Question : Je suis un opérateur
historique européen, mon action a perdu 90% de sa valeur
depuis mars 2000, mon endettement est massif, j'ai changé
récemment de président et celui-ci vient d'engager un
plan de redressement. Qui suis-je ? Pas France Telecom,
dont le nouveau président, Thierry Breton doit présenter
sa propre stratégie mercredi 4 décembre à son conseil
d'administration et le lendemain au public, mais son
homologue Deutsche Telekom. Le nouveau patron de l'opérateur,
Kai-Uwe Ricke, nommé en novembre, dévoile lui aussi
progressivement ses premières mesures.
Management.
Ancien responsable de T-Mobile, la filiale mobiles de
Deutsche Telekom, Kai-Uwe Ricke a été nommé à la présidence
du directoire de l'opérateur quatre mois après le limogeage
de Ron Sommer par le gouvernement, actionnaire majoritaire
de la société. Entre-temps, Helmut Sihler avait assuré
la transition en tant que président par intérim, dans
l'attente des résultats des élections législatives.
Sa première mesure
a consisté en un remaniement du directoire ayant pour
but de donner davantage de poids aux quatre filiales
du groupe. Ainsi, Thomas Holtrop, le responsable de
T-Online (filiale Internet) et Rene Obermann, celui
de T-Mobile, y ont fait leur entrée alors qu'en sortaient
le directeur de la stratégie, Max Hirschberger, et le
directeur de l'international, Jeffrey Hedberg. Par ailleurs,
Josef Brauner, membre du directoire en charge de T-Com
(téléphonie fixe), a aussi pris la responsabilité de
T-Systems (services informatiques).
Stratégie.
Kai-Uwe Ricke s'est engagé à ramener l'endettement de
Deutsche Telekom de 64 à 50 milliards d'euros d'ici
à la fin de 2003, à l'aide de cessions d'actifs, d'une
amélioration du cash flow et de la suppression du dividende
2002. La première grande opération a concerné la filiale
Internet. Deutsche Telekom vient de récolter 610 millions
d'euros en vendant 8% de T-Online à des investisseurs
institutionnels (soit 100 millions d'actions à 6,10
euros pièce).
Deutsche Telekom
ne détient plus que 73,5% de T-Online, premier fournisseur
d'accés européen, qui contrôle notamment Club-Internet
en France (par comparaison, France Telecom contrôle
73,2% de Wanadoo). Et l'opérateur a précisé avoir
l'intention de conserver une majorité d'au moins 51%
dans T-Online, ce qui laisse présager de nouvelles cessions
de parts.
Mais le nouveau
président de Deutsche Telekom veut faire reposer la
société sur ses "quatre piliers" (communications filaires,
comunications mobiles, Internet et services). Il a notamment
indiqué que T-Online, demeurait un élément essentiel
de sa structure (la filiale a affiché un Ebidta positif
de 15 millions d'euros au premier semestre, en avance
sur les prévisions).
La baisse dans
le capital de T-Online n'exclut pas une stratégie offensive
dans l'Internet, puisque Thomas Holtrop affirmait récemment
dans une interview aux Echos, "surveiller le marché
à l'affût de la bonne cible" et ne cachait pas son intérêt
pour l'italien Tiscali. En revanche, Kai-Uwe Ricke a
déjà affirmé qu'il ne souhaitait pas vendre ses activités
(déficitaires) de téléphonie mobile aux Etats-Unis.
Mais il prépare en revanche la vente d'ici la fin de
l'année de ses actifs dans la télévision par câble et
dans l'immobilier.
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