Depuis leur départ d'IconMedialab
France en avril 2001, Romain et Mathieu Nouzareth, qui
avaient fondé la web agency WebConcept rachetée
en mai 99 par le groupe de prestations Internet suédois,
sont restés assez discrets. Ils ont pris le temps
de déterminer leur nouveau terrain de prédilection
: le téléchargement sur Internet de jeux
vidéos. Un marché de 1,5 milliard d'euros
à l'horizon 2006-2007, estime Romain Nouzareth.
"Le potentiel est énorme. Depuis 1999, le
marché des jeux vidéos dépassent
celui lié à l'industrie du cinéma",
s'exclame-t-il. Parallèlement, l'ensemble des
fabricants de console de jeux (Sega, Nintendo et la
nouvelle xBox de Microsoft) s'activent pour développer
leurs pendants Internet.
Pour
se préparer à cette nouvelle déferlante
pressentie dans le domaine du divertissement en ligne,
les deux frères Net-entrepreneurs ont créé
fin 2001 la société Cineticvision et développé
une plate-forme technologique d'intermédiation
entre les éditeurs de jeux vidéos et les
portails. L'offre packagée, baptisée Boonty,
est commercialisée en marque blanche auprès
des portails grands publics dans le cadre de leur stratégie
de divertissement haut débit. La
start-up a commencé à monter un catalogue
de jeux vidéos. Actuellement, elle dispose d'une
trentaines de licences issus de plusieurs éditeurs
(SmallRockets, Wild Taingent, Midas, Axiloft, etc.).
Romain Nouzareth indique que
la signature attendue d'accords stratégiques
avec des acteurs du marché plus importants devraient
permettre d'englober une centaine de jeux dans l'offre
Bounty. Pour le développement de la plate-forme
technologique, Cineticvision a fait appel à Cap
Gemini. La solution "middleware" dispose de
fonctionnalités liés à la gestion
clientèle, au reporting et à la gestion
des droits liés au contenu (digital right management).
Ce dernier point est fondamental pour rassurer les éditeurs
de jeux. "Nous avons acquis une technologie DRM
qui n'a pas encore été crackée.
Nous l'avons ensuite adaptée à nos besoins
spécifiques", explique Romain Nouzareth
qui souhaite rester discret sur l'origine de cet outil.
Pour l'hébergement du service
de téléchargement de jeux vidéos,
la jeune société a fait appel à
Colt Télécom. Quant aux jeux (les exécutables),
ils sont installés directement chez les clients
portails, "afin d'être au plus proche de l'utilisateur
final et assurer une meilleure qualité de service".
Les noms des premiers clients
portails sont communiqués : depuis le début
de l'été, Club-Internet propose à
ses abonnés haut débit un service de téléchargement
de jeux vidéos. Le service d'accès Internet
de T-Online propose deux jeux vidéos à
télécharger gratuitement. En règle
générale, une version démo est
mise en avant. Puis, les internautes sont invités
à payer soit en passant par un compte W-Ha (le
client est débité directement sur sa facture
d'accès), soit par cartes bancaires. Le câblo-opérateur
Noos devraît emboîter prochainement le pas.
Pariant sur un développement global de l'accès
Internet haut débit, Cineticvision souhaite proposer
ses services à l'échelle européeenne.
La prospection vers des marchés comme la Grande-Bretagne,
Allemagne et Espagne a commencé.
Le modèle économique
repose sur deux sources de revenus : les frais
d'installation des services de téléchargement
de jeux vidéos pour le compte des portails et
le partage des revenus d'exploitation. La redistribution
des gains est tripartite : le portail, Boonty et l'éditeur
de jeux vidéo.
Pour le lancement de cette
nouvelle activité, Romain et Mathieu Nouzareth
ont investi environ 550 000 euros, dont 200 000
à titre personnel. L'apport provient de la vente
des parts qu'ils détenaient dans IconMedialab
et qu'ils ont cédées à l'occasion
de l'échéance du lock up qui les liait
jusqu'en avril 2001 au groupe Internet suédois.
Le reste du financement provient de business angels
comme Philippe Mondan (fondateur du réseau de
produits de ventes culturels Extrapole), Nick Heys (fondateur
d'E-Mail Vision) ou David Lacey (ex-directeur financier
de l'opérateur télécom Completel).
Les frères fondateurs de Cineticvision détiennent
la majorité du capital (82 %). Une levée
de fonds est envisagée pour "accélerer
le développement des activités en Europe"
est envisagée. Dans ce cadre, Romain et Mathieu
Nouzareth ont présenté au début
de l'été leur dossier dans le cadre des
"Tremplins Entreprises", une manifestation
organisée par le Sénat pour soutenir les
projets "high tech". Mais, visiblement, les
nouveaux projets Internet semblent toujours faire fuir
les fonds d'investissement...
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