Moins de dix jours après
avoir annoncé que ses activités Internet
risquaient de ne pas atteindre les prévisionnels
2002, AOL Time Warner enfile sa tenue commando. La branche
AOL Europe, placée aux Etats-Unis sous la coupe
de Michael Lynton (le président d'AOL Time Warner
International), s'est dotée depuis hier d'un
nouvel homme fort. Philip Rowley, directeur financier,
devient le nouveau président et directeur opérationnel
d'AOL Europe. Il sera basé à Londres.
Une promotion qui "exfiltre" de l'organigramme
européen Stéphane Treppoz, jusqu'alors directeur
général d'AOL Europe. "Je vais me
focaliser exclusivement sur la France, explique ce dernier,
contacté par le JDNet. Le lancement de
l'illimité bas débit et du haut débit en France suffisent
déjà à remplir mes journées à Paris".
L'arrivée
de Philip Rowley
à la tête de la branche européenne
intervient alors que les à-coups se multiplient
depuis quatre mois chez AOL Time Warner. La nomination
en mai dernier de Richard Parsons, en qualité
de CEO groupe, s'est accompagnée du brusque aller-retour
de Robert Pittmann à la tête du pôle AOL. C'est
au final John Miller, transfuge de USA Interactive,
qui est devenu le nouveau patron d'AOL en août.
La semaine dernière, John Miller a présenté
le nouvel organigramme du groupe Internet. Un organigramme
qui se veut plus léger et qui est placé
sous la tutelle d'un comité opérationnel baptisé
"Senior Strategy Group".
Ce train de mesures souligne
l'urgence de la situation pour AOL. La feuille de route
de Philip Rowley est à ce sujet explicite :
redresser les positions d'AOL sur les marchés
britannique et -surtout- allemand et français.
Dans un communiqué, le nouveau président
d'AOL Europe indique que les activités britanniques
"sont les plus fortes sur le marché européen"
et qu'elles sont les premières "à
se rapprocher de la profitabilité".
Sans surprise, AOL Europe
reste donc dans le rouge. En mars dernier, le groupe
avait indiqué que le pôle européen
affichait un niveau de dettes de 573 millions de dollars,
accompagnés de 758 autres millions sous forme
d'actions remboursables. AOL Time Warner avait racheté
début janvier les 49,5% détenus par Bertelsmann dans
AOL Europe pour un montant de 6,75 milliards de dollars.
S'ajoute à ce tableau les 61,5 milliards d'euros
de dépréciation d'actifs issus de la fusion entre AOL
et Time Warner en janvier 2000.
Malgré sa position
de leader mondial de l'accès Internet, avec 35,1
millions d'abonnés dans le monde dont 6 millions
en Europe, AOL Time Warner est aujourd'hui contraint
d'agir vite pour rassurer les marchés. Des marchés
de plus en plus sceptiques face à la stratégie
industrielle du groupe et de plus en plus suspicieux
après l'enquête de la SEC.
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