Les éditeurs de plate-formes
d'échange peer-to-peer ont décidé la semaine dernière
de mettre en uvre un lobbying en bonne et due forme,
afin de défendre leurs intérêts et leur droit d'exister.
Cette annonce fait suite à la décision de la RIAA de poursuivre
directement les utilisateurs qui se servent de ces plate-formes
pour échanger des fichiers protégés par un copyright
(Lire l'article
du JDN du 26/06/03). Dans cette optique, Grokster
et Limewire ont déclaré que plusieurs services peer-to-peer
allaient constituer une coalition dans les deux prochains
mois. Selon un membre de cette coalition, une initiative
comparable est en train de voir le jour en Europe.
C'est
l'espagnol Pablo Soto, développeur du réseau Blubster,
qui a divulgué les projets de lobby européen. Les entreprises
qui y participeront devraient travailler en étroite
collaboration avec leurs homologues américaines, afin
de faire entendre leurs voix auprès du Congrès et de
la Commission européeene. Pour l'instant, on ne sait
pas encore le nom de toutes les sociétés impliquées.
Aux Etats-Unis, le président
de Grokster, Wayne Rosso, s'est exprimé dans le Washington
Post. "Le problème, a-t-il protesté, c'est que les législateurs
nous jugent sur la base de fausses informations, véhiculées
par la RIAA et la MPAA (Motion Picture Association of
America)", qui représentent l'industrie musicale et
cinématographique et accusent les réseaux peer-to-peer
d'être les principaux responsables de la chute des ventes
de disque, et de violer les lois du copyright. Selon
une étude de NPD Group, la moitié des ventes perdues
serait imputable aux échanges de fichiers sur Internet.
"Les détenteurs de copyright
ont besoin d'être payés et nous croyons clairement en
la loi sur le copyright, a-t-il ajouté. Mais nous ne
voulons simplement pas qu'il en soit fait un usage abusif,
ni que les droits des utilisateurs soient bafoués."
Le principal argument avancé par les Kazaa et autres
Limewire pour se défendre réside dans le fait
que la technologie peer-to-peer n'est pas réservée à
un usage illégal, mais peut aussi servir à partager
des données légales. C'est d'ailleurs ce qui est ressorti
du jugement qui a épargné la fermeture à Grokster en
avril (Lire l'article
du 29/04/03).
Aujourd'hui, les bonnes
intentions affichées par les plate-formes d'échange
envers l'industrie du disque et les droits d'auteur
ne convainquent qu'elles-mêmes. Selon le président de
Public Knowledge, un groupe de soutien à l'usage légal
de ces logiciels, "S'ils se contentent de dire que le
peer-to-peer, c'est bien, sans reconnaître les problèmes
de piratage, je pense que ça ne marchera pas". La coalition
en train de se former suffira-t-elle à inverser
la tendance et convaincre les sceptiques?
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