Désormais
chez France Télécom, le Wi-Fi n'a de drôle
que le nom. Finies les bidouilles avant-gardistes, le
dossier est aujourd'hui piloté au plus haut niveau.
Hier, pour le lancement officiel du programme "haut
débit sans fil et nomade", étaient
mobilisés Thierry Breton, PDG de France Télécom,
Didier Quillot, vice-président d'Orange France,
et Olivier Sichel, président de Wanadoo. On ne
rigole plus avec le Wi-Fi : d'ici quelques mois, cette
nouvelle technologie d'accès devrait s'irradier
dans la plupart des métiers de l'opérateur.
"Le
Wi-Fi est une prolongation de l'accès Internet,
tout comme les téléphones sans fil domestiques
l'ont été pour la voix au cours des années
80, explique d'emblée Thierry Breton, qui dispose
à domicile d'un hotspot privé. Il ne faut
donc pas chercher à confronter le Wi-Fi avec
le GPRS ou l'UMTS, comme le font certains un peu trop
rapidement. Le Wi-Fi s'inscrit au contraire dans la
continuité de l'ADSL : il ne s'agit pas d'un
réseau mais d'une nouvelle offre d'accès."
Cette
nouvelle offre d'accès devrait, schématiquement,
se répercuter sous trois formes commerciales.
Tout d'abord au sein d'Orange France, qui sera en charge
du déploiement des hotspots publics dans les
lieux à forte fréquentation (gares, aéroports,
hôtels
). La filiale mobile intégrera
une offre d'accès Wi-Fi dans son portefeuille
de forfaits, le paiement étant directement répercuté
dans la facturation du mobile classique si l'utilisateur
est un abonné Orange. Des offres de type prépayé
devraient également être proposées.
"Dans quinze jours, à l'occasion du GSM
World Congress de Cannes, explique Didier Quillot, nous
dévoilerons notre tarification Wi-Fi et nos prétentions
en matière de hotspots. Mais je peux d'ores et
déjà vous dire que France Télécom
devrait figurer, avec ce plan, parmi les leaders du
marché Wi-Fi européen."
Autre
forme commerciale attendue du Wi-Fi : l'accès
Internet grand public. Cette fois, c'est Wanadoo qui
s'y colle avec le lancement programmé de modems
ADSL équipés en Wi-Fi. Grâce à
ce boîtier, les abonnés pourront profiter
d'un accès Internet à haut débit
dans toutes les pièces, dans toutes les positions
et même dans la jardin. "C'est une nouvelle
offre qui va dans la logique de l'ADSL, estime Olivier
Sichel, président de Wanadoo. Avec l'essor des
ordinateurs portables et, à terme, des Web-tablettes,
le Wi-Fi permet de donner une nouvelle dimension à
l'accès Internet." (lire le
trois questions à
Olivier Sichel)
La
dernière famille d'offres commerciales concernera
l'activité entreprises de France Télécom.
Il s'agit de proposer aux PME, aux grands comptes, aux
campus universitaires ou aux hôpitaux des solutions
clés en main de hotspots privatifs. "Les
principaux enjeux pour cette famille de clients, note
Jean-Jacques Damlamiam, directeur exécutif en
charge de la technologie et de l'innovation, sont la
sécurité sur les informations échangées
et la capacité à assurer des connexions
multiples." D'ici la fin de l'année, les
branches entreprises de France Télécom
(Oléane, Transpac et Equant) devraient lancer
ces nouvelles offres.
Pour
accompagner le marché du Wi-Fi, France Télécom
compte s'appuyer sur toute une série de partenaires
: équipementiers, SSII, WISP, chaînes d'hôtels,
aéroports
"Nous ne sommes pas dans
un modèle start-up, prévient Jean-Jacques
Damlamiam. Nous voulons développer un écosystème
stable et durable et mettre en place un marché
additif." Avec un coût moyen de 10 000 à
20 000 euros par hotspot installé, le budget
dédié au Wi-Fi chez France Télécom
ne devrait pas dépasser les quelques centaines
de millions d'euros.
"Contrairement
à l'UMTS, nous sommes avec le Wi-Fi dans une
logique de déploiement incrémental, souligne
Thierry Breton. Il ne s'agit pas d'ouvrir un nouveau
réseau national. Il s'agit d'élargir une
offre au fur et à mesure de la demande."
Mais pour que cette demande décolle, France Télécom
devra s'en remettre à d'autres acteurs : les
constructeurs informatiques, maîtres du temps
en matière d'intégration Wi-Fi dans les
nouveaux ordinateurs portables ou PDA.
Une
fréquence à l'abandon à cause
des fours à micro-ondes...
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Outre
la différence de débit (5 Mb/s en
pratique pour le Wi-Fi contre 1 Mb/s pour l'UMTS),
le Wi-Fi se singularise sur le plan financier de
l'UMTS par l'absence de licence. Une différence
de poids, les licences UMTS ayant été
concédées en France pour 553 millions
d'euros, auxquels s'ajoute un pourcentage pris sur
les revenus générés. Cette
absence de licence sur le Wi-Fi est due aux fours
à micro-ondes. "Les fréquences
utilisées par le Wi-Fi sont dans le même
spectre que celles des micro-ondes, explique Jean-Jacques
Damlamiam, directeur exécutif en charge de
la technologie et de l'innovation chez France Télécom.
Or, à la fin des années 70 et au début
des années 80, les premiers fours à
micro-ondes n'étaient pas très étanches
et parasitaient complètement ces fréquences.
Du coup, personne ne s'est intéressé
à ces longueurs d'ondes. Elles sont restées
complètement libres et n'ont jamais été
monétisées." De quoi relancer
le débat sur la nocivité des terminaux
et des relais mobiles... |
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