Ancien PDG de Vivendi Universal
Publishing (VUP), Agnès Touraine a été
nommée le 28 mai au conseil d'administration
du voyagiste britannique Lastminute.com, où elle
est "non-executive director". Parallèlement,
elle vient de créer, avec Emmanuel Schalit et
Alexandra Ananides, sa propre firme de conseil, baptisée
Act III Consultants. Elle s'explique sur sa nomination,
ses projets et ses objectifs.
JDN.
Pourquoi Lastminute et pourquoi vous?
Agnès Touraine. Lastminute est une société
leader sur le secteur des voyages en Europe sur le Web.
Lastminute réalise une croissance incroyable, son management
est très grande qualité et il y a encore beaucoup de
choses à faire dans son secteur. Je suis membre du conseil
d'administration en tant qu'administrateur indépendant.
En Grande-Bretagne, la loi sur la corporate gouvernance
oblige les conseils d'administration à avoir ce type
de membres, et la plupart des conseils ont aussi un
président indépendant. Je crois que c'est une règle
intéressante car cela renforce la qualité des conseils
d'administration, qui deviennent des organes réellement
efficaces. J'ai assisté à mon premier board la semaine
dernière et ce qui m'a frappé, c'est qu'il s'agissait
d'un vrai conseil, que les discussions y étaient poussées.
C'est plutôt vertueux ... Ma valeur ajoutée ne repose
pas sur une connaissance particulière du tourisme mais
plutôt sur une connaissance de la France et d'un certain
nombre d'autres pays ainsi que du on-line. Or le véritable
défi des sociétés à très forte croissance, notamment
dans les business en ligne, est l'internationalisation.
Lastminute correspond à une vraie demande, le marché
y croit, sa pénétration augmente vite, mais elle fait
face à une concurrence importante, notamment coté américain.
Vous
venez de créer votre société, Act III Consultants ?
Quel est son objet ?
Elle s'appelle Act III, d'une part parce que nous sommes
trois partenaires fondateurs, mais surtout parce que
nous conseillons les sociétés dans leur troisième phase
de croissance, celle que nous appelons le rebond de
croissance. Il y a eu la phase du développement, celle
de la récession et aujourd'hui, il faut faire repartir
les moteurs, ce qui passe à notre sens par l'établissement
d'un "diagnostic de croissance" et la construction d'une
plate-forme pour la favoriser. Les années à venir n'auront
rien à voir avec celles que nous avons connues : aujourd'hui,
les sociétés doivent réfléchir à leur développement
dans un environnement hostile. Pour l'instant, nos clients
sont surtout des médias et des fonds d'investissement,
mais notre cible est plus généralement le BtoC.
Votre
expérience chez Vivendi Universal a-t-elle altéré votre
intérêt pour Internet et les nouvelles technologies
en général ?
J'ai quitté Hachette en 1995 pour créer Liris Interactive
chez Havas, donc cet intérêt est ancien. J'ai participé
à la création de services aussi différents que Cadres
Online, Education.com ou Flipside. Je reste persuadée
que les services en ligne ont un intérêt dès lors qu'ils
ont la valeur pour le consommateur. On le voit bien
aujourd'hui avec les formidables modèles de croissance
que peuvent être eBay, Dell, Expedia
ou Lastminute.
J'ai accepté l'offre de Lastminute car je crois toujours
qu'il y a des modèles qui marchent sur Internet et je
ne veux pas participer à l'actuel concert d'enterrement.
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