", explique Grégory Quignon-Fleuret,
contacté la semaine dernière par le JDNet.
Jugé trop onéreux,
ce plan de substitution a été visblement
éludé par la nouvelle direction d'Orange
Art. "Jean-Paul Lafaye et les actionnaires n'ont
cherché qu'à prendre le contrôle
de la société à moindre prix",
tranche Grégory Quignon-Fleuret. L'ancien PDG estime
que avoir été victime de plusieurs représailles
après son refus de se soumettre au plan initial
de recapitalisation : licenciement brutal de son ancien
associé Gilles Reale de l'agence, interruption
soudaine d'un contrat de prêt et éviction
du conseil d'administration. Une version de l'histoire
sur laquelle l'équipe actuelle de direction d'Orange
Art, contactée à des multiples reprises
par le JDNet, n'a pas souhaité s'exprimer.
Pour tenter de débloquer
la situation, Orange Art est finalement placée
en redressement judiciaire en novembre 2001. Une situation,
certes périlleuse, qui a pour objectif de faciliter
une éventuelle reprise intégrale du contrôle
de la société. Depuis ce redressement,
l'équipe de la web-agency a assuré des
développements pour le compte de nouveaux clients
: refonte du site de Banque AGF, réalisation
du service en ligne Powernext, etc. Mais malgré
ces projets en portefeuille, la société
éprouve de grandes difficultés à
rassurer les clients
quant à sa solvabilité à moyen
terme. "Honnêtement,
je pense que les débats houleux entre les fondateurs
et la direction actuelle d'Orange Art ne constituent
qu'un épisode en arrière-plan puisque
la société est dans les mains d'un administrateur
judiciaire, estime un ancien collaborateur de l'agence.
Au bout du compte, Orange Art risque de fermer ses portes
et c'est réellement dommage." Premier élément
de réponse ce mardi.
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