Internet
a t-il provoqué la résurrection d'Abeille Musique.
A en croire les propos d'Yves Riesel, le gérant de
la PME éponyme, c'est un peu ça. Depuis sa création
en 1997, l'entreprise développe une activité de maison
de disques dédiée à la musique classique et de distribution
pour des magasins, profitant d'une exclusivité négociée
avec quelque 80 labels dans le domaine. Très vite,
le développement a présenté des risques d'insolvabilité.
"En 1999, j'étais criblé des dettes, au point d'envisager
le dépôt de bilan", raconte Yves Riesel, le gérant
de la PME. En septembre 99, il décide de lancer son
site de vente en ligne. Et les résultats deviennent
probants au fur et à mesure. Abeille Musique devrait
réaliser cette année un chiffre d'affaires de 4 millions
d'euros et dégager un bénéfice de 150.000 euros. Le
site génère 8% du chiffre d'affaires global de l'entreprise.
"L'année 2002 va être superbe pour nous : l'activité
en magasin marche bien, mais on aurait pas arriver
à ce résultat sans nos activités Internet", commente
Yves Riesel.
Sur son
site, Abeille Musique se veut exhaustif : il veut
à la fois proposer des disques et de l'éditorial.
Pour la première partie, l'entreprise dispose d'un
stock de 200.000 disques. "Nous avons une astuce à
ce sujet : nous avons convaincu près de huit labels
sur dix de nous confier leurs stocks en dépôt. Nous
rendons les invendus. Cette gestion dégage alors une
plus grosse marge que les autres disquaires, et que
nous réinvestissons une bonne partie dans le développement
de notre site." Sur trois ans, le montant s'élève
à 150.000 euros. D'après le gérant d'Abeille Musique,
l'atout principal est le prix attractif. "En cas de
vente de disques sur la base d'une TVA fictive de
5,5% ou à l'occasion de période de soldes, nous doublons
notre audience." Yves Riesel annonce avoir conquis
son 7000ème client particulier. Depuis le lancement
du site, 10.000 commandes ont été effectuées. Le panier
moyen se situerait autour de 53 euros. 80% des clients,
accrocs de la musique classique, effectuent de manière
récurrente des commandes. Quant à son activité BtoB
de distributeur, le site dédié - abeillemusique.biz
- est en jachère actuellement, renvoyant sur pro.abeillemusique.com.
"Nous allons le redémarrer en septembre prochain,
maintenant que l'Internet est plus ancré dans les
habitudes des professionnels", indique Yves Riesel.
Les
clients viennent pour l'achat de disques mais aussi
pour le contenu éditorial dédié. L'ancien dirigeant
du label de musique Naxos explique pourquoi il a pensé
à développer un web magazine. "Malgré notre souci
de diffuser une information de qualité aux amoureux
de la musique classique, nous nous sommes rapidement
rendus compte que l'édition papier d'un magazine revenait
trop cher. Celle-ci a été suspendue au bout de deux
ans. Avec l'aide d'un formidable informaticien et
webmaster, nous avons remonté un projet similaire
mais sur le Net." M. Riesel va même plus loin. "L'idée
principale est que la base de donnée musique classique
(références magasins, biographies, critiques) devienne
le coeur de notre activité en ligne. Et nous y parvenons".
Une partie de la documentation est issue de l'ancien
magazine, une autre provient des informations que
fournissent directement les labels à Abeille Musique.
Huit milles articles sont déjà référencés sur le site.
Les
prochains développements tourneraient autour de la
sortie de sous-sites thématiques : jazz.abeillemusique.com
et world.abeillemusique.com. A venir également, le
lancement de sites pour les labels internationaux
de musique classique qui ne couvrent pas le marché
français. Praga Digital et Timpani sont les deux premiers
à faire le pas. Abeille Musique envisage également
d'élargir au maximum le nombre de références catalogues.
Toutefois, il reste des sujets préoccupants comme
le remboursement des dettes. "Plus de 50% des bénéfices",
selon Yves Riesel.