Une activité exploitée
historiquement par les grands opérateurs télécoms,
celle des annuaires en ligne, est actuellement au centre
de grandes manoeuvres capitalistiques. Les diverses
opérations et cessions de participation touchent
la plupart des grands pays européens.
Italie
Dernière opération
recensée : le 11 juin, Telecom Italia
a annoncé la cession des parts détenus
dans sa filiale Seat Pagine Gialle (soit 61,5%
du capital) pour un montant portant sur 3,04 milliards
d'euros à un consortium de fonds mené
par BC Partners et qui comprend CVC Capital Partners
Ltd., Investitori Associati et Permira. Telecom Italia
a communiqué sur une valorisation de Nuova
Seat équivalente à 5,65 milliards
d'euros. Les sociétés d'investissements
reprendraient à leur compte une dette globale
de 708 millions d'euros de Seat Pagine Gialle, qui va
adopter la dénomination Nuova Seat à l'occasion
du changement de propriétaire. Le consortirum
reprend les activités annuaires avec ses services
d'assistance et la partie information professionnelle.
Quant à la partie média et Internet, elle
resterait dans le giron de l'opérateur télécom.
Avec cet accord, Telecom Italia
tient à montrer aux marchés financiers
sa volonté de réduire son endettement
global. La vente de Seat Pagine Gialle, qui reste à
valider auprès des autorités anti-trust
italiennes, devrait lui permettre de réduire
de 3,74 milliards d'euros ses pertes nettes "en
phase avec les obnjectifs pré-établis".
Allemagne
: Fin mai, T-Online International,
filiale internet de Deutsche Telekom, a annoncé
la cession de sa filiale d'annuaires en ligne T-Info
à sa maison mère pour un montant d'environ 86 millions
d'euros. Un montage financier qui devrait permettre
à T-Online d'afficher un gain de 24 millions
d'euros dans ses comptes du deuxième trimestre 2003.
La manoeuvre s'inscrirait dans un processus à
plus long terme : DeTeMedien, la filiale d'annuaires
et de pages jaunes de Deutsche Telekom qui va reprendre
les activités de T-Info, pourrait elle-même être
vendue afin de favoriser le désendettement de
l'opérateur allemand (64 milliards d'euros de dettes).
Pays-Bas
En
novembre 2002, KPN avait procédé
à un désengagement similaire du monde
des annuaires : l'opérateur télécom
a cédé sa filiale dédiée
TeleMedia Nederland à un consortium mené par
le groupe de capital-investissement 3i et Veronis Sulher
Stevenson. Montant de l'accord : 500 millions d'euros.
TeleMedia est l'une des principales sociétés d'annuaires
des Pays-Bas. Elle édite des annuaires pages blanches
et pages jaunes dans 50 éditions régionales différentes
sur papier, sur CD-Rom et sur Internet. Un dossier qui
avait intéressé à l'époque...
Wanadoo. Mais l'offre de reprise avait été
jugé trop faible.
Grande-Bretagne
En remontant encore dans le
temps, BT (ex-British Telecom) avait été
précurseur dans ce grand brassage des annuaires
: en mai 2001, l'opérateur britannique s'était
séparé de sa division annuaires professionnels,
qui avait été rachetée par un consortium
d'investisseurs (Hicks, Muse, Tate & Furst et Apax Partners)
pour un montant de 2,1 milliards de livres (3,33 milliards
d'euros). En 2002, la nouvelle entité devenue
Yell a réalisé un chiffre d'affaires de 14,8
millions de livres, soit une hausse de 39% par rapport
à l'année précédente, lui permettant
de dégager un Ebitda de 200.000 livres. Va-t-on assister
à un retour de manivelle ? Yell s'attend maintenant
à faire face à la concurrence de... BT, qui a racheté
le service Scoot en août 2002 et prévoit un chifre d'affaires
de 100 millions de livres en 2005 sur cette activité.
France
Avec
la chaude actualité liée aux activités
des annuaires en Europe, il est difficile de ne pas
évoquer le cas des Pages Jaunes de Wanadoo.
Des rumeurs de cession reviennent fréquemment.
En mars, à l'occasion d'une réorganisation
structurelle de la filiale Internet de France, Franck
Dangeard, directeur exécutif de France Telecom et membre
du conseil d'administration de Wanadoo, affirmait n'avoir
"aucune information et aucun commentaire à faire à ce
sujet". A l'époque de ces déclarations,
Les Echos estimait que, si cession il y a, elle
ne pourrait pas intervenir avant juillet 2003. Un contrainte
de timing dûe à un engagement pris à
l'occasion du rapprochement des activités FAI
de Wanadoo et des services annuaires de Pages Jaunes
survenu en 2000. A cette époque, Wanadoo avait
obtenu un report du paiement de l'impôt sur les plus-values.
En contrepartie, Wanadoo devait conserver ses titres
pendant trois ans. L'article des Echos précisait
que, si le groupe FAI décide de passer outre,
sa maison-mère France Télécom risquait
"le paiement d'un montant d'impôt très significatif".
Compte tenu de la priorité accordée au
désendettement de France Télécom,
on comprend qu'il est urgent d'attendre. Mais juillet
approche à grands pas.
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