Entreprises
Les cinq (gros) chantiers Internet de Vivendi-Universal
Le conseil d'administration de Vivendi-Universal se réunira mercredi et devrait aboutir à la révocation de Jean-Marie Messier. Son successeur devra régler de nombreux dossiers, dont ceux de l'Internet du groupe. --> (Mardi 2 juillet 2002)
         
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"Internet n'est pas seulement une révolution industrielle, comme l'a été celle des transports au début du siècle. C'est aussi une révolution politique : elle touche au pouvoir ; elle bouleverse les rapports de force. Par là, elle est profondément déstabilisatrice." Il est souvent cruel de ressortir des phrases anciennes : celles-ci datent de 2000 et figurent en page 199 de "J6M.com", le livre qu'avait signé Jean-Marie Messier. Cette "révolution déstabilisatrice" n'est évidemment pas la seule raison des bouleversements qui sont en train de se produire à la tête de Vivendi-Universal. Mais elle y a probablement concouru, tant Jean-Marie Messier s'est engagé personnellement dans cette stratégie et a entraîné sa société dans de nombreux et coûteux chantiers.

Au "Faut-il avoir peur de la nouvelle économie", sous-titre du livre en question (la réponse était non, évidemment), s'opposait en mars dernier la fameuse étude de Crédit Lyonnais Securities sur Vivendi-Universal, dans laquelle les deux analystes de la banque parlaient du "constat de l'échec, à ce jour, de la stratégie de convergence de VU". Si l'étude insistait sur l'échec de Vizzavi, elle estimait aussi qu' "il est stupéfiant de constater que, deux années après la déroute des dotcoms, les activités internet de VU continuent de détruire plusieurs centaines de millions d'euros chaque année".

En avril dernier, le JDNet avait épluché le rapport annuel 2001 de la société. Officiellement, l'Ebitda de la division Internet (l'équivalent de son d'excédent brut d'exploitation) ressortait en perte de 209 millions d'euros pour un chiffre d'affaires de seulement 129 millions d'euros. De plus, ce résultat ne tenait pas compte des pertes de Scoot.com (annuaire) et Vizzavi (portail de services mobiles), détenus respectivement à 22,4 % et 50 % par VU. Ces deux entreprises représentaient 291 millions d'euros de pertes Ebitda supplémentaires dans les comptes. L'ardoise est donc élevée et les dossiers à régler sont nombreux. Tour d'horizon de cinq d'entre eux.

Vizzavi. Ce devait être le socle de toute la stratégie, le symbole de la convergence tuyaux-contenus. Avec ce "portail multi-accés", dont l'idée a émergé lors du rapprochement avec Vodafone, Jean-Marie Messier annonçait son ambition - concurrencer Yahoo - et avançait ses atouts - les 80 millions d'abonnés des deux groupes. Omettant au passage de rappeler que ceux-ci étaient aussi bien clients du téléphone mobile que de l'eau ou d'autres services, et que les additionner revenait, comme le fit remarquer à l'époque un commentateur avisé, à mélanger les serviettes et les mouchoirs... Au bout du compte, la principale fonction de Vizzavi aura été d'aider Messier à convaincre les dirigeants de Seagram d'accepter la fusion avec Vivendi (même Rupert Murdoch se serait intéressé à Vizzavi, affirme J6M.com). Doté à sa naissance de 1,5 milliard d'euros (dont 750 millions venus de Vivendi), Vizzavi, lancé en juin 2000, ne peut revendiquer aujourd'hui que 7,5 million d'"utilisateurs enregistrés" pour l'ensemble des huit pays européens où il est présent. En avril dernier, le Financial Times affirmait que Jean-Marie Messier avait évoqué sa fermeture (Lire l'article du JDNet du 30/04/02).

Pressplay. C'était l'autre chantier symbole de l'aventure Internet du Vivendi de Messier. La plate-forme de musique en ligne, développée par Universal avec Sony, devait permettre le développement du téléchargement légal, donc payant. Problème : après Napster, les internautes sont loin d'être prêts pour ce type de service. Et les majors du disque n'ont pas réussi à s'accorder, Warner, EMI et BMG se lançant parallèlement dans le projet concurrent MusicNet. Résultat : ouvert en fin d'année 2001 aux Etats-Unis (Lire l'article du 20/12/01), PressPlay n'a toujours pas communiqué de résultats et son lancement en Europe a été repoussé à 2003.

Scoot. VU détiendrait 21,25 % du capital de la société britannique Scoot.com, qui édite l'annuaire professionnel Scoot au Royaume-Uni et qui vient d'être rachetée par BT (Lire l'article du 28/06/02). Le groupe contrôle également 100 % de Scoot Europe (implanté aux Pays-Bas, en Belgique et en France). Destiné à concurrencer des concurrents établis comme les Pages Jaunes de France Telecom, le service d'annuaires n'a pas réussi son pari et son propriétaire réfléchit à sa fermeture.

Viventures. La structure de capital-risque créée en septembre 1998 avait pour mission d'investir dans "des entreprises innovantes dans le domaine d'Internet et des télécommunications". Un premier fonds de 118 millions d'euros a pris des participations dans 49 sociétés. Un deuxième, ouvert en juin 2000, avait été doté de 630 millions d'euros par plus de quarante investisseurs, des acteurs financiers et industriels venus d'Europe, des Etats-Unis et d'Asie. Selon Les Echos.net, Viventures envisagerait de retourner à ses investisseurs une partie des fonds mis à sa disposition.

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Vivendi Universal Net. La filiale regroupe l'ensemble des activités Internet de Vivendi Universal (technologies, portails, services). Présidée par Philippe Germond, également PDG de Cegetel et directeur général ajdoint de VU, elle était dotée de deux directeurs généraux adjoints, Frank Boulben et Agnès Audier. Le premier, qui avait créé la structure en 1999, vient de quitter ses fonctions (Lire l'article du 06/6/02), laissant seule aux commmandes la seconde, ancienne directrice de la stratégie et du développement de Vivendi (et ex-directrice de cabinet de Jean-Pierre Raffarin lorsqu'il était ministre des PME). VUNet doit poursuivre et même accélérer la restructuration de l'Internet vivendiesque. Et les tâches ne manquent pas, notamment l'intégration de CanalNumedia, co-entreprise à 50/50 du groupe Canal Plus et de Vivendi Universal, qui contrôle les activités Internet de Canal Plus ainsi qu'AlloCiné). Une intégration aussi symbolique que délicate lorsque l'on se souvient que le Web avait été un sujet de discorde aigüe entre les dirigeants de Vivendi et Canal au plus fort de la vague Internet, en 1999, chaque groupe en revendiquant le contrôle. C'était il y a trois ans. Une éternité dans l'"Internet Age" évoqué par Jean-Marie Messier dans son livre, cet âge où "on est toujours dans l'urgence".

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[François Bourboulon, JDNet]
 
 
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