Fruit de l'actionnariat de
28 compagnies de taille mondiale, CPG Market figure parmi
les toutes premières places de marché verticales
dédiées à la grande distribution.
La structure, qui compte une petite centaine d'employés
basés en Suisse, a bénéficié
d'un investissement de 110 millions d'euros. Marie-Pierre
Rogers, directrice
générale de CPG Market, dresse un état des lieux
et revient sur les grands chantiers initiés par
la place de marché.
Le
nombre de clients et de fournisseurs "Nous
avons toujours 28 actionnaires, dont 24 industriels
et 4 partenaires de services et de technologie. Sur
nos 24 industriels, six sont des grands fournisseurs.
Nous avons donc concrètement une vingtaine de
grands acheteurs actifs à l'intérieur
desquels se trouvent plus de 600 acheteurs sectoriels.
Désormais, nous ne souhaitons plus intégrer
de nouveaux actionnaires mais nous restons ouverts à
tout nouveau client. En ce qui concerne les fournisseurs,
nous en dénonbrons près de 3 600,
dont plus de 90 % sont venus par les acheteurs.
De plus en plus, nous voyons des fournisseurs qui viennent
en direct mais cela reste encore largement minoritaire.
Les fournisseurs ne paient pas de droit d'entrée
et ils reçoivent une formation. Nous avons développé
pour eux un service support en cinq langues et nous
sommes en train de créer un portail pour les
petits fournisseurs afin qu'ils puissent consulter notre
site et interagir sans qu'il soit nécessaire
pour eux de faire une intégration avec la base
de données."
Les
volumes "Depuis l'entrée en activité
de la place de marché, c'est-à-dire depuis
mai 2001, nous avons vu passer pour 1,3 milliard d'euros
de transactions pour le e-sourcing. Il faut savoir qu'au
mois de mars dernier, nous n'étions encore qu'à
1 milliard d'euros. Cela montre bien l'accélération
de l'utilisation de l'outil à mesure que les
acheteurs apprennent à utiliser facilement la
place de marché. En moyenne, nos acheteurs réalisent
15 % d'économies sur des transactions classiques.
Les gains de temps sont aussi non négligeables.
Dernièrement, nous avons eu un appel d'offres
pour un contrat logistique sur trois ans. Il y a eu
43 fournisseurs qui ont fait une proposition. La préparation
classique d'un tel appel d'offres aurait pris quatre
mois. Nous avons fait le montage en 15 jours."
Le
business-model "Les tarifs que nous fixons
sont liés aux volumes de transaction. Nous faisons
une estimation des documents qui seront échangés
sur l'année et du nombre d'appels d'offres qui
seront passés pour fixer un prix. Celui-ci reste
minime en comparaison des économies réalisées.
En moyenne, le coût d'accès à la
place de marché et son utilisation représentent
moins de 10 % des économies que nous apportons
aux utilisateurs. Mais le e-sourcing ne représente
pas l'ensemble de nos revenus. Notre outil d'enchères
compte à hauteur de 35 % dans nos activités.
Le reste se répartit entre le RFI (Request
For Information), les appels d'offres et l'agrégation
des achats entre différents secteurs d'un même
groupe."
La
rentabilité "Nous prévoyons toujours
la rentabilité dans le courant de l'année
2003."
Le
développement international "Nous
ne souhaitons faire de développement en dehors
de l'Europe que si cela a un sens financièrement,
si nos acheteurs le demandent parce que c'est une nécessité
pour eux. Nous sommes en train de réfléchir
à un développement éventuel aux
Etats-Unis car certains de nos actionnaires, comme Nestlé
par exemple, ont de très grosses activités
là-bas. C'est une possibilité, mais pas
une obligation."
Les
derniers développements "Notre activité
de base, l'e-sourcing reste très présente.
Elle a été créée il y a
deux ans et désormais son activité est
intégrée au quotidien des grands groupes.
Il faut en moyenne 6 à 12 mois pour que l'un
de nos acheteurs maîtrise pleinement la place
de marché. A côté de cela, nous
développons d'autres outils à la demande
de nos clients et de nos actionnaires. Ils souhaitent
pouvoir analyser la performance de leurs fournisseurs,
obtenir des statistiques sur le sourcing et analyser
leurs activités sur la place de marché.
Tout cela sera disponible pour le dernier trimestre
2002. Enfin, nous allons implémenter trois grands
modules dans notre supply-chain : un hub pour connecter
les ERP de nos clients à leurs fournisseurs et
fabricants pour standardiser les échanges de
documents, un planning forcasting, c'est-à-dire
des modules de collaboration pour échanger des
informations en continu, et enfin nous allons mettre
en place un système d'optimisation logistique.
Nous allons déployer un service de e-fulfilment,
une solution logistique pour optimiser le transport
des marchandises."
La
vision du secteur des places de marché "Il
y a trois grands modèles de places de marché
qui ont un avenir. Ce sont d'abord les places de marché
industrielles, c'est-à-dire les places de marché
verticales qui sont financées par une industrie
et qui existent pour servir cette industrie. Les outils
de ces places de marché sont développés
spécifiquement pour cette industrie. Ces places
de marché visent au minimum l'équilibre.
Le deuxième modèle, ce sont les places
de marché avec une spécialisation très
pointue. Le cas d'Hubwoo est exemplaire. Il existe aussi
des places de marché logistiques qui sont une
réussite. Elles ne sont pas financées
par les industriels mais par des investisseurs privés.
Afin de se développer encore plus fortement,
je pense que leur intérêt est de former
des alliances avec des grandes places de marché
verticales. Enfin, le troisième modèle,
ce sont les places de marché privées qui
ont pour unique acheteur une société ou
un grand groupe. Ces places de marché sont la
continuité des ERP et existent le plus souvent
pour des produits très stratégiques, comme
l'emballage dans le secteur de la cosmétique.
Aujourd'hui, nos clients les plus avancés réalisent
entre 20 et 40 % de leurs achats par des places
de marché électroniques. Au maximum, cela
peut monter jusqu'à 50 % mais au-delà,
nous touchons aux produits stratégiques, monopolistiques
ou réglementés."
Les
difficultés actuelles de Covisint : symptomatique
du marché ? "Ce qui a desservi
les places de marché, c'est le manque de focus :
il faut avoir une offre et des ressources focalisées.
Pendant la période d'euphorie du secteur Internet,
les prestataires, les consultants et même des
places de marché en ont fait beaucoup trop sur
les possibilités offertes et ont promis monts
et merveilles. Aujourd'hui, tout le monde revient à
la raison et c'est parfois difficile. Dans le cas de
Covisint, je crois qu'ils se sont développés
trop vite dans l'attente de volumes faramineux qui ne
sont jamais venus. A cause de cela, les places de marché
sérieuses, qui ont eu une constance dans leur
stratégie, souvent grâce à leur
actionnariat, souffrent des erreurs des autres. Par
ailleurs, il ne faut pas perdre de vue qu'un système
de eS-sourcing nécessite 18 mois pour arriver
à maturité et être maîtrisé
par les différents acteurs."
|