Une histoire de timing.
Depuis le 23 septembre dernier, date d'expiration du
pacte d'actionnaires de Cegetel, les spéculations
vont bon train quant à l'avenir de l'opérateur
français. Au tour de la table, quatre acteurs :
Vivendi Universal (44 % du capital), Vodafone (15 %
de Cegetel et 20 % de SFR), BT (26 %) et SBC (15 %).
Hier,
les alliances au sein de la structure capitalistique
ont pris une nouvelle forme. Le britannique Vodafone
a annoncé qu'il avait conclu un accord avec BT
et SBC pour reprendre leur part dans Cegetel pour un
montant total de 6,27 milliards d'euros. Dans la foulée,
Vodafone a confirmé son offre pour reprendre
les 44 % détenus par VU pour 6,77 milliards d'euros.
Sur
le papier, cette annonce confère à Vodafone
56 % du capital de Cegetel. Sur le papier seulement :
jusqu'au 10 novembre prochain, VU dispose d'un droit
de préemption sur les participations de BT et SBC. Encore
faut-il que le groupe français soit en mesure
de surenchérir financièrement sur l'offre
de Vodafone.
En septembre dernier, Jean-René
Fourtou, le PDG de VU, avait souligné que le
dossier Cegetel serait "regardé sans sentimentalisme,
ni béret basque". Un aveu à peine masqué
sur l'étroitesse de la marge de manoeuvre sur
ce dossier : pour financer sa montée dans
le capital de Cegetel,
VU doit tout d'abord boucler la vente de son pôle
Publishing.
En abattant ses cartes trois semaines avant la fin du droit de préemption,
Chris Gent, le patron de Vodafone, bouscule le groupe français
dans sa stratégie de restructuration. Désormais,
deux grandes alternatives s'offrent à Jean-René Fourtou :
ou bien favoriser le désendettement avec la vente du pôle
Publishing (dont il espère tirer 3 et 4 milliards d'euros)
et laisser filer Cegetel et sa capacité de 2 milliards
d'euros d'autofinancement
par an. Ou bien prendre le contrôle de la "machine
à cash" Cegetel et céder dans la précipitation
VUP pour un montant moins attractif.
Depuis hier, une seule
certitude règne dans ce dossier : l'appétit
féroce de Vodafone envers Cegetel. La France
est le dernier grand pays européen où
l'opérateur britannique ne dispose pas d'une
tête de pont. A défaut de mouvement de
VU d'ici le 10 novembre prochain, le souhait de Chris
Gent pourrait devenir réalité.
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